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Critique de Melisende


A l'heure où les questions sur le genre et sur l'orientation sexuelle sont entre toutes les lèvres, il est bon de se pencher sur quelques albums et romans remettant un peu les choses à leur place.
A travers le journal intime d'un pré-adolescent, le norvégien Endre Lund Eriksen revient avec beaucoup d'humour, d'émotions mais aussi de réflexions, sur l'identité sexuelle principalement mais aussi sur les premiers émois amoureux et plus globalement sur les changements liés à l'adolescence.

A 12 ans, le jeune Arvid vient de vivre une première épreuve : le divorce de ses parents. N'ayant plus beaucoup de contact avec sa mère, il part en vacances d'été avec son père, en camping, dans le village d'enfance de ce dernier. Perdu au milieu de la forêt, des lacs et de la montagne, deux ou trois voisins se battent en duel.
C'est dans ce contexte isolé qu'Arvid va faire la rencontre d'Indiane et de son père Roger. L'adolescente – du même âge que notre héros, ou un peu moins – un brin espiègle, va tenir compagnie au jeune garçon et va surtout l'aider à mettre en place de nombreux stratagèmes pour empêcher le rapprochement de leurs deux papas.

Par ce que Roger ne s'en cache pas, il est gay. Et si Indiane vit parfaitement bien l'orientation sexuelle de son père, elle n'a pas envie de le partager avec quelqu'un d'autre, homme ou femme. Quant à Arvid, si l'homosexualité ne le dérangeait pas avant (lorsqu'elle était loin de lui), il voit d'un très mauvais oeil les changements qui s'opèrent dans la personnalité de son père au contact de son voisin de vacances. Hors de question que son papa qu'il connaît pourtant si bien, perde de sa virilité, se mette au cyclisme de façon assidue et se déhanche sur de la disco, non mais !
Alors tous les prétextes sont bons pour rester constamment dans les pattes des deux hommes, pour raconter les choses les plus humiliantes du passé de son père ou pour tenter de le caser avec la seule voisine célibataire du coin. Oui mais voilà, l'amour ça ne se commande pas et les deux pères semblent s'épanouir au contact de l'autre…

Et puis comme si ça ne suffisait pas, le chien d'Arvid connaît les premiers affres de la passion amoureuse et devient intenable en présence des autres chiens, femelles de préférence. Mais que se passe-t-il dans ce coin paumé de la Scandinavie ? Et pourquoi Indiane joue-t-elle tout d'un coup de son charme pour tenter de le séduire ? Les filles ça ne l'intéresse pas de toute façon… ou peut-être bien que si ? Ou si lui aussi préfèrait les garçons ? Est-ce que ça serait si grave que ça ? Est-ce qu'il doit se décider tout de suite de toute façon ? Toutes ces émotions, ces sensations et ces pensées qui se mélangent dans son corps et dans sa tête… que c'est compliqué d'entrer dans l'adolescence !

Narrateur unique (ou quasiment), Arvid nous fait part de tout ce qu'il ressent. Nul doute que les lecteurs de 12 ou 13 ans sauront s'identifier au jeune héros et se reconnaîtront dans chacune des entrées de ce journal intime, rédigé sur le livre d'or des toilettes (décorées façon disco) qui ornent le village et qui attirent beaucoup de touristes. Endre Lund Eriksen a réussi à se mettre dans la peau d'un adolescent, sans en faire trop ; le langage utilisé est crédible. le propos est parfois un peu cru mais reflète assez bien les pensées de cet âge ingrat.

Sous couvert d'humour un brin décalé (typique des pays scandinaves peut-être ?), Endre Lund Eriksen aborde des sujets assez graves et percutants sur lesquels il est bon de se pencher de temps en temps, que l'on approche de l'adolescence ou qu'on l'ait quittée depuis quelques années déjà.
Lien : http://bazardelalitterature...
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