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Critique de JeanOtto


Il y a cette coquetterie autour de la ponctuation. On prend vite le pli, on anticipe du regard, les yeux balaient la page à la recherche de la prochaine pose respiratoire. Car le porc-épic, la ponctuation, il crotte dessus et décolle. Il bazarde les majuscules, points, virgules, toutes ces futilités de remplissage pour nous tailler des paragraphes monoblocs bien mignons. Il défend son histoire à la façon d'une oralité attrapée sur un papelard volant, un truc encore tout frais dans lequel notre petit pensionnaire débite un récit graissé à la philosophie de brousse.

C'est l'histoire d'une créature en quête d'émancipation dans sa Mère Savane. L'animal s'emmerde ferme au milieu de ses congénères qui semblent assez bas de plafond, communauté mi-conne mi-conformiste. Il trotte, gratte le sol en cherchant vainement de quoi l'occuper, mais peine perdue, il se fait doublement chier. Que de contrariétés pour notre narrateur, lui qui veut découvrir le monde, dépasser la rivière aux reflets orangés, quitter ce trou, cet abri tout pété... que ça lui brise menu de vivre cul-à-cul avec ses congénères plan-plan !

Il méprise ces faux péteux qui l'amputent de son individualité et n'entendent point ses idées fortes. Sans parler du grand chef, ce vieux bonimenteur de mes deux qui serine du soir au matin ses tartines de fadaises en s'ébrouant pour se donner contenance.
Bref ça le crispe le bestiau. Il se casse. Adios les tocards. Ni une, ni deux, il se mitonne une bonne et grosse aventure, se liant à la vie à la mort avec un humain pas très fandard dans des nuits marbrées de spiritualité de pleine lune.

D'un point de vue rationnel, on n'y comprend pas grand-chose. Les pages se gorgent d'une poésie surnaturelle où les personnages flippent devant des événements inexpliqués passablement inexplicables.
Bon jusqu'ici on pourrait croire que j'ai aimé si ce n'était que ce mysticisme des anciens temps mêlant craintes et superstitions m'est passé complètement dessus.

Ma sensibilité d'animal sauvage des villes a fait de la résistance devant ces légendes mêlant divinités et idoles. Des ressentis contradictoires dont des envies très concrètes de piquer du nez m'ont encerclés, et m'ont fait sortir assez vite du récit avec cette impression persistante de jouer aux devinettes.

Y a-t-il une morale ? Est-ce moi qui lit de travers ? Une critique de la superstition provinciale ? Une ode à l'émancipation et à la curiosité intellectuelle ? L'importance d'une perpétuation d'un héritage culturel ? Je n'ai tout bonnement pas pénétré les desseins de l'auteur dont l'exotisme n'a pas su sauver ma lecture.
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