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Critique de boudicca


S'il y a bien un scénariste dont je suis certaine que les ouvrages ne me décevront pas, c'est bien Wilfrid Lupano. Après avoir découvert les parutions les plus récentes de l'auteur qui semble aussi à l'aise avec l'histoire et le drame (« Communardes ! ») qu'avec l'humour et la fantasy (« Traquemage »), je me suis donc lancée à la recherche des autres ouvrages de sa bibliographie… et c'est là que je suis tombée sur « Azimut ». le pitch de base tient en peu de mot mais révèle déjà de la richesse de l'imagination de l'auteur : que se passerait-il si l'un des points cardinaux (en l'occurrence le plus important) disparaissait ? « Mais enfin, ça ne peut pas se perdre, le nord ! » s'exclame l'un des personnages. Et de se voir répondre : « Bof, on arrive bien à perdre du temps, alors pourquoi pas le nord ? » A partir de cette situation complètement loufoque, Wilfrid Lupano nous entraîne dans une formidable aventure prenant place dans un monde de fantasy d'une excentricité folle. C'est bien simple, la moindre page regorge de trouvailles plus originales les unes que les autres. Il y a d'abord tous ces animaux dits chronoptères car étroitement liés au temps : la clepsigrue, la mouche gobe-temps qui fige ses pauvres victimes (heureusement on nous informe qu'il existe un vaccin...), sans oublier les saugres qui saluent l'éclosion de leur oeuf et leur arrivée au monde par un étrange « allons bon ! ». Et puis il y a le redoutable arracheur de temps, le comportement imprévisible de la mer fugueuse, et bien sûr le moyen de locomotion désopilant de l'ambassadeur du Petitghistan.

Mais cet univers pour riche qu'il soit ne serait rien sans des personnages à la hauteur, et là encore Wilfrid Lupano remporte le défi haut la main. Entre son altesse royale Irénée le magnanime, roi de Ponduche à la mièvrerie et au snobisme affolants, l'explorateur déchu Quentin de la Pérue, tragiquement impacté par la perte du nord, et le peintre Eugène, amoureux éconduis et rancunier : on a affaire à une belle galerie de personnages. Ajoutez à cela un extravagant scientifique spécialisé dans l'étude des chronoptères, un chasseur de prime à la retraite, un lapin blanc adorable (et qui ne s'appelle pas Eusèbe), sans oublier une sublime mais dangereuse jeune femme répondant au doux nom de Manie Ganza, et vous voilà avec une sacré brochette de héros dont on attend avec impatience que nous soit révélé les moindres secrets. Si les excentricités de l'univers et des personnages créés par Lupano parviennent à séduire le lecteur à ce point, c'est aussi en grande partie grâce au travail d'Andreae qui signe dans ce premier tome des planches absolument stupéfiantes. La colorisation est notamment très réussie et favorise efficacement l'immersion du lecteur dans ce monde surprenant, quoique déboussolé. Aucun défaut à signaler non plus en ce qui concerne le scénario : Lupano pose les bases d'une intrigue palpitante et introduit habilement ses différents protagonistes tout en laissant suffisamment planer le mystère sur les origines de l'un ou les véritables motivations de l'autre pour nous donner envie d'envie d'en apprendre davantage. Juste ce qu'il faut pour nous rendre accro !

Vous l'aurez compris, ce premier tome d'« Azimut » est un vrai petit bijou qu'il faut absolument découvrir, aussi bien pour les magnifiques graphismes d'Andreae que pour l'originalité et la drôlerie du scénario, de l'univers et des personnages imaginés par Lupano. Inutile de vous dire que je vais de ce pas me ruer sur les deux albums suivants.
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