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sur 498 notes
"... assieds-toi au pied d'un baobab et, avec le temps, tu verras L Univers défiler devant toi..."

J'ai fait des efforts, au pied de ce baobab...
Et pourtant, le livre avait tout pour me plaire : une fable philosophique pleine de traditions et croyances africaines, de magie noire, de références littéraires, de réflexions sur la nature humaine qui oscille sans arrêt entre son côté lumineux et son côté sombre.
Mais j'ai fini un peu comme cet idiot du proverbe chinois, cité (entre autres) dans ce livre : celui à qui on montre la Lune, et qui continue à regarder le doigt. J'ai peut-être aperçu une promesse de la Lune, une lueur, mais sans jamais réussir à perdre de vue ce doigt qui pointe. Eh bien, cela arrive...

En bonne gourmette (la variante existe t-elle ?) littéraire, je supposais que le "porc-épic" n'est qu'une métaphore, et si on réfléchit à ce concept de l'alter-ego homme/animal, nous n'en sommes pas loin. Mais l'histoire en soi est vraiment racontée par un porc-épic, qui confesse sa carrière mouvementée de tueur en série à un grand baobab, en philosophant et en gesticulant. Un soliloque ininterrompu, dont la seule ponctuation est représentée par la virgule; point de point et point de majuscule. Là aussi, j'ai compris que c'est censé nous rapprocher de la tradition orale, mais même le plus grand des conteurs doit faire une pause pour respirer, de temps en temps. Etrangement, ce procédé qui ne m'a jamais gênée chez les autres (je pense par exemple à "L'automne du patriarche" de Marquez, mais aussi un peu à "Boussole" d'Enard que je suis en train de lire), m'a laissée sans souffle en lisant "Porc-épic".

Selon la tradition africaine, tout homme a son double : soit un double paisible qui aide et qui protège, soit un double mauvais, qui nuit et qui tue. C'est aussi le cas de Kibandi. Quand il avait dix ans, son père, à l'aide de charmes et d'un breuvage magique, lui a attribué comme double notre porc-épic. Pendant l'enfance de Kibandi, l'animal est relativement tranquille, mais avec l'âge, son maître devient de plus en plus orgueilleux et susceptible. Moindre offense, moindre mot de travers signifie un arrêt de mort pour son adversaire qui va aussitôt succomber aux piquants mortels du "double" de Kibandi. Cela devient une sorte d'ivresse, une "faim", et Kibandi est un homme très affamé ! Mais voilà... sa dernière victime (évitons les spoilers), est en trop même pour son malfaisant double qui lui doit obéissance. Certaines transgressions sont dangereuses, et Kibandi va mourir à son tour. Son double devrait mourir en même temps, et il a peur, très peur... comment cela se fait-il qu'il soit toujours vivant ?
Même si la quatrième de couverture l'insinue, les meurtres ne sont pas au centre du roman. C'est plutôt le message qu'on peut se dresser contre son destin, et qu'il n'est jamais trop tard pour une prise de conscience. L'animal finit par douter des agissements de Kibandi, donc de ses propres actes. Il se cherche des excuses pour continuer à tuer, mais il finira par désobéir, ce qui va (probablement) lui sauver la vie.

On a des réflexions sur l'histoire de l'humanité, Jésus Christ, la littérature, les traditions africaines et la culture occidentale. Mabanckou peut être satirique, et il commente parfois assez durement le monde occidental - la scène avec le cercueil, où les occidentaux voient eux-mêmes comment un mort peut identifier son meurtrier, est assez comique - mais il n'hésite pas non plus à taper dans ses propres rangs : le vieux porc-épic qui se comporte comme un dictateur est une référence à la scène politique au Congo. Tout cela baigne dans une étrange atmosphère magique... alors oui, je crois que j'ai saisi le potentiel parodique , mais le livre m'a paru long, très long, la magie noire n'a pas opéré et, malheureusement, tout ce qui est important, je l'ai trouvé un peu caricatural et plat. Un autre livre sur le "coeur d'homme", écrit d'une façon très originale, mais j'y ai cherché en vain ce "quelque chose de plus", une petite révélation.
Voyez-vous, même quand je vais par exemple chez Lidl, j'ai toujours une idée assez précise de ce que j'en ramène, mais dans le cas de ce récit, j'hésite encore... Lidl vs littérature, 1:0.
Il y a certains bons moments, donc 2/5, mais je mets définitivement le réalisme magique du Congo dans ma boîte imaginaire de choses que je ne veux plus jamais rencontrer, avec la bière à la lavande, les Teletubbies et la musique de David Guetta.
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Pas de majuscule, pas de point. Les seuls signes de ponctuation sont des virgules et quelques guillemets. Déroutant … des phrases qui font plusieurs pages ne m'ont certainement pas permis d'apprécier ce conte à sa juste valeur.
Chaque être humain à son double dans la nature, pour Kibanbi, c'est un porc-épic, que son maitre charge de perpétrer, à l'aide de ses piquants, des meurtres parmi les villageois de son entourage. Kibandi mort, le vieux porc-épic sait qu'il lui reste peu de temps à vivre, il en profite pour se confier à un baobab.
C'est toujours une frustration d'arrêter un livre, il y a une certaine culpabilité de penser que la rencontre n'a pas eu lieu et d'en être responsable.
- Bah t'auras un gage !
- Ah oui lequel ?
- Lire un autre livre de l'auteur.
- Dommage ! Je m'attendais à quelques coups de fouet.
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"Mémoires de porc-épic"est un roman du franco-congolais , Alain Mabanckou .Ce dernier est à la fois écrivain et enseignant ,installé en France .Pour le roman cité en haut , l 'auteur a reçu le Prix Renaudot en 2006 .Il a reçu aussi d 'autres récompenses telles :Prix Goncourt des lycéens ,Grand Prix littéraire de l 'Afrique Noire .Belle carte de visite ! Première remarque qui saute aux yeux au cours de la lecture :on y trouve comme ponctuation que la virgule .
"Mêlant à la fois la fable ,le conte et le fantastique ,Mémoires de porc-épic est traversé par la parole ,les symboles et l 'éloge de la littérature ,avec référence à Ernest Himingway , Edgar Allan Poe , Luis Sépulveda , La Fontaine etc " .
"Mémoires de porc-épic", est un roman raconté par un porc-épic qui est le
"double" d' un être humain , Kibandi ,mais un double "nuisible"à la différence des "doubles pacifiques"qui protègent et recherchent le bien ,les doubles nuisibles sont destinés au mal .Alors qu 'il attend sa mort d 'un moment à l 'autre , le porc-épic narrateur raconte son histoire à un baobab pour expliquer comment il s 'est trouvé pendant des années en association avec un être humain qui lui confiait des missions pour le moins étranges .Ils avaient la même vie ,le même souffle et ,liés pour le meilleur et pour le pire , ils étaient censés mourir le même jour et à la même heure puisque
l 'un n 'était que le prolongement de l 'autre .Mais voila que Kibandi est assassiné et que ,par surprise , le porc-épic est encore en vie ! Pourquoi n 'est-il pas mort avec son "maître" ? Il sait que ses heures sont désormais comptées ,et il doit se confier avant qu'il ne soit trop tard et qu 'on ne garde de lui que l 'image d 'un animal méchant" .
Une lecture pas du tout aisée mais tout de même on arrive à lire cette parodie et on apprécie , aussi , l 'ironie de l 'auteur .
Alain Mabanckou est considéré comme l 'une des voix majeures de la littérature francophone actuelle .

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Mémoires de porc-épic est le second volet d'une trilogie inaugurée par Verre Cassé, que je n'ai pas lu (mais ça ne va pas tarder ! ) L'idée est la réception d'un manuscrit écrit par ce fameux Verre Cassé

Parodiant librement une légende populaire selon laquelle chaque être humain possède un double animal dans la nature, il nous livre l'histoire d'un porc-épic, chargé par son alter ego humain, Kibandi, d'accomplir, à l'aide de ses redoutables piquants, toute une série de meurtres. Pour le plus grand désespoir des villageois qui ne satisfont pas les exigences de son maître, le porc-épic est bien obligé d'obéir, pendant plus de quarante ans.

Une fois son maître mort, au crépuscule de sa vie, le vieux porc-épic décide de se confier à un baobab, et d'expliquer quelle a été sa vie. “la parole, me semble t-il, délivre de la peur de la mort, et si elle pouvait m'aider à la repousser, à lui échapper, je serais alors le porc-épic le plus heureux du monde”. de sa vie en groupe de porc-épic à son lien avec son maître, lorsqu'il devient un “double nuisible”, jusqu'aux exactions qu'il commet, il n'omet rien et se dépouille devant nous.

“J'appartiens plutôt au groupe des doubles nuisibles, nous sommes les plus agités des doubles , les plus redoutables, les moins répandus aussi, et comme tu peux le deviner la transmission d'un tel double est plus compliquée, plus restreinte, elle s'opère au cours de la dixième année du gamin, encore faut-il parvenir à lui faire avaler le breuvage initiatique appelé mayamvumbi, l'initié le boira régulièrement afin de ressentir l'état d'ivresse qui permet de se dédoubler, de libérer son autre lui-même, un clone boulimique sans cesse en train de courir, de cavaler, d'enjamber les rivières, de se terrer dans le feuillage quand il ne ronfle pas dans la case de l'initié, et moi, je me retrouvais au milieu de ces deux êtres, non pas en spectateur puisque, sans moi, l'autre lui-même de mon maître aurait succombé faute d'assouvir sa gloutonnerie…”

Le roman prend donc la forme d'un récit atypique, sans ponctuation ni majuscules (ce qui demande 10 minutes d'adaptation), raconté d'un trait par le porc-épic qui devient finalement très attachant. Mabanckou détourne ainsi la forme traditionnelle du conte africain et de la fable, avec beaucoup d'humour et de verve. le porc-épic émaille en effet son récit de réflexions sur la nature humaine, qu'il a appris à connaître et qui nous nous interroger sur la cruauté et la volonté de puissance de tout individu, à n'importe quelle échelle de la société. Il critique à plusieurs reprises en particulier la déformation qui oblige les Occidentaux à vouloir tout explique …

“car, mon cher Baobab, ces hommes qui vont en Europe, nom d'un porc-épic, deviennent si bornés qu'ils estiment que les histoires de doubles n'existent que dans les romans africains, et ça les amuse plutôt que de les inciter à la réflexion, ils préfèrent raisonner sous la protection de la science des blancs, et ils ont appris des raisonnements qui leur font dire que chaque phénomène a une explication scientifique”.

Or ici, superstitions, magie, croyances, meurtres, tout explose en un magnifique cocktail très concentré, en restant un formidable conte terriblement dépaysant.

Un livre écrit dans un souffle. Et qui se lit dans ce même souffle. Fascinant.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Les confessions à un baobab d'un porc-épic, animal destiné à être le double "nuisible", véritable bras armé d'un humain maléfique aux velléités de tueur.
Plutôt une bonne surprise que ce court roman, à la fois petit récit un peu philosophique et conte africain.
Dépaysant donc, bien écrit et à la lecture facile car divisée en petits chapitres fluidifiant le style particulier, sans majuscules ni ponctuations, reflet du monologue exclusif continu de cet animal intelligent et cultivé.
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Il y a longtemps que ce roman me faisait de l'oeil après Petit Piment que j'avais adoré. Celui-ci est étrange. Un porc-épic est le double d'un charpentier qui lui commande des meurtres. Souvent, parce que des individus l'ont tout simplement énervé. L'action se passe dans l'Afrique des croyances et légendes. Ce qui donne parfois des scènes drôles comme celle où le cadavre fait bouger le cercueil et se dirige chez celui qui l'a tué. Un passage de souvenirs où il décrit des romans qui nous permettent de deviner lesquels. J'ai quand même eu du mal à me mettre dans la peau des personnages. Une écriture qui devient à la mode avec aucun point ni majuscule.
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Je suis sans doute trop classique dans mes lectures car dès les premières pages, j'ai senti que j'aurais du mal avec le style. Je n'arrive pas à apprécier l'ambiance Africaine à travers ce conte.
Je le regrette vraiment au regard des très belles critiques élogieuses.
Je n'aime pas arrêter un livre en cours, surtout quand je sais qu'il est majoritairement apprécié car j'ai bien conscience de rater quelque chose.
Bien sûr, je me dis que je le reprendrai plus tard, à un autre moment plus favorable, mais vu la PAL devant moi et toutes mes envies de lectures, je dois rester honnête et dire Adieu à ce livre.
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Dans certains pays d'Afrique, on raconte que chaque être humain a son double. Il peut être nuisible ou pacifique. Celui dont il est question ici est nuisible et même complice des crimes de son semblable. Jusqu'au crime de trop ? le doute va-t-il entraîner la distance et même la rupture entre les deux êtres ?

Ce porc-épic était le miroir de Kibandi, sans l'avoir choisi, sans l'avoir demandé. Leurs parcours de vie se sont dessinés pour ensuite se confondre par une avalanche d'enchaînements de situations. Quelle est la part de déterminisme dans ces deux destins ou le double animal peut apparaître comme une conscience incarnée ?

Sous prétexte de légende, Alain Mabanckou dresse deux portraits condamnés à composer avec leur entourage et surtout avec eux-mêmes. Je n'ai malheureusement pas été emportée par le genre de ton choisi pour étayer le propos.


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Le vieux Porc-épic a trouvé comme seul confident, le baobab. Kipandi son maître vient de mourir et il a bien des choses à lui raconter. Telle est la fable qui débute dans ce roman singulier, drôle, plein du mystère africain… Une mise à nu de la noirceur humaine sans concessions.

Alors qu'il n'était encore qu'un enfant, Papa Kibandi a initié Kipandi en lui faisant boire le mayamvumbi afin qu'un double animal se charge de le débarrasser de tous ceux qui entravent son chemin.
Les scènes cocasses avec les villageois ou avec des ethnologues venus tenter comprendre comment les morts sont les seuls capables de dire qui les ont mangés, entendez par là, tués… s'enchainent sans laisser de répit au lecteur.

Un récit mené tambour battant, sans ponctuation, Alain Mabanckou est un conteur de talent.
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En sortant du bar "Le crédit a voyagé", lieu d'histoires loufoques racontées dans "Verre cassé", le lecteur curieux de la suite se retrouve dans un village africain où le fantastique se lie avec la réalité.
Dans ce contexte, les animaux parlent entre eux, aux humains et aux arbres.

Le porc-épic du récit a cette faculté extraordinaire et se présente aussi comme le double d'un alter égo humain du nom de Kibandi. Lequel est un être peu recommandable puisqu'il ordonne de tuer les gens qui ne lui plaisent pas. Charge que doit exécuter le porc épic.

L'histoire ne manque pas de références sur la culture africaine et Mabanckou, en professeur malicieux, s'amuse à la parodier en la tournant en dérision.

De l'humour, des apports culturels et des crimes à élucider. Tout cela aurait du me plaire, mais je n'ai pas éprouvé d'émotion. La première centaine de page m'a paru ennuyeuse et ce ne fut donc une déception même si la fin est plus relevée.

Peut-être une question de rythme. Même si l'auteur manie la langue sans les points avec brio, ce récit manque étonnamment de rythme.
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