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Critique de boudicca


Pistolin en a raz-le-bol ! Depuis que la guerre des mages a commencé, pas moyen de faire paître ses brebis sans se faire bouffer la moitié du troupeau par les grosses brutes dégénérées attirées dans le coin par la magie ou l'appât du gain. Et sans brebis, pas de pécadou, le fromage de cornebique qui fait sa renommée ! Après une énième hécatombe l'ayant privé de la totalité de son cheptel, le berger se décide finalement à quitter son village en compagnie de Myrtille, la dernière brebis qu'il lui reste, et fait le serment de débarrasser la région de tous les mages qui lui empoisonnent la vie. Wilfrid Lupano a toujours eu le don pour pondre des scénarios originaux et ce premier tome de « Traquemage » ne fait pas exception à la règle. L'auteur se moque gentiment de certains clichés que l'on retrouve de manière récurrente en fantasy tout en revendiquant clairement son appartenance au genre. Entre les trolls, les dragons, les fées, les aigles volants et j'en passe, autant dire que tout amateur de fantasy qui se respecte ne manquera pas de se laisser séduire par l'univers délirant et foisonnant créé ici par Lupano. Les quelques éléments exposés dans ce premier opus concernant les mages et leur histoire sont quant à eux prometteurs et il est à espérer qu'ils seront davantage abordés et développés par la suite.

La principale qualité de l'ouvrage réside cela dit avant tout dans son humour qui donne lieu à des graphismes et dialogues hilarants. Rien que l'équipe de bras-cassé dont s'entoure le « héros » prête à sourire : une chèvre traumatisée par la mort violente de ses consoeurs et une fée alcoolique incapable de jeter un sort sans se tromper et surnommée « Pompette ». C'est dire si la quête du fromager est bien partie ! Leur parcours est d'ailleurs, sans surprise, légèrement chaotique et ne va pas sans dommages collatéraux. N'est pas héros qui veut... On ne s'ennuie pas une seule seconde, Lupano parvenant comme chaque fois à prendre de cours le lecteur grâce à des rebondissements inattendus et souvent farfelus. Les dessins de Relom sont pour leur part en parfaite adéquation avec le ton du scénario et prêtent eux aussi à sourire (les expressions désabusée de la brebis Myrtille sont notamment impayables). Les décors sont également très réussis et participent efficacement à l'immersion du lecteur dans cet univers inspiré du Moyen-Age dont on arpente essentiellement les routes et campagnes. Ce n'est pas pour rien que la bande dessinée a été désignée comme marquant l'apparition d'un nouveau sous-genre de la fantasy, la « rural fantasy fromagère ». Si c'est pas la classe ça !

Un premier tome convainquant qui séduit aussi bien par son humour décapant que par son univers peuplé de créatures déjantées et bien souvent peu à la hauteur de leur légende. N'hésitez pas à tenter l'aventure, vous ne le regretterez pas et vos zygomatiques non plus !
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