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Critique de Emma20


Le combat pour le droit de vote des femmes en Suède est la toile de fond du roman En route vers toi. Nous y suivons deux héroïnes : Hanna, une jeune femme qui vit à notre époque, et Signe, une institutrice vivant en 1906. C'est par l'intermédiaire de quatre objets que nous faisons la connaissance de ces deux personnages : une broche, une paire de lunettes, une règle en bois et des bottines. Ces quatre objets ont appartenu à Signe, et bien des années plus tard, le hasard les réunit et les place entre les mains de Hanna.
De la lutte pour le droit de vote à l'affirmation de soi

Nous suivons Signe de 1906 à 1921. C'est sa rencontre avec Anna, une suffragette, qui la pousse à rejoindre les femmes qui luttent pour obtenir le droit de vote. Au cours de ces années, l'institutrice évolue et s'affirme. Elle apprend à défendre ses idées, ce qui ne plait pas aux habitants de Tierp, petit village éloigné de la modernité de Stockholm. Parce qu'elle est une femme, Signe a un salaire inférieur à celui des instituteurs. C'est d'abord pour arrêter cette injustice que Signe s'engage, avant de s'intéresser au droit de vote. Mais ses convictions dérangent. L'arrivée d'Anna, une jeune femme venant d'une famille aisée de Stockholm, chamboule la vie de Signe.

Avec Anna, Signe ne va pas seulement apprendre à argumenter et défendre ses idées, mais aussi à accepter son homosexualité. Paradoxalement, les habitants de Tierp ne semblent pas se douter de la relation que vivent les deux jeunes femmes. Étant institutrice, Signe ne peut pas se marier et continuer d'exercer son métier (car l'institutrice doit être entièrement dévouée à l'instruction des enfants). Alors la voir passer son temps avec une femme est préférable que de la voir fréquenter un homme.

Aux côtés de Signe, on suit les femmes qui luttent pour le droit de vote et on s'indigne face aux remarques sexistes auxquelles elles doivent faire face. le chemin est long et difficile et on ne peut que les admirer pour leur ténacité. Les personnages féminins décrits par l'auteur sont hauts en couleurs et très attachants.
Enquêter sur une autre pour retrouver confiance en soi

A notre époque, Hanna bénéficie des droits acquis grâce au combat des femmes. Mais elle ne s'en rend pas compte car, ayant toujours vécu avec ces droits, elle ne réalise pas qu'elle en bénéficie grâce à un long combat. Hanna travaille dans un centre de recherche d'emploi, ne s'y plaît pas, et surtout : elle ne se plait pas à elle-même. Elle ne se respecte pas, et donc ne s'oppose pas au fait que les autres ne la respectent pas non plus. Sa mère est détestable. Quant à Johan, le compagnon d'Hanna, il ne cesse de se moquer d'elle. Leur couple ne fonctionne plus : ils ne se parlent plus, ne se regardent plus.

Quand Hanna se retrouve, par hasard, en possession des objets ayant appartenu à Signe, elle s'y intéresse pour mieux oublier sa propre vie. Lorsqu'elle porte les lunettes de Signe, Hanna retrouve confiance en elle et s'affirme. Elle embarque dans ses recherches un commissaire-priseur en fin de carrière et tous deux parcourent le pays pour retracer le parcours de Signe. Leur enquête a fait ressurgir en moi des souvenirs liés au travail de recherche que j'ai fait pour mon mémoire. Je me suis retrouvée en Hanna en lisant ses questionnements, sa joie de trouver des indices, son émotion lorsqu'elle découvre des lettres de Signe…

Hanna est un personnage lui aussi très attachant et dans lequel les jeunes femmes pourront facilement voir leur reflet : elle manque cruellement de confiance en elle, se trouve trop ceci, trop cela, pas assez comme-ça… le roman montre que quelle que soit l'époque, début XXe siècle ou XXIe siècle en l'occurrence, les femmes souffrent du poids des attentes de la société.

En cherchant à en savoir plus sur Signe, Hanna fait parallèlement le chemin vers la confiance en soi. C'est aussi un combat qu'elle mène, qui n'a peut-être pas la même ampleur que la lutte pour l'obtention de droits, mais qui est tout de même difficile et qui demande de se battre à chaque instant.

Ce sont donc de beaux portraits de femmes que nous propose Sara Lövestam. On s'attache facilement à Signe et Hanna mais aussi aux personnages secondaires. J'ai aimé les suivre dans leurs cheminements et j'ai ressenti cette tristesse particulière qu'ont les lecteurs quand ils quittent les personnages et regrettent d'avoir lu leurs aventures trop vite et de voir arriver, déjà, le dernier mot.
Lien : https://vagueculturelle.word..
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