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Critique de Renod


« Je suis du côté de la justice, quand j'arrive à la voir. Quand je n'y arrive pas, je suis du côté des pauvres gars. » Cette déclaration résume la vision éthique et humaniste de Lew Archer. Lorsqu'il croise le chemin d'une vieille indienne fouillant une poubelle, il est saisi par l'intensité de son regard chargé d'humanité. Il dénonce le racisme latent de la société américaine dans plusieurs passages. La ville de Bella City est composée de deux communautés distinctes, la première est blanche et aisée, la seconde est populeuse et est noire ou hispanique. Une infirmière de couleur peine à trouver un emploi correspondant à ses qualifications. Elle ne peut pas réserver une chambre d'hôtel. Une mère accepte les fantaisies et les fugues de son fils prodigue mais elle se sentira insultée si vous insinuez qu'il est parti aux bras d'une Afro-américaine. Enfin, il y a le comportement du lieutenant de police qui étale sans complexe ses préjugés raciaux. A ses yeux, un suspect noir est forcément coupable. Il faut garder en tête que le roman a été publié en 1952 dans un pays où des villes appliquent toujours la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Cette dénonciation est donc loin d'être anodine.

Pour ce qui est de l'enquête, Archer déclare : « Il y a beaucoup de monde dans cette affaire, alors ça ne peut pas être simple. » Et effectivement, l'histoire est complexe. Une femme petite et trapue se présente au bureau du détective sous une identité qui s'avèrera fausse. Elle demande à Archer de trouver une ancienne employée qui serait partie en emportant des bijoux. Il la trouve quelques heures plus tard mais il va découvrir que cette jeune femme de couleur est liée à une autre affaire. Une millionnaire californienne offre une récompense de cinq mille dollars à toute personne qui retrouverait son fils Charles, disparu mystérieusement depuis plusieurs jours. Archer traversera des quartiers populaires et foulera le gazon de résidences luxueuses et il rencontrera au cours de son enquête plusieurs spécimens de la faune californienne : un médecin dépravé, un truand syphilitique, une beauté fatale & fanée, un peintre atypique…

Le récit est admirablement construit autour de la fameuse énigme : « Où est Charlie ? ». J'apprécie particulièrement les descriptions de Ross Macdonald « 5L'asphalte de la nationale se déroulait sous mes phares comme un vieux ruban de machine à écrire »), sa douce ironie (« des hommes qui n'ont jamais vraiment à prendre le moindre risque. Sauf peut-être pour ce qui concernait leurs choix d'épouses » et avant tout, son humanisme.
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