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EAN : 9782266322959
240 pages
Pocket (07/04/2022)
3.82/5   167 notes
Résumé :
La Mer Noire, c’est cette Roumanie où elle est née, ce « coin pourri d’Europe » gangrené par le racisme et la honte.
Les Grands Lacs, c’est ce Congo supplicié, le pays de ce père qu’elle n’a jamais connu. Parce qu’elle ne se sent nulle part à sa place, Nili se met en quête de ses racines.

A son enfant à naître, la jeune métisse raconte son voyage – ce long voyage d’une barbarie à l’autre, d’une tyrannie à l’autre – où elle retrace le fil des o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
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Plonger dans la lecture de la Mer Noire dans les Grands Lacs, c'est souffrir beaucoup et se désespérer devant tant de méchanceté et de crimes perpétrés par ces êtres que l'on dit humains.
Annie Lulu, pour son premier roman, affiche un goût exquis pour plusieurs langues, du roumain au kiswahili ou au lingala, en passant par le français, bien sûr. Elle qui est née à Iași, en Roumanie, d'un père congolais et d'une mère roumaine, exprime beaucoup de son vécu sans hésiter à s'en écarter pour les besoins du roman. C'est émouvant, déconcertant, très intriguant parfois. En tout cas, impossible de rester indifférent.
L'autrice donne ainsi la parole à Nili Makasi, née aussi à Iași, et qui, enceinte, s'adresse à son fils encore dans son ventre pour lui dire tout son amour et surtout lui parler.
Nili se trouve à Bukavu, au Congo, et commence à raconter tout ce qu'elle a subi, grandissant auprès d'une mère, Elena, qui ne voulait pas de cet enfant. Nili n'oubliera jamais cette phrase prononcée plusieurs fois par sa mère, entendue pendant son enfance : « J'aurais dû te noyer quand t'es née, j'aurais dû t'écraser avec une brique. » Réjouissant et très encourageant pour cette fille qui va grandir dans la Roumanie du Conducâtor, copain des dictateurs comme le maréchal assassin à la tête du Congo.
Justement, de ce Congo, ex-Zaïre, sont venus de nombreux étudiants comme Exaucé Makasi Motembe, le plus beau, le plus intelligent qui séduit cette belle jeune fille en première année de lettres à l'université. C'est lui le père de la narratrice qui est donc métisse. Cela lui vaudra quolibets, insultes que sa mère supporte mal et tente d'ignorer.
Quand la révolution roumaine amène le capitalisme, comme l'écrit Annie Lulu, Exaucé est contraint de rentrer au pays d'où il écrit de nombreuses lettres, d'abord à Elena puis à sa fille. Hélas, cette mère, prof de lettres à l'université, cache tous ces courriers à Nili qui, lorsqu'elle demande « Où est mon papa ? » subit une correction infligée par sa mère.
Puis, au fil des pages, la narratrice va d'une époque à l'autre, de Iași à Bucarest puis Paris où Nili commence à travailler sur sa thèse. Si elle se sent bien là, rien n'est simple car souffrances, douleurs, pessimisme abondent, ce qui rend ma lecture difficile, voire pénible.
Obsédée par la recherche de son père, Nili apprend le lingala car elle veut aller au Congo pour tenter de retrouver ce Makasi – mot qui, en lingala, signifie fort, puissant – ce père dont elle ne se souvient pas mais dont elle commence à retrouver des photos et dont elle insère quelques lettres retrouvées.
Comme des respirations, ces lettres me font le plus grand bien car elles permettent de connaître un peu mieux Exaucé Makasi et surtout commencer à comprendre ce qui s'est passé.
Allant au bout de sa quête, Nili Makasi abandonne ses études et part pour Kinshasa, ignorant par la même occasion la proposition de sa mère qui lui a trouvé un poste de professeure à l'université de Bucarest.
Si, à son arrivée sur le sol africain, elle ne reconnaît pas le Kinshasa des vidéos et des clips, elle est par contre très bien accueillie par sa grand-mère, ses tantes, ses oncles, ses cousines, toute la famille rassemblée. Elle retrouve même la chambre de son père, quelques objets familiers avant d'être plongée dans le désastre causé par la colonisation aux conséquences toujours bien réelles.
C'est un tableau réaliste, trop vrai et terrible que dresse l'autrice dans une écriture qui enfle, grandit, déborde et remue beaucoup. Nili va à Goma où son père est né. Elle est accueillie par Koffi, son oncle, dont la fille, Myiesi, va entraîner Nili dans la lucha, ce mouvement citoyen né à l'est de la République Démocratique du Congo, en 2012.
C'est là qu'Annie Lulu rend hommage à Luc Nkulula, jeune homme très engagé dans ce mouvement contestataire, réclamant pacifiquement des améliorations dans la vie quotidienne pour tous les Congolais. Hélas, la répression sévère, violente, a des conséquences dramatiques.
Au passage, Annie Lulu ressort de l'ombre les héros de l'indépendance de plusieurs pays africains : Thomas Sankara au Burkina-Faso, Samora Machel au Mozambique, Kimpa Vita dans ce qui deviendra l'Angola, au XVIIe siècle, Kwame Nkrumah au Ghana, Amilcar Cabral en Guinée-Bissau et au Cap-Vert, et surtout Patrice Emery Lumumba au Congo.
Dans un glossaire très instructif, en fin d'ouvrage, Annie Lulu précise le sens de nombreux mots cités dans son livre, qu'ils soient empruntés au roumain ou au lingala ou encore au kiswahili, plus de très instructives références historiques. La Mer Noire dans les Grands Lacs qui a reçu le Prix Senghor, le Prix Louis Guilloux 2021 et le prix de la littérature de l'exil tout en étant finaliste du Prix Orange du livre, a été une lecture âpre, déconcertante, mais aussi enthousiasmante par moments.
Le réalisme de l'autrice est tellement prégnant qu'il en est souvent démoralisant. Aux côtés de Nili Makasi réunissant une partie du vécu d'Annie Lulu, j'ai beaucoup appris et je remercie Babelio ainsi que les éditions Pocket pour cette lecture fondamentalement originale.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Tout d'abord , un grand merci à Pocket poche et à toute l'équipe de babelio qui , par l'intermédiaire d'une masse critique privilégiée , m'ont permis l'accès à un premier roman de très grande qualité pour lequel , on le verra , il faut être prêt à vivre plus de 200 pages sans le moindre sourire ou presque . Dur , c'est dur psychologiquement , dur mais si brillamment exposé par un style de haute précision, poétique ou brutalement réaliste que l'épreuve qui nous attend trouvera dans la puissance des mots et des phrases un retentissement incroyable ... supportable ?
Roumanie . Ceaucescu vient de quitter le pouvoir tyrannique de la façon que l'on sait . Nili voit le jour . Fruit d'une brève relation entre Elena , grande " ponte " universitaire et Makasi, un jeune étudiant congolais reparti " au pays " , les étudiants africains n'étant plus les bienvenus ...
Pour Nili , superbe métis,la vie , c'est le racisme , les injures , les menaces , désintérêt d'une mère plus qu'indifférente, terriblement méchante, odieuse et seulement intéressée par la réussite sociale de sa fille . Nili va rejeter ce " monde pourri " pour partir à la recherche de ce père qui l'a abandonnée....Via Paris , ses pas la mèneront vers ce Congo qui ne le connaît pas et dont elle ne sait rien .
Quête des origines , sorte de " chemin " vers ...la route sera longue , semée d'épreuves...
La narratrice , c'est Nili et son récit sera d'autant plus émouvant qu'il ne s'adresse pas au lecteur mais au fils qui grandit dans son ventre et à qui elle veut proposer " une vie meilleure " . Ce " dialogue " avec " l'enfant à naître " est de toute beauté malgré, sans doute quelques longueurs . La vie de Nili se raconte en parallèle avec l'histoire de ces pays " mouvants " qu'ont été, que sont encore la Roumanie et le Congo . Livre d'histoire , livre de comportement sociétal, livre de relations humaines , livre d'amour ou d'amours , livre de pudeur des sentiments ...Entre indifférence, méchanceté ici et violences et traditions par là, on se sent en permanence secoués par le monde extérieur. Présent, passé , avenir , la course vers un monde meilleur ne déploie jamais ses ailes vers le " bon côté " ....L'avenir , peut - être, même si la toute dernière phrase du livre ....
Je n'aurais jamais acheté ce roman sans cette agréable proposition , acceptée après avoir trouvé une " présentation " attirante , il faut bien le dire . Je ne regrette pas d'avoir " posé ma candidature " et je mesure la valeur littéraire et intellectuelle du cadeau qui m'a été fait . Un récit enrichissant . Une belle découverte commencée hier soir et terminée cet après- midi .....Que dire de plus ? Que l'on risque de retrouver Annie Lulu dans un avenir proche .? Ce ne serait pas une mauvaise nouvelle pour moi ...et pour nombre d'entre vous , j'espère. A bientôt chères amies et amis .
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« J'aurais dû te noyer quand tu es née, j'aurais dû t'écraser avec une brique »

C'est avec ces mots d'une grande violence que commencent les confidences de Nili, née en Roumanie d'une mère professeur de lettres à l'université et d'un père congolais. Ces confidences sont destinées à son fils, encore à l'abri des vicissitudes de la vie dans l'utérus maternel. La naissance imminente induit une nécessité de dire tout ce qui a été tu pendant de longues années.

Et c'est ainsi que l'on découvre l'enfance tragique de la jeune femme près d'une mère qui avoue clairement son rejet, et ne s'intéresse à cette enfant métisse qu'en tant que future universitaire, consacrant donc son éducation à l'apprentissage sans répit des bases d'une future carrière.

La préparation de sa thèse fournira à la jeune femme l'opportunité de fuir cette mère indigne, et d'entreprendre lors de son séjour à Paris une recherche désespérée de ses origines.


Ce premier roman est écrit avec une maestria remarquable, la langue charrie poésie et violence, les faits sont énoncés sans tabou, mais sans rancoeur. Il s'agit moins d'un réquisitoire que de la volonté de se ré-approprier ce qui lui a été volé, son identité et ses origines.

C'est brillant, tant sur le plan du style, de l'usage des mots que de l'art de mêler l'Histoire à l'histoire.

Premier roman remarquable.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« L'entêtement de la vie »

Je tiens tout d'abord à remercier de tout coeur babelio et les éditions POCKET pour ce cadeau à l'occasion d'une opération masse critique privilégiée. En effet, ce roman trouve une place d'honneur dans ma bibliothèque de culture roumaine et dédiée à la Roumanie.
Si j'ai apprécié (beaucoup même) cette lecture, je ne peux en revanche pas dire que cela a été un coup de coeur : le vocabulaire qui dans la violence, justifiée, glisse parfois vers le vulgaire m'a déplu, m'a mise mal à l'aise. Un certain lyrisme exacerbée aussi. Mais ce premier roman a des qualités indéniables. J'avais très envie de lire ce livre et je ne suis pas déçue. Loin de là.
Dans un entretien (sur France Culture je crois) Annie Lulu fait remarquer la parenté de son roman avec la poésie : « Au départ Nili est née dans des vers de poésie. C'est un personnage qui a émergé à travers des images et qui, petit à petit, a pris chaire, a pris corps, sous forme d'une sorte de rencontre vocale entre elle et moi. Elle a eu envie de m'accompagner, j'ai eu envie de lui donner naissance, mais je ne m'attendais pas à cette vie-là. Ce qui était possible avec la voix de Nili, la figure qu'elle représentait, c'était de pouvoir faire un voyage intérieur. » Et quel voyage ! Elle sonde les profondeurs de l'âme avec justesse et même une certaine tendresse dissimulée derrière la colère.
Ce n'est apparemment pas une autofiction, mais un récit fondé sur l'imagination, à cette exception près : Annie Lulu est elle aussi d'origine roumaine et congolaise. Je ne connais pas assez l'Afrique dont elle parle, mais je peux dire que la Roumanie qu'elle évoque a bel et bien existé de la sorte. Bucarest, cette « ville fantôme dans la salle d'attente mortuaire de l'Occident » (cf. p. 39 de l'édition Pocket) je l'ai aussi connue sous ces aspects là.
Que dire d'autre ? J'ai aussi apprécié le côté « chant de révolté » de cette ode à l'amour filial ou les multiples références littéraires.
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Salué par le Prix Senghor du premier roman francophone et francophile 2021 et le Prix de la littérature de l'exil, « La mer Noire dans les Grands lacs » est le premier roman d'Annie Lulu.
Ce n'est pas une autobiographie mais l'auteure et son héroïne partagent de nombreux points communs, en particulier, leurs racines roumaines et congolaises, leur profession et leur amour pour la littérature et les livres.

J'ai été heurtée par la force des premiers mots.
« J'aurais dû te noyer quand t'es née, j'aurais dû t'écraser avec une brique. »
Cette phrase, qui revient tout au long du roman comme un leitmotiv, m'a fait prendre conscience que ce roman ne serait pas facile à lire.

*
Nili, l'héroïne de ce roman, s'adresse à l'enfant qu'elle porte et qui est sur le point de naître. Elle lui raconte son histoire, ses espoirs, ses regrets, ses colères, elle ne lui cache rien des difficultés de sa jeune vie.

« D'abord, je t'aime. Tu es un peu la barque amarrée à un bout de terre ferme qu'on s'est fabriquée par besoin ton père et moi, par convocation du désir en nous, pour vivre et conjurer des tas de défaites, dont une vraiment sanglante qu'on n'avait pas prévue et qui m'a fait atterrir ici, à Bukavu. Je t'aime et tu viens au monde par la beauté. C'est quoi au juste, je vais te dire, la beauté, c'est une lignée bizarre de l'univers qui grandit dans quelque chose d'impair. Et ça a tellement maturé en moi, cette idée du chiffre impair, que je ne peux m'empêcher aujourd'hui de penser ma place d'avant, quand tu n'existais pas encore, il y a quelques mois à peine, avant que je débarque ici, au Congo. Ma place d'avant, comme celle d'un élément hydrophobe flottant à la surface d'une eau remplie d'air. Un tas de gras glissant, non préhensible, et qui pue. Voilà ce que j'étais. »

Née en 1989 en Roumanie d'une mère roumaine et d'un père congolais venu faire ses études, Nili est confrontée dès sa plus tendre enfance au racisme et aux préjugés liés à sa couleur de peau.
Cette jeune femme forte et intelligente porte un regard lucide sur la société dans laquelle elle a grandi. Elle raconte à son enfant son quotidien sous la dictature imposée par Ceaucescu, les nombreuses privations, le flicage constant, l'instauration d'un régime collaborationniste, la xénophobie ambiante.

En quête de ses racines africaines, elle se cherche, elle aimerait savoir qui elle est, d'où elle vient. L'absence de son père est une grande souffrance.

« Papa tu m'as coupé la tête. Pas le coeur, il n'y a rien dans ce muscle qu'une pompe à argile. Mais il y a tout dans ma tête : mon sexe, mes sentiments et mes enfants futurs, et toi, avec ta machette de la disparition mystérieuse, tu m'as décapitée. »

Comprenant que sa place n'est pas en Roumanie, elle décide alors de combler les trous de son histoire en partant à sa recherche au Congo.

« Je n'ai pas su grand-chose de lui jusqu'à ce que l'Afrique naisse en moi et que je vienne ici, au Congo. À l'est du coeur du monde. »

De très beaux thèmes sont abordés : l'absence, l'amour, la maternité, la différence, le déracinement, l'engagement dans des causes justes.

*
Ce roman frappe par son caractère métissé et duel pour différentes raisons.

Tout d'abord, la Roumanie et le Congo se mélangent en un titre poétique et infini qui évoque le métissage culturel, le questionnement de l'héroïne sur son identité et sa place dans le monde.

On retrouve aussi cette dualité dans ce beau voyage qui mène la jeune femme de la Roumanie au Congo. L'auteure en profite pour dresser le portrait de ces deux sociétés soumises au totalitarisme, la Roumanie à la fin du régime dictatorial de Ceausescu et le Congo autour de questions essentielles ciblant une jeunesse engagée, éprise de liberté, de justice, de respect et d'indépendance.

Mais ce voyage est également intime.
On ressent à la fois de la douceur, de la chaleur, de l'amour et de la bonté dans sa façon de se confier à son enfant, mais aussi beaucoup de souffrance, de violence, de colère et de haine.

Ce caractère duel s'exprime aussi dans la voix de la mère de Nili, une femme sans instinct maternel, à la fois froide, dure, maltraitante, mais également porteuse d'émancipation dans sa façon de la diriger dans ses études.

« Tu vois, mon fils, Elena, malgré sa peau fine et douce, sa blondeur gaillarde, malgré le fait qu'elle avait un corps de femme merveilleux et sentait toujours bon, je crois qu'elle se sentait sale. Et moi, je pensais que j'étais sale aussi. Que c'était moi sa tache et que c'était à cause de moi qu'elle se nettoyait et se parfumait. »

*
Annie Lulu a une écriture magnifique, très élégante, mélodieuse, mélancolique et triste. Mais son écriture va souvent plus loin, devenant douloureuse, implacable, percutante. L'auteure martèle, assène de grands coups à la seule force de ses mots. C'est bouleversant, poignant, brutal, dur.

Alors, vous l'aurez compris, ce roman est une très belle histoire. Mais j'avoue ne pas avoir été entièrement conquise. Je pense que cela provient principalement de la violence, de la haine et de la douleur qui émanent du récit.
Le livre d'Annie Lulu avait pourtant tout pour me séduire, mais il m'a manqué quelque chose, sûrement lié à des émotions plus contenues, plus douces.

Les lecteurs ont très bien noté ce roman et je me dis que malheureusement, je suis passée un tout petit peu à côté de ce roman. Je vous engage donc le à lire pour vous faire votre propre avis.

*
Je remercie chaleureusement toute l'équipe de Babelio, les éditions Pocket et l'auteure pour leur confiance. Et je souhaite une belle carrière d'écrivaine à Annie Lulu qui nous livre ici un beau premier roman.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
15 février 2021
Dans son premier roman, Annie Lulu suit son héroïne révoltée dans la longue quête de ses origines, de la Roumanie au Congo.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
15 février 2021
Dans une quête à la recherche du père, cette métisse roumaine congolaise tente de se trouver, enfin, elle-même. Le premier roman d’Annie Lulu est brillant.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Liberation
21 janvier 2021
De la Roumanie au Congo, la quête de racines d’une jeune métisse dans «la Mer Noire dans les Grands Lacs».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Toi aussi mon fils,quand tu auras des enfants,tu les verras comme une articulation d étoiles au segment de ta vie, tu attendras qu ils miroitent ce que tu as été .
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Quand tu as grandi dans un pays [la Roumanie] qui a aboli l’esclavage des Rroms – c’est-à-dire des Tsiganes – sur son propre sol il y a à peine cent soixante ans, où la majorité des gens, élevés sous la dictature, n’a jamais vu un étranger de sa vie, et que ton père était un étudiant privilégié, doté d’une bourse du gouvernement, venu de très loin [le Congo], qu’il mangeait au restaurant tous les jours au moment où les autochtones vivaient aux tickets de rationnement et n’avaient jamais connu la saveur d’une orange, on te fait souvent savoir qu’on t’en veut. D’être différente, pour parler sans colère. Tu peux te détester assez vite. C’est difficile à t’expliquer ici et maintenant, mais aux yeux des petits-enfants de la Garde de fer, les petits-enfants des membres de ce parti fasciste bien de chez moi, les héritiers des déporteurs, des pourvoyeurs de mort lente à tous ceux qui en 1941 n’étaient pas décrétés aryens, dans la ville où je suis née, je n’étais qu’une moitié de primate, ou bien un être surnaturel pour les plus niais d’entre eux, pas une personne normale en tout cas. C’est ça mon pays. 
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Elena, c’est une intellectuelle, avant même que j’aie la moindre idée de ce que les études signifiaient, elle m’a obligée à lire des livres. Un jour où tu lis pas, c’est un jour merdique que t’as gâché pour rien. Et tu crois que t’en vivras combien des jours en tout dans ta vie, Nili ? Tu veux gâcher ta vie, c’est ça ? Elle s’arrangeait toujours pour me trouver des livres en français, puis en anglais, des livres de poésie et des romans comme ceux d’Aimé Césaire ou de Peter Abrahams, qu’elle ne lisait jamais mais choisissait soigneusement pour moi, en se documentant dans des bibliographies de revues étrangères, pour que plus tard, je sois une spécialiste, de quelque chose que les autres n’ont pas, ne connaissent pas, pour que ma différence soit à la fois acceptable et justifiée, grâce à la littérature, elle se les faisait envoyer de Paris, par d’anciennes étudiantes qu’elle avait connues avant qu’elles émigrent, quittent Bucarest pour une vie plus riche à l’ouest de notre modeste sort.
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Mais voilà, mon père voyait toujours le meilleur chez tout le monde, je l’ai senti en le lisant. Il essayait sans cesse de faire surgir l’intelligence humaine là où manifestement personne n’aurait songé qu’elle puisse se planquer, histoire de laisser une chance aux autres d’être plus qu’eux-mêmes. Il a laissé une chance à ma mère d’être plus qu’une jolie blonde intello, ouverte au monde, mais au fond bien plus raciste que les pauvres hères ignares des montagnes de son pays de timbrés.
(page 25)
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Ma mère me regardait fixement depuis la table haute qui sépare la cuisine de la pièce principale, son verre de Cotnari à la main. Elle m'a dit : "Nili, je m'en fous que tu deviennes jolie, tu feras ce que tu veux à te trémousser partout, mais tu feras ta thèse, je peux pas être la mère d'une conne", elle m'a toujours parlé durement. Alors j'ai fait ce qu'elle m'a dit. Je me suis convaincue sans peine qu'il fallait faire ce que cette femme qui m'avait portée et supportée seule, la nuit sans pleurer, dans une piaule compromise aux quatre murs faisandés puis dans cet appartement de ruines centrales, sans amis, sans famille et sans aucune espèce de soutien pour nous faire manger si ce n'est sa propre personne, me disait de faire.
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Vidéo de Annie Lulu
À l'occasion du festival "Le livre sur la place" 2022 à Nancy, Annie Lulu vous présente son ouvrage "Peine des faunes" aux éditions Julliard. Rentrée littéraire automne 2022
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2641433/annie-lulu-peine-des-faunes
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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