AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Crossroads


Il l'a voulu son rêve américain, il l'a eu, il en est revenu.
Aujourd'hui de retour en Irlande, dans le Donegal plus précisément, Barnabas Kane, sa femme Eskra et leur petit Billy, ont investi une ferme qu'ils s'échinent journellement à rendre plus productive.
Quelques têtes de bétail, quatre murs et un toit, il n'en faut pas plus à cette famille pour subsister en escomptant des lendemains qui chantent.
D'âpre, leur quotidien va devenir invivable suite à l'incendie suspect de leur étable et la mort accidentelle d'un ouvrier pure souche.
Entre hostilité générale affichée et envie de tout plaquer, les Kane vont devoir affronter une populace un brin belliciste tout en combattant leurs propres démons.

Un pour tous, tous pour eux, tel pourrait être le slogan placardé sur les ruines encore fumantes de son étable.
Barnabas a quitté le pays. Eskra et Billy n'y sont même pas nés. Ils vont payer très cher cet état de fait.
Entre paranoïa et rancoeur galopante, Barnabas va désormais évoluer en plein cauchemar éveillé.
Les amitiés d'hier n'existent plus. Ne survivent que les jalousies et les ressentiments plus coriaces que jamais.

Entre rudesse du climat, infertilité de la terre et inhospitalité de ses habitants, Paul Lynch ne fait pas dans la carte postale cliché d'une île d'émeraude aussi verdoyante, avenante et rieuse que ses autochtones.
Non, y poser ses valises, c'est prendre le risque de se faire plaquer encore et encore par un XV du trèfle belliqueux qui n'aurait d'autre but dans la vie que de vous faire bouffer votre extrait de naissance histoire de vous faire passer un message du style american go home.
Frontal et brutal, ce bouquin l'est assurément.
Il évoque la longue mais inéluctable déliquescence d'une famille au bord de l'implosion.

Si le rythme est lent, l'impression de malaise qui s'en dégage n'en demeure pas moins particulièrement vivace.
Lynch pose les bases d'un drame en devenir et n'aura de cesse de lui faire prendre corps en usant d'une prose aussi fine qu'ensorcelante.
Alternant un jour sans fin, version descente aux enfers, avec un lourd secret filial, ce récit ne lasse pas de séduire en titillant votre esprit de déduction qui ne manquera pas de faillir et chanceler sitôt la dernière page tournée.

Merci à Babelio et Albin Michel pour cette balade irlandaise qui n'en porte que le nom.
Commenter  J’apprécie          684



Ont apprécié cette critique (64)voir plus




{* *}