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Critique de TheReadTripper


La grimace d'ivoire est le quatrième roman de John Ross MacDonald paru en 1952 aux Etats-Unis. Il a été publié une première fois en France en 1953 sous ce titre originel aux Presses de la Cité, avant de reparaître une soixantaine d'années plus tard aux éditions Gallmeister sous un titre légèrement différent : le sourire d'ivoire.
On y suit un détective privé travaillant à Bella City, Lew Archer. Il est commandité par une riche femme mystérieuse qui le somme de suivre une autre femme, noire, qu'elle soupçonne d'avoir volé des bijoux. Archer accepte, même si cette mission lui paraît saugrenue tant c'est un travail que sa cliente pourrait faire elle-même. Il suit donc sa cible, dénommée Lucy Champion, jusque dans un motel miteux où elle trouve la mort. Alors que son fiancé est accusé du meurtre (l'arme du crime est un coutelas lui appartenant), Lew Archer trouve un détail intrigant sur le corps de Mrs. Champion : une coupure de journal parlant d'un riche héritier, Charles A. Singleton, porté disparu. Voilà que l'affaire s'épaissit, se complexifie.
On parle beaucoup d'un triangle d'or, dans le monde du polar noir, figuré par Dashiel Hammett, Raymond Chandler et John Ross MacDonald. Reprenant le concept du détective privé insolent mais loin d'être idiot, MacDonald s'impose effectivement comme un maître du genre, et le sourire d'ivoire – désolé, je vais prendre la dernière traduction en date – est son chef-d'oeuvre.
Les détraqueurs du genre stipuleront que c'est toujours plus ou moins la même histoire et on ne peut vraiment pas leur donner tort. Cela dit, c'est au niveau du traitement que la différence va se jouer et l'auteur réussit particulièrement bien son coup. Lew Archer relève parfois davantage du justicier que du détective privé, croyant à l'innocence du suspect numéro 1 concernant le meurtre d'une jeune noire dans un motel sordide, et doutant fortement de l'intégrité de sa cliente et de quelques personnes auxquelles il a à faire, à l'image de cette femme d'un médecin qui paraît d'entrée de jeu manipulatrice et fourbe. Il croise à plusieurs reprises un autre détective privé, engagé par la même personne, et dont la seule motivation reste l'argent et, peut-être le sexe.
Finalement, peut-être que cette histoire de vol de bijoux n'est qu'un prétexte, d'autant plus que la commanditaire porte un faux nom au moment où elle se présente à Lew Archer.
Notre détective privé évolue dans un monde ultra-violent, raciste, faux. Ce pourrait être les Etats-Unis des années 1950 comme ça pourrait être ceux des années 2010-2020. La ségrégation raciale existe toujours de manière officieuse, les lynchages subsistent toujours ; le Klu Klux Klan, bien que devenu une organisation illégale, laisse ses tentacules s'immiscer dans les affaires publiques.
Archer tente de raisonner les racistes, d'innocenter les types louches, et il y arrive, son intégrité n'étant jamais corrompue. On pourrait se dire que c'est trop beau pour être vrai, et ça l'est sans doute, ça manque de réalisme, surtout pour un polar noir – soit une plongée simple et directe dans l'humanité la plus crasse, la plus sombre et donc irrécupérable.
N'étant pas un fan absolu du polar – je ne lis qu'un hard-boiled par an, et encore -, je ne suis pas très objectif concernant ce roman qui m'a pourtant fait passer un excellent moment. Il se lit vite et bien, la plume de McDonald n'étant pas dénuée d'une certaine poésie et sonne encore comme un roman contemporain de part ses multiples thématiques malheureusement encore, pour certaines d'entre elles, trop actuelles.
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