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Les écrivains diplomates sont nombreux à s'être inspirés des pays visités pour irriguer leurs oeuvres. Chateaubriand, Claudel, Paul Morand, Saint-John Perse, Pierre-Jean Rémy, Jean-Christophe Rufin, Daniel Rondeau, ont ouvert la voie à Renaud Salins dont le roman posthume « La Baignoire de Staline » sort ce mois ci.

Ambassadeur de France auprès de la Georgie (2012-2016) l'auteur a partagé le sort de ce pays, ex soviétique, encadré par la Russie (qui a annexé ses provinces d'Ossétie du sud et d'Abkhazie), l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Turquie …

Ce territoire est au coeur d'une des régions les plus « chaudes » du monde, en bordure d'une Mer Noire où la Russie tente de progresser vers l'ouest à coups « d'opérations spéciales », et les services secrets russes (ex KGB) sont omniprésents dans la province natale de Staline et Béria.

Comme l'illustre la couverture de l'ouvrage, l'ombre de Kim Philby, le pire traitre anglais du XX siècle, y plane aussi et la mort d'un chercheur français va perturber notre personnel diplomatique et la baignoire de Staline mouiller la police locale …

Renaud S Lyautey bâtit une intrigue, ou plutôt une double intrigue, qui conduit les enquêteurs (et le lecteur) vers deux espaces temps différents, l'époque soviétique et l'époque actuelle, ce qui permet d'évoquer des faits historiques méconnus et de découvrir ce pays, ses habitants, sa culture et sa cuisine dont les multiples évocations nourrissent ces pages savoureuses.

Décédé au printemps dernier, à l'âge de 55 ans, le romancier a terminé ce livre en aout 2021 à Mascate (sultanat d'Oman) ; ses parents Yvette et Jacques Salins publient en dernière page cet émouvant hommage :

« A Renaud,

Lors de ta courte trajectoire,
tu as savouré la vie
avec bonheur et lucidité …
(…)
Aux carrefours des peuples,
à l'écoute des autres
tu as noué des amitiés,
tu as tendu la main …

Toujours tu as affirmé
une irrépressible liberté.

Tu témoignes encore … »

Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil de m'avoir offert ce beau témoignage de l'amitié qui unit la France et la Géorgie et du talent de Renaud Salins.
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En juin 2009, à l'hôtel Marriott de Tbilissi en Géorgie, un jeune Français est retrouvé mort sur son lit dans des circonstances pour le moins étranges. L'inspecteur Nougo Shenguelia de la brigade criminelle de la capitale géorgienne se voit chargé de l'enquête et, relations diplomatiques obligent, y sera assisté du premier conseiller de l'ambassade de France, René Turpin. A eux de découvrir l'identité de la victime et les raisons de son assassinat…

« La Baignoire de Staline » est le second et dernier roman de Renaud Salins (Lyautey est le nom de sa mère), l'auteur étant malheureusement décédé d'un cancer foudroyant à l'âge de 55 ans, quelques mois après avoir terminé ce livre. Avant de nous quitter, le diplomate français a su s'inspirer des trois années qu'il a passé en tant qu'ambassadeur de France en Géorgie, pour nous baigner dans les enjeux géopolitiques et les coulisses diplomatiques de ce pays voisin de l'ogre russe.

Si l'auteur nous plonge dans cette ex-république soviétique, terre natale de Joseph Staline, c'est pour nous faire ressentir à quel point le grand frère russe pèse encore sur la Géorgie et sur des habitants encore marqués par les nombreuses agressions de ce voisin qui ne manque pas une occasion de leur signaler sa présence. de Tbilissi à Tskaltubo, ancienne cité thermale florissante du temps de l'Union Soviétique, où Joseph Staline possédait une datcha ainsi qu'une baignoire qui donne son titre à l'ouvrage, l'auteur nous invite à découvrir ce pays dont il connaît visiblement tous les tenants et les aboutissants.

Cette enquête policière qui demeure au coeur de l'ouvrage n'est pas uniquement un prétexte pour nous faire découvrir l'arrière-fond historique et géographique du pays, mais également un moyen d'y mêler un récit d'espionnage. Terre natale de Joseph Staline et de son bras droit Lavrenti Pavlovitch Beria, la Géorgie s'avère historiquement étroitement liée aux services secrets russes et c'est avec beaucoup de maestria que l'auteur parvient à faire planer l'ombre de l'espion britannique Kim Philby, célèbre agent double et traitre anglais, sur ce polar qui séduit de la première à la dernière page.

Derrière ce titre interpellant et cette couverture séduisante se cachent les derniers mots d'un auteur décédé trop tôt, ainsi qu'un polar aussi dépaysant que prenant, mêlant récit d'espionnage et fond historique sans nuire à la fluidité du récit. Un rideau qui tombe et des lecteurs qui applaudissent !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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En cette année 2009, un jeune doctorant français est retrouvé étranglé dans un hôtel de Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Conseiller à l'ambassade de France, René Turpin est chargé de suivre le développement de l'enquête menée par les policiers locaux, dont l'inspecteur Nougo Shenguelia avec qui il sympathise. C'est au fil des interrogations et des déductions conjointes des deux hommes que la narration progresse vers la résolution de l'affaire.


Lui-même ambassadeur de France en Géorgie de 2012 à 2016, Renaud S. Liautey, emporté par une maladie foudroyante au printemps 2022, quelque six mois avant la publication de ce second roman, présente suffisamment de proximité avec son personnage Turpin pour que l'on puisse les imaginer vaguement alter ego. Fin connaisseur du pays et de tout ce que sa situation entre mer Noire et chaîne du Grand Caucase, sur cette frontière invisible entre l'Est et l'Ouest en même temps qu'entre les Empires perse et ottoman, implique historiquement, culturellement et politiquement, il en brosse un tableau aussi lucide qu'amoureux qui fait le sel de cette par ailleurs toute romanesque et très réussie enquête policière.


L'appétit aiguisé par les spécialités culinaires que Turpin partage avec ses connaissances et amis du cru, l'on fait à ses côtés des rencontres, attachantes ou inquiétantes, qui toutes renvoient d'une façon ou d'une autre aux traces d'un passé soviétique mouvementé et terrible, ainsi qu'à l'ombre menaçante, toujours omniprésente, du grand voisin russe. de la terreur stalinienne à la guerre froide et à l'espionnage avec l'histoire rocambolesque mais véridique du britannique Kim Philby devenu agent double pour le compte de l'URSS, des tristes et majestueuses ruines de la ville thermale de Tskaltoubo au commerce florissant des vestiges de l'époque soviétique et aux milliers de Géorgiens relocalisés dans cette ville fantôme après avoir fui en 1993 le nettoyage ethnique consécutif à la guerre d'Abkhazie et à la proclamation d'indépendance de ce territoire pro-russe, entre un vieil apparatchik aux mains sanglantes et un plus jeune mais tout aussi puissant oligarque aux édifiantes méthodes d'enrichissement, l'on croise des personnages secondaires partagés entre le traumatisme et la nostalgie des temps anciens, toujours sur la brèche d'un sentiment de menace pas seulement latente : l'on continue à disparaître en Géorgie, et mieux vaut parfois ne pas se montrer trop curieux, surtout lorsque l'on risque de froisser l'oeil de Moscou.


Son écriture fluide, la justesse de son observation des hommes et la richesse de sa peinture de la Géorgie, tant contemporaine qu'historique, font de ce polar mâtiné de roman d'espionnage une lecture en tout point captivante et plaisante, et un bien bel hommage au peuple géorgien pour qui l'auteur éprouvait tant d'affection.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je suis triste en terminant ce livre. Je viens d'apprendre que l'auteur est décédé peu après l'avoir terminé. Un cancer foudroyant. Il allait avoir 55 ans. Beaucoup trop jeune pour mourir. Ce livre se termine d'ailleurs après les remerciements d'usage par un court poème de ses parents, hommage à leur fils.
L'auteur était diplomate et il s'est inspiré de son métier et d'une de ses affectations pour ce livre. Et il est certain que, à l'égal de son personnage principal, le conseiller d'ambassade René Turpin, il aimait la Géorgie, pas l'état d'Amérique, mais l'ancienne république de URSS, elle aussi victime d'une « opération militaire » de la Russie, qui préfigure ce qui s'est passé en Ukraine, la Russie intervenant pour soi-disant défendre la sécurité de populations jugées favorables à Moscou contre le gouvernement en place. le roman se déroule peu après cette guerre.

Un jeune Français est retrouvé mort, assassiné, dans une chambre d'hôtel. Un policier géorgien est en charge de l'enquête, secondé par ce conseiller René Turpin. D'autres meurtres vont suivre, sans qu'on puisse facilement établir un rapport entre les victimes. Pourquoi ont-ils été tués ? Dans une Géorgie d'où Staline était originaire et où les souvenirs de l'époque soviétique et des années difficiles qui ont suivi sont encore frais dans les mémoires, avec regret ou avec crainte, l'enquête va se dérouler, nous promenant dans le pays de Tbilissi à Tskaltoubo, ancienne cité thermale où Staline possédait une datcha où a été retrouvée la fameuse baignoire du titre. A ces occasions, l'auteur nous allèche avec de nombreuses descriptions de la cuisine géorgienne qu'il a appréciée manifestement.

« Il songeait avec mélancolie au moment où il lui faudrait quitter son poste, dans quelques semaines, après quatre années de séjour. Il avait aimé ce pays. Sous l'âpreté montagnarde des Géorgiens se cachait une douceur de vivre qu'on apprenait au gré de leurs banquets joyeux et généreux, de leurs chansons tristes, de leurs danses. À la violence des moeurs caucasiennes répondait une nonchalance orientale dont on s'imprégnait pas à pas, sans hâte, avec la satisfaction de celui qui vient de loin et qui est bien accueilli. La nature était grandiose et presque intacte, ce qui était rare dans l'ancien Empire soviétique. La nourriture sublime, il n'y avait pas d'autre mot, même dans la bouche d'un Français convaincu de son bon droit. »

Mêlant avec adresse enquête policière et roman d'espionnage, Géorgie actuelle et époque soviétique, l'auteur nous entraine dans un roman où les réminiscences de la guerre froide et la découverte de la Géorgie, de son histoire récente, de sa gastronomie constituent des plus intéressants. Les deux personnages principaux sont attachants, ce jeune policier à la famille marquée par la guerre de 1993 entre Géorgie et Abkhazie, qui tente de faire de son mieux, mais qui se heurtera à l'impuissance de la police locale envers son encombrant voisin et ce conseiller d'ambassade, manifestement amoureux de ce pays, de son peuple et de sa culture, plein d'empathie envers ce jeune mort dont personne ne réclamera le corps qui sera enterré là en Géorgie, loin de sa terre natale. Ce n'est pas un roman policier dont j'ai tourné les pages avec avidité, mais un livre où j'ai aimé me promener, prenant le temps de découvrir un peu un pays et des évènements dont je ne savais pas grand-chose.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette découverte.
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Un étudiant français est retrouvé mort dans un hôtel de Tbilissi. La police locale penche pour un crime sexuel. L'ambassadeur de France demande à son adjoint, René Turpin, de suivre l'enquête.
Très vite, le brouillard qui entoure la victime s'opacifie : quel était le sujet de sa thèse ? Pourquoi faisait-il de fréquents voyages dans l'ouest du pays et en Russie ? Quelles sont exactement ses relations avec le milliardaire qui l'employait comme précepteur de ses enfants ?

Ce roman policier a de nombreux atouts.
L'intrigue plonge ses racines dans le passé récent de la Géorgie, dont le présent a été peu ou prou façonné par l'Union soviétique et reste perturbé par la Russie.
On y rencontre une population fragilisée à la fois par son histoire soviétiques et les récentes agressions du grand frère russe. On est presque dans un polar ethnologique, façon Tony Hillerman. Les connaissances acquises par l'auteur, diplomate ayant été en poste dans le pays, n'y sont évidemment pas pour rien.
Il y a également du Don Quichotte dans cette histoire, les policiers géorgiens semblant lutter longtemps contre des moulins à vent, ceux-ci paraissant protégés par le poids de l'Histoire.
Il faudra finalement deux grains de sable, un petit étudiant français et un célèbre agent double anglais, pour que l'on tombe dans le sordide...
S'il n'y a aucune naïveté dans les propos de l'auteur et son analyse de la Géorgie moderne, on pourrait en trouver dans son écriture. Personnellement, je préfèrerai parler de fraîcheur. le livre est bien écrit, la narration est rythmé.
Le livre ne restera sans doute pas parmi les meilleurs polars du siècle, mais il se lit avec beaucoup de plaisir. Et quand on tourne la dernière page, on a l'impression d'en savoir plus sur un pays méconnu. C'est déjà beaucoup !

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir fait découvrir l'auteur et le roman.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Je reviens d'un voyage palpitant en Géorgie. Ce petit pays qui a connu la main de fer de l'Union Soviétique et qui est situé dans le Caucase, à cheval entre l'Europe et l'Asie, une belle étape sur la route de la soie. Je l'ai découvert en compagnie de René Turpin, premier conseiller de l'ambassade de France à Tbilissi et de Nougo Shenguelia, inspecteur nouvelle génération d'un commissariat de sa capitale ; les anciens policiers ayant tous été virés du fait de la corruption ; une façon de nous rappeler à quel point le système fut gangréné par les malversations.

Ce fut un réel plaisir de faire connaissance avec ce pays et sa table. Entre annexion et indépendance, la Géorgie est parvenue à trouver sa stabilité. René Turpin vous dira « Sous l'âpreté montagnarde des Géorgiens se cache une douceur de vivre qu'on apprend au gré de leurs banquets et une nonchalance orientale dont on s'imprègne petit à petit ». C'est exactement ce que j'ai ressenti tout au long de mon périple avec René Turpin et Nougo Shenguelia. Des personnages sympathiques, une cuisine tout aussi conviviale, et de très jolis paysages à découvrir mais aussi et surtout, un retour salutaire historiquement sur le passé de la Géorgie, ancienne république soviétique.

L'auteur, Renaud S. Lyautey, a très certainement projeté une partie de lui-même sur la personnalité de René Turpin.
S'inspirant de son expérience professionnelle, il fait preuve d'un réel talent pour nous entraîner dans un roman policier qui se transforme rapidement en roman d'espionnage.

Hôtel Marriot à Tbilissi, le corps sans vie d'un jeune enseignant français, Sébastien Rouvre, est retrouvé dans sa chambre. Les premières constatations font penser à un assassinat. L'ambassadeur de France, son excellence Bertrand Mousquet étant particulièrement occupé par sa charge, le consul Weber absent, c'est donc René Turpin qui s'y colle. Il lui est donc demandé de bien vouloir rejoindre les policiers qui sont sur place.

Au prétexte d'une enquête policière dans un pays étranger, l'auteur nous fait découvrir les coulisses d'une ambassade, les relations qu'il faut savoir entretenir autour de soi, tout ceci en parfait diplomate afin de garantir les intérêts de son pays et de ne pas créer d'incidents. Renaud S. Lyautey est un guide touristique accompli. de ce récit se dégage un certain engouement pour cette région doublé du plaisir d'écrire, le tout savamment habillé d'humour. C'est un style très fluide qui vous tient en haleine du début à la fin et vous emporte. Instructif, l'auteur sait nous transmettre l'Histoire de ce pays tout en captant notre intérêt dans une énigme qui va de rebondissement en rebondissement.

Et de péripétie en péripétie, d'indice en indice, l'enquête va mener notre sympathique équipe, René Turpin et Nougo Shenguelia, à la découverte de la ville de Tskaltoubo.

Staline étant originaire de la Géorgie, le statut de la région fut beaucoup modifié sous la dictature de Joseph Staline qui a fait de la Géorgie un lieu de détente pour l'intelligentsia soviétique. Dotée de sources chaudes, la ville de Tskaltoubo s'est vue gratifiée de thermes pour y accueillir notamment la datcha de Staline. Et c'est à partir de cette ville que l'énigme policière devient un véritable roman d'espionnage dont le héros figure sur le timbre de la couverture du livre. A titre personnel, ce fut une mine de renseignements.

Je trouve passionnant de regarder, de lire, comment un auteur parvient à créer une fiction qui tient la route, tout en mélangeant les brins de la réalité et ceux de la fiction sans se casser la figure. J'admire ! Et ici, c'est particulièrement fascinant d'autant que notre espion a déjà fait couler beaucoup d'encre.

Ce qui affleure et étreint dans cette narration, c'est cette sensation oppressante permanente qui suinte chez les personnages. L'expression « L'oeil de Moscou » prend tout son sens. L'auteur parvient à nous faire sentir à quel point le poids de l'ex-Union Soviétique pèse encore sur la Géorgie. Il y règne chez les individus le sentiment d'être toujours épié. Les dégâts psychologiques émergent de ce récit, de ce mixage entre le passé et le présent, il est difficile de se libérer du joug de la Russie, de la présence du KGB aujourd'hui le FSB, d'autant plus qu'avec les évènements actuels, la Géorgie doit être inquiète. Renaud S. Lyautey se sert de sa vision géopolitique acquise au cours de sa mission diplomatique pour nous offrir un roman intelligent, passionnant et différent dans sa teneur comme toujours lorsque la profession crée l'écrivain.

Renaud Salins, nom de plume Renaud S. Lyautey, nous a quittés en avril 2022. C'est le coeur serré que j'ai refermé ce livre. de son écriture, il se dégage une envie de vivre, un regard bienveillant sur ses semblables et ce cancer foudroyant qui lui a coupé le souffle me parait terriblement injuste. J'ai une pensée émue pour ses parents.

Je tiens à remercier les « Editions du Seuil cadre noir » ainsi que l'équipe de Babelio qui m'ont permis, lors de cette masse critique, de faire connaissance avec Renaud S. Lyautey. Ce fut une belle découverte qui m'invite à me procurer son premier roman « Les saisons inversées ».
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Éditions du Seuil pour l'envoi, dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée, d'un livre qui m'a beaucoup plu.

Le lundi 8 juin 2009, à l'hôtel Marriott de Tbilissi en Géorgie le corps
du jeune enseignant français, Sébastien Rouvre, 26 ans, est découvert, étranglé.

L'inspecteur Nougo Shenguelia de la brigade criminelle de la capitale géorgienne, un diplômé de l'école de police de Saint-Cyr, est chargé de l'enquête, assisté de son adjoint, le gros Lacha Bregvadze.

Dès le départ de l'investigation, il est convenu que le premier conseiller de l'ambassade de France, René Turpin, suive de près cette affaire, assisté du consul, Antoine Weber, et du chef de station de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure), Hugues le Cloarec.

Relativement vite l'enquête mène les rechercheurs à Tskaltubo, une ville à 4 heures de route à l'ouest de Tbilissi, maintenant en ruine, mais du temps de l'union soviétique une ville balnéaire florissante, où Joseph Staline avait sa datcha.

Est-ce que le jeune Sébastien aurait été impliqué dans une sombre histoire de trafic illégal de "vieilleries" bolcheviques, telle la baignoire de la datcha de Staline, vers les États-Unis ?

Pendant que l'équipe de recherche explore patiemment de nombreuses autres pistes, de nouvelles victimes de meurtres sont découvertes : un octogénaire, ex-chef du KGB géorgien, et une interprète géorgien français d'un certain âge.
Toutes les victimes se sont connues et ont été étranglé de façon identique.

Tout à coup l'enquête prend une allure insoupçonnée qui nous ramène dans le passé soviétique et plus particulièrement vers le personnage qui figure sur un timbre-poste de 5 kopecks (centimes) de l'URSS de 1990 - reproduit en couverture du livre - en hommage au célèbre espion Kim Philby (1912-1988).

Le lien entre l'enseignant français et l'espion d'origine britannique à la solde du KGB, je vous laisse découvrir....

Je dois dire que j'ai fort apprécié ce cocktail savant d'enquête policière et de récit d'espionnage contre un arrière-fond historique et géographique rigoureusement authentique. En plus, les protagonistes sont réalistes et certains même attachants.

Quant au dépaysement vous êtes dans d'excellentes mains avec l'actuel ambassadeur de France au sultanat d'Oman, Renaud S. Lyautey, qui avant a été en poste en Géorgie. Un pays qu'il aime apparemment beaucoup, à en juger à l'enthousiasme avec lequel il nous présente ici cette partie du globe.

Dans son mot de l'auteur, en fin de volume à la page 214, il note : "À l'heure où ces lignes sont mises sous presse (août 2021), environ 20% du territoire géorgien sont toujours occupés par la Russie. Il n'est pas inutile de le rappeler."

Et l'auteur a d'autant plus raison que la Russie de Poutine essaie maintenant manifestement et scandaleusement pareil chez un autre de ses voisins.

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J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, un petit must pour les passionnés mais aussi les néophytes des histoires d' 'espionnage et l'époque de la guerre froide.
Le titre du roman : la baignoire de Staline peut surprendre ou nous faire penser à une énorme gageure. C'est ainsi que j'ai appris avec beaucoup d'intérêt l'existence de cette ville thermale : Tskaltoubo, et la datcha de Staline. Cette station thermale recevant les dignitaires soviétiques.
Évidemment, cette ville située en Géorgie, le pays natal de Staline existe encore aujourd'hui mais est tombé en désuétude.
Ce que j'ai trouvé très pertinent dans ce roman à travers la vie de cet espion : Kim Philby qui est au centre de l'intrigue meurtrière, c'est le rôle que joue la Russie ou l'ex_Union soviétique encore aujourd'hui.
Ce que vivait tout citoyen soviétique est criant de vérité, chacun mentait pour sauver sa peau ou être épargné.
Et, malheureusement, même si la Géorgie est un état indépendant aujourd'hui, , on sent toute la pression et la force de la Russie. à travers ces paroles.
" Cela veut dire qu'ils demeurent à même de venir chez nous et d'y tuer nos concitoyens impunément... le message est clair,. On ne quitte pas l'union soviétique. Elle est toujours là. Impalpable. Menaçante. Omniprésente.."

Je ne manquerais pas de lire l'autre roman de Renaud Lyautey : Les saisons inversées puisque malheureusement il n'y en aura pas d'autre. L'auteur est décédé en 2021 à l'âge de 55 ans.
Merci à la masse critique Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.

Une très belle découverte.!
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Récemment, la représentante d'un éditeur m'a confié que les français adoraient « mettre » des étiquettes sur leurs lectures. Comme je ne veux pas déroger à la règle, je me risquerai au classement de « La baignoire de Staline » dans la catégorie du roman d'espionnage perfide et jouissif mâtiné de policier feutré.
Déjà que j'avais envie d'aller visiter la Géorgie, les premières pages font dévaler l'inspecteur Nougo Shenguelia dans les rues pittoresques et pentues de Tbilissi à la découverte du cadavre d'un jeune français assassiné, mon attention est alors à son comble.
Tous les codes sont réunis pour que je passe un bon moment de lecture et ce fut le cas.
Au-delà de nombreuses recherches à mener pour l'enquête dans les villes thermales mais aussi dans les territoires arides proche de l'Azerbaïdjan, l'auteur n'omet pas de mentionner l'inclination de l'ogre russe à conserver son emprise sur des régions comme l'Abkhazie ou l'Ossétie.
Les personnages sont attachants et notamment celui de René Turpin, diplomate français adjoint de l'ambassadeur. Il forme un duo parfait avec l'inspecteur Shenguelia pour aller débusquer les mensonges, les couardises et autres bassesses de l'appareil politique complexe de l'ex- URSS.
Je n'en dévoilerai pas davantage sur cette intrigue particulièrement bien menée qui m'a tenu en haleine jusqu'aux toutes dernières pages.
Un dernier compliment pour la fluidité de l'écriture de l'auteur où je perçois dans chaque chapitre l'affection qu'il ressent pour cette région du Caucase où il a été lui-même ambassadeur de France.
J'ai vraiment apprécié me plonger dans le bain d'une histoire récente et rendue tellement actuelle aujourd'hui qu'elle résonne de la même sonorité funèbre que lorsque que l'on frappe sur l'émail ébréché d'une vieille baignoire, fût-elle celle de Staline.

Merci à Babelio de sa confiance dans le cadre d'une « masse critique » et à l'éditeur Seuil « cadre noir » pour l'envoi de ce roman.



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Avant tout, Je tiens à remercier les éditions du Seuil et l'opération Masse critique pour l'envoi de ce livre,

le roman se déroule en Géorgie, un pays que j'ai toujours eu envie de visiter, l'auteur a réussi à intensifier encore ce désir !
Il m'a entraîné dans divers lieux de Tbilissi mais aussi sur la route qui mène de la capitale à Tskaltubo, ville considérée du temps de l'U.R,S.S. comme la capitale du thermalisme, alors prisée par les dignitaires du parti - Staline y avait une datcha - aujourd'hui cette ville est en ruine.

L'auteur cite à maintes reprises les plats et les vins géorgiens, toutes mes connaissances revenant de ce pays m'en ont vanté les qualités.

L'on comprend aisément que Renaud Lyautey, qui y fut ambassadeur de France, aime ce pays.

L'intrigue policière débute par un meurtre, celui d'un ressortissant français, sur lequel enquêteront un policier géorgien accompagné d'un membre de l'ambassade de France.

Pourquoi ce titre bizarre La baignoire de Staline ? Je ne vous le dévoilerai pas ! Sachez cependant qu'il y aura des liens entre ce crime et des événements plus anciens…

J'ai aimé les évocations de l'histoire passée de l'Union soviétique ainsi que la relation de faits actuels, tel le soutien apporté par la Russie à la province séparatrice d'Abkazie, et la détresse de ceux qui ont dû la quitter.

J'ai aimé la construction de ce roman, malgré tout élément nouveau apporté aux enquêteurs, ils ne permettent pas de comprendre ce qui s'est passé, l'auteur créé par là un vrai suspense.

La lecture me fut dès lors facile, et agréable.


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