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Critique de marina53


Canterbury, petite ville paisible dans le Connecticut, 1932. Les habitants sont encore marqués par la sanglante révolte d'esclaves menée par un certain Nat Turner, l'année précédente, dans le sud de l'état. En deux jours, la bande a tué pas moins de 60 personnes issues de familles blanches, propriétaires de terres ou d'esclaves. Si les Noirs sont "libres" aujourd'hui, ils n'ont pour autant aucun droit et les Blancs vivent dans la peur de se faire assassiner... Prudence Crandall est une jeune institutrice qui enseigne à de jeunes filles blanches, très appréciée aussi bien de celles-ci que de la population. Non loin de là, Sauvage, un jeune garçon livré à lui-même, ne peut s'empêcher de relater les faits d'armes de Nat Turner, ce qui n'est pas du tout du goût de Sarah, une adolescente noire, qui s'interroge sur de vraies questions, à savoir pourquoi son bâton, dès qu'elle le plonge dans l'eau, a l'air de se briser. Elle s'empresse d'interroger Prudence à ce sujet. Cette dernière prend conscience alors que les Noires n'ont pas du tout accès à l'enseignement. Elle décide alors d'accueillir Sarah dans sa classe, ce qui va, d'emblée, déplaire aussi bien aux jeunes blanches qu'à la population de Canterbury. Mais Prudence n'en a que faire...

Cet album est inspiré d'un fait réel. En effet, Prudence Crandall, institutrice de profession, ouvrira l'une des premières écoles destinées aux jeunes Afro-Américaines et ce, malgré la tension latente entre Noirs et Blancs. En effet, comme le souligne Wilfrid Lupano en avant-propos, Nat Turner et sa bande de révoltés est encore bien présent dans l'esprit des gens, la majorité des Blancs pense que des Noirs, il y a en a déjà beaucoup trop, et l'abolition de l'esclavage n'interviendra que 30 ans plus tard. Aussi, c'est sans surprise que Prudence attise la colère de Canterbury. Femme courageuse et volontaire, elle poursuivra néanmoins sa cause, soutenue par les abolitionnistes. Si l'auteur s'est librement inspiré de faits réels, le propos n'en reste pas moins percutant et passionnant d'autant qu'il trouve malheureusement résonance aujourd'hui. Il met parfaitement en lumière le combat de cette femme mais aussi le droit à l'éducation, le racisme, la religion. Graphiquement, Stéphane Fert nous offre de très belles planches. Son dessin sans contour et tout en rondeur, et sa palette de couleurs douces apportent douceur et légèreté, détonant avec la gravité du propos.
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