AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dannso


Je suis triste en terminant ce livre. Je viens d'apprendre que l'auteur est décédé peu après l'avoir terminé. Un cancer foudroyant. Il allait avoir 55 ans. Beaucoup trop jeune pour mourir. Ce livre se termine d'ailleurs après les remerciements d'usage par un court poème de ses parents, hommage à leur fils.
L'auteur était diplomate et il s'est inspiré de son métier et d'une de ses affectations pour ce livre. Et il est certain que, à l'égal de son personnage principal, le conseiller d'ambassade René Turpin, il aimait la Géorgie, pas l'état d'Amérique, mais l'ancienne république de URSS, elle aussi victime d'une « opération militaire » de la Russie, qui préfigure ce qui s'est passé en Ukraine, la Russie intervenant pour soi-disant défendre la sécurité de populations jugées favorables à Moscou contre le gouvernement en place. le roman se déroule peu après cette guerre.

Un jeune Français est retrouvé mort, assassiné, dans une chambre d'hôtel. Un policier géorgien est en charge de l'enquête, secondé par ce conseiller René Turpin. D'autres meurtres vont suivre, sans qu'on puisse facilement établir un rapport entre les victimes. Pourquoi ont-ils été tués ? Dans une Géorgie d'où Staline était originaire et où les souvenirs de l'époque soviétique et des années difficiles qui ont suivi sont encore frais dans les mémoires, avec regret ou avec crainte, l'enquête va se dérouler, nous promenant dans le pays de Tbilissi à Tskaltoubo, ancienne cité thermale où Staline possédait une datcha où a été retrouvée la fameuse baignoire du titre. A ces occasions, l'auteur nous allèche avec de nombreuses descriptions de la cuisine géorgienne qu'il a appréciée manifestement.

« Il songeait avec mélancolie au moment où il lui faudrait quitter son poste, dans quelques semaines, après quatre années de séjour. Il avait aimé ce pays. Sous l'âpreté montagnarde des Géorgiens se cachait une douceur de vivre qu'on apprenait au gré de leurs banquets joyeux et généreux, de leurs chansons tristes, de leurs danses. À la violence des moeurs caucasiennes répondait une nonchalance orientale dont on s'imprégnait pas à pas, sans hâte, avec la satisfaction de celui qui vient de loin et qui est bien accueilli. La nature était grandiose et presque intacte, ce qui était rare dans l'ancien Empire soviétique. La nourriture sublime, il n'y avait pas d'autre mot, même dans la bouche d'un Français convaincu de son bon droit. »

Mêlant avec adresse enquête policière et roman d'espionnage, Géorgie actuelle et époque soviétique, l'auteur nous entraine dans un roman où les réminiscences de la guerre froide et la découverte de la Géorgie, de son histoire récente, de sa gastronomie constituent des plus intéressants. Les deux personnages principaux sont attachants, ce jeune policier à la famille marquée par la guerre de 1993 entre Géorgie et Abkhazie, qui tente de faire de son mieux, mais qui se heurtera à l'impuissance de la police locale envers son encombrant voisin et ce conseiller d'ambassade, manifestement amoureux de ce pays, de son peuple et de sa culture, plein d'empathie envers ce jeune mort dont personne ne réclamera le corps qui sera enterré là en Géorgie, loin de sa terre natale. Ce n'est pas un roman policier dont j'ai tourné les pages avec avidité, mais un livre où j'ai aimé me promener, prenant le temps de découvrir un peu un pays et des évènements dont je ne savais pas grand-chose.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          8027



Ont apprécié cette critique (73)voir plus




{* *}