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Critique de LadyDoubleH


Dans ce premier roman, le jeune écrivain irlandais Paul Lynch fait preuve d'une qualité d'écriture absolument remarquable : un lyrisme sombre, une poésie, une puissance extraordinaire.

1832, du Donegal à la Pennsylvanie en passant par Derry - et une traversée terrible de l'Atlantique : c'est un destin bouleversé que nous fait vivre Paul Lynch ; celui de Coll Coyle, métayer expulsé avec sa famille par son riche propriétaire anglais. L'incident irréparable. La fuite en avant en forme de chasse à l'homme.

Dans l'ensemble ce livre m'a ravie. On y perçoit avec une acuité presque magique la vie de l'époque et certaines ambiances, par exemple le port populeux et l'attente avant l'embarquement - la traversée m'a énormément plu -, la différence de classe, la condition d'émigrant, la peur devant la maladie et la cruauté. L'instant où la vie bascule. La vie ne tient pas à grand-chose parfois, un rien nous mène à la chute, inexorable. Et en même temps la vie est terriblement tenace et fait feu de tout bois. J'ai beaucoup aimé l'épilogue.

Mais je ne suis pas en train de crier au chef d'oeuvre, car plusieurs choses m'ont agacée, chagrinée, voire déçue, durant ma lecture :
Dans la première moitié du roman, j'ai presque trouvé l'écriture « trop » travaillée, parfois au détriment de l'intrigue, qui se retrouve délayée, voire même carrément oubliée par moments, dans l'observation du grain d'un nuage ou de la rugosité d'une planche. Coyle manque de consistance et même hélas un peu de crédibilité.

Dans la suite, c'est le manque de vraisemblance qui m'a déçue à plusieurs reprises :
(Quelques illustrations nécessaires) *spoiler* Déjà, le fait que Faller et Macken traversent l'atlantique pour continuer leur traque, c'est à mon sens un peu tiré par les cheveux, mais passons, après tout pourquoi pas. Mais qu'ils rencontrent fraichement débarqués le seul ennemi que Coyle s'est fait sur le bateau, qu'ils arrivent à apprendre de lui qu'il connait Coyle, alors que le type en question est muet, et que pile la première fois que Coyle revient en ville il tombe justement sur le Muet alors que les tavernes semblent monnaie courante ? Là j'ai trouvé ça vraiment gros.
*attention, encore un spoil* Faller, sur le sol américain, tourne quasiment au psychopathe. Alors, vu ce qu'il fait et ce qu'il nous raconte, pourquoi ne s'est-il pas, avant de traverser l'Atlantique, vengé de la mort d'Hamilton en assassinant la femme et les enfants de Coyle ? Or nous savons qu'il ne l'a pas fait...
Tout cela a un peu gâché mon plaisir. Pourtant, dans cette deuxième moitié, Coyle a pris de l'épaisseur, et je me suis vraiment attachée à lui. L'amitié qu'il noue avec Cutter est formidable et j'ai beaucoup aimé leur périple américain, terrible.

Je dirais que ce livre est presque un chef d'oeuvre. Et c'est ce « presque » qui est assez frustrant : on en aurait voulu plus ! Néanmoins, ce qu'on a est de grande qualité. Ce roman est une belle lecture et un grand voyage ; je le conseille. Je lirai le deuxième roman de Paul Lynch (The black Snow) lorsqu'il sortira en français !
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