Chacun sa vérité - Sara Lovestam - Coup de ♥♥♥♥♥ du traqueur
Un nazi très haut placé a un jour prétendu que, si on voulait faire avaler un mensonge à quelqu'un, il valait mieux qu'il soit très gros ; mais Kouplan, en homme averti, préfère ne pas se fier à Hitler. Il sert donc à Pernilla un cocktail de vérités et de quasi-vérités.
Lorsqu'ils se quittent, Kouplan a l'impression que Pernilla le sert un peu plus longtemps dans ses cicatrices.Elle sent le savon parfumé,sa peau est tiède, sa joue douce,. Ses cicatrices blanches réchauffent la nuque de Kouplan.
"Souviens-toi que c'est là où tu te sens le plus en sécurité que tu es le plus vulnérable."
C'est ainsi que fonctionne la mémoire, se dit Kouplan. On ne se souvient pas systématiquement quand on est rentré chez soi ou qui on a croisé en chemin.
- Il n'y a que dans "Cold Case "et "Esprits criminels" que les témoins se souviennent de tout.
- Je ne crois pas que c'est normal.
Sa voix effleure un point sensible, un nœud. Il y a de la vérité dans l'air. Si Pernilla a des trous de mémoire inexplicables, alors...
Ça ne coûte rien de demander, Kouplan. Il n'y a qu'à demander, l'univers te répondra. Sois ce que tu veux être, nous sommes les metteurs en scènes de nos propres vies.
La Suède a énormément changé ces cinquante dernières années. La proportion d'émigrés établis dépasse vingt pour cent dans certaines villes. C'est, de loin, le pays le plus hospitalier d'Europe, avec une demande d'asile acceptée pour trois cents et quelques habitants, quand c'est pour cinq fois plus d'habitants en Allemagne et jusqu'à quinze fois plus en France. Irakiens et Syriens apparaissent en haut de la liste, avec les Polonais et les Finlandais. Les mafias d'ici ou d'ailleurs sévissent, une très nette innocence a disparu et l'extrême-droite, en nette progression, oublie qu'il fut un temps où presque un quart de la population suédoise quittait le pays, baluchon sur l'épaule, condamné à la migration économique.
Préface (Marc de Gouvenain, traducteur de suédois et ancien directeur de collection, pour le domaine scandinave chez Actes Sud
La foret de marbre n'a plus d'importance, désormais Kouplan raye une tache secondaire: chercher l'Audi verte dans les rues adjacentes. Il envisage d'appeller Ulrika pour la tenir au courant de ce tournant dans l'enquête." Votre mari ne travaille pas où vous croyez" . Mais la mission de Kouplan n'est pas de lui donner des soucis en plus."
De retour dans sa chambre, il note: Les services sociaux prennent les enfants. Il faut vérifier ces nouvelles données pour mieux cerner le contexte. Une mère donne des conseils à d'autres mères privées de leurs enfants par les services sociaux.
Sur un forum il découvre des centaines de fils sur la façon de se protéger contre la loi sur les jeunes.
L'un est intitulé: Les services sociaux menacent de prendre mon enfant dès la naissance à la maternité. Kouplan découvre un pan de la Suède qu'il ne soupçonnait pas.
Le lendemain, il se rendit à Norrköping pour une mission honorifique. À soixante-seize ans, c’était encore un jeune homme et il comptait bien diriger les ventes jusqu’à ses quatre-vingt-dix ans au moins. Alors, il pourrait parfaitement participer à l’émission le tour des antiquaires, ce programme de cruches qui passait sur la chaîne nationale tv1. Lui, qui avait commencé dans les années 1950. Lui, le fameux commissaire-priseur de quatre-vingt-dix ans qui savait distinguer un authentique vase Ming d’un faux à deux mètres de distance. Non pas qu’il eût envie de se montrer avec ces crétins, il avait tout de même un peu de dignité. Mais si jamais on l’invitait, il y réfléchirait. Manœuvrant sa Renault d’une main ferme et habile, il eut à nouveau le sentiment de bien faire. C’était son cœur qui parlait, nul doute.
Une expression le poursuit, vibrante comme une chanson qu'il n'arriverait pas à se sortir de l'esprit : Cherâ istâdi daste oftâde gir -《Tant que tu es debout, tends la main à celui qui est tombé.》