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Citations sur Un enterrement dans l'île (7)

Mes chants sont kandym sur la Terre vaine

Par-dessus tout, je maudis et combats
La perle lépreuse de la culture capitaliste
Qui ternit tout ce à quoi elle ne peut donner
Son éclat superbe.

Dans sa faculté de créer se cachent quelque part
Un vice, une qualité absurde et capricieuse
Qui n’apporte aucune réponse humaine,
Mais un vide diabolique.

Pour les grandes masses humaines la culture capitaliste
Ressemble à la gestion prédatrice par l’Amérique
De sa forêt, de ses pâturages, de ses terres labourées
Qui amplifie les inondations et qui en saison sèche
Réduit l’écoulement des rivières à un filet d’eau.

Cent millions d’arpents, qui faisaient vivre
Un million de familles, complètement détruits par l’érosion,
Neuf millions d’arpents détruits par le vent,
Et des centaines de millions d’autres endommagés,
Forêts rasées à la hâte,
Sols détruits par le feu,
Pâtures changées en désert,
Bouleversement tragique de l’hydrologie
Qui fait que l’eau ruisselle
Au lieu de s’infiltrer dans le sol
Afin d’abreuver les plantes et remplir les puits et les sources,
Et les bâtisseurs de digues en essayant de gagner
Le Mississippi de vitesse, le dressent sur des pilotis
D’où tôt ou tard il retombera.

Maîtrise de l’érosion, régulation des fleuves,
Contrôle des inondations, de l’envasement, de l’énergie hydroélectrique.
Je me détourne du spectacle affligeant
D’un gaspillage sans limite et me mets à, comme on dit,
Gad im ghainimh (entourer le sable d’osier).
La végétation finira par pousser dans le sable
Si on ne la dérange pas. Cela prendra du temps.
Cependant la végétation parvient à s’établir
Sur plusieurs milliers d’années,
Et ma poésie sera comme le kandyn
Qui n’avance pas pied à pied
Mais fait des bonds en avant, saute en l’air.
Et la petite graine saute à sa suite comme une balle.
Le sable vient après, mais le sable est plus lourd
Et ne peut rattraper la petite graine
Et l’enterrer. Mais quand la graine s’enracine,
Quand le buisson grandit, le buisson ne peut imiter
La graine et sauter.
Comment va-t-il se protéger
Du sable qui par vagues empiète ?
Il n’est pas si facile d’enterrer le kandym.
Il ne possède pas de branches comme
Le pêcher ou l’abricotier : ses branches
Sont minces et ne portent pas de feuilles.
Quand le sable avance, le kandym ne cherche pas à l’arrêter,
Il le laisse couler entre ses branches,
Il lui fait une place.

Mais les vents de sable sont si forts
Qu’ils finissent par enterrer le kandym.
Alors une course de vitesse s’engage : la dune grandit, le kandym grandit.
La dune grandit plus vite, le kandym grandit encore plus vite.
Et quand la dune a atteint sa plus haute taille,
On découvre que la plante l’a dépassée.
Ses petits poils verts s’agitent dans le vent
Au sommet de la dune.
Elle a non seulement gagné en hauteur, elle s’est ramifiée.
Ses branches sortent de la dune tout entière.
Le vent poursuit sa route, abandonnant
Une bonne moitié de son sable.
Ainsi le petit kandym a arrêté la progression de la dune,
La changeant en un monticule
Couvert de végétation.

N’y a-t-il pas un ultime danger ?
Le vent peut-il déplacer le sable
Et mettre les racines à nu ?
Le kandym sait aussi se battre contre le vent.
À plat il fait courir de petites racines
Qui fixent le sable sur place.
De cette façon il retient la terre
Et en fait une position stratégique.
Mes chants sont kandym sur la Terre vaine.
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L’avenir de la poésie

La poésie est-elle morte ? Les guerres, l’Âge des Robots, l’effondrement de la civilisation,
Tout cela dérange et fâche, il est vrai
– Mais seulement à la façon dont le pêcheur, après que la poule d’eau a pris son envol dans les éclaboussures,
Pendant une minute ou deux voit fuir le poisson qui remontait à la surface !
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La poésie est-elle morte ? Les guerres, l’Age des Robots, l’effondrement de la civilisation
Tout cela dérange et fâche, il est vrai
– Mais seulement à la façon dont le pêcheur, après que la poule d’eau a pris son envol dans les éclaboussures,
Pendant une minute ou deux voit fuir le poisson qui remontait à la surface !

*

Is poetry done for? Wars, the Robot Age, the collapse of civilization,
These things are distracting and annoying, it is true
—But merely as to an angler a moorhen’s splashing flight
That only puts down a rising fish for a minute or two!

***
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Conseil aux jeunes écrivains

De jeunes écrivains me demandent une règle de conduite.
Je leur réponds ainsi, peut-être de la façon la plus profitable :
« Souvenez-vous, la meilleure neige pour faire du ski
Est aussi celle qui entraîne les avalanches. »

Ou encore : « Un écrivain est un univers dont les instants
Ne peuvent se traduire en équations et dont les forces dérégleront toujours
Les quadrants de la science. Seule la terre peut être écrite par ses saisons.
Les compartiments étanches ne sont utiles que pour le navire qui coule. »

Ou encore : « Rappelez-vous comment, séparés de la forêt,
Les arbres tendent à devenir caducs
Qui autrement auraient gardé un feuillage persistant. »
De tels faits nous montrent le chemin.
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Comme font les amants

Au comble de la passion moi aussi
Comme les amants
Je ne peux parler d’une voix brisée
Que de petits riens.

L’idiotie incohérente
Je ne le sais que trop bien
Est la seule langue
Que Dieu peut entendre.
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La mort de Skald

J’ai connu tous les orages qui grondent.
J’ai été chanteur à la manière
De mon peuple – poète passionné/
Tout cela appartient au passé.
Le calme est descendu dans mon âme.
La tempête de la vie s’est apaisée.
Je repose enfin
Oiseau de la falaise sous le soleil de minuit.
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L’arme
L’acier trempé de l’Ecosse passé au feu de l’Irlande
Est l’arme que je veux.
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