AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La famille St. John, Tome 3 : L'amour en 11 scandales (5)

Elle tourna les talons et s’enfuit, craignant d’être malade si elle restait une minute de plus dans cette maison. Un valet ouvrait déjà la porte vers laquelle elle se précipita, les yeux brouillés de larmes. En sentant l’air vif sur son visage, elle remercia le ciel. Elle était sauvée. Du moins, elle l’aurait été. S’il n’y avait eu les légumes. Trop tard, elle se rappela que les marches étaient jonchées de produits de la récolte. Emportée par son élan, elle posa le pied sur un potiron, et toute la pyramide s’effondra. Mariana poussa un cri en la voyant tomber, entraînant dans sa chute une vague de citrouilles, d’oignons et de courges, qui dévalèrent les marches et se retrouvèrent avec elle au bas des marches. Quand elle ouvrit les yeux, elle était entourée de légumes, dont la plupart s’étaient écrasés ou avaient éclaté, répandant leur chair sur les pavés. Un navet roula devant elle et vint s’échouer contre la roue d’une voiture – tel le dernier soldat tombé au champ d’honneur.
-Oh, mon Dieu ! Perchée en haut du perron, Mariana avait les yeux écarquillés et la main plaquée sur la bouche. Deux valets attendaient derrière elle, s’interrogeant visiblement sur la conduite à tenir. Juliana commença à rire. Un rire inextinguible, impossible à maîtriser. Un rire dans lequel elle laissa libre cours à sa tristesse, à sa frustration, à sa colère. Essuyant une larme au coin de ses yeux, elle constata que Mariana riait aussi… ainsi que les deux valets. Juliana repoussa les légumes, qui allèrent rejoindre les autres. L’un des domestiques vint l’aider à se relever, et elle découvrit alors l’étendue des dégâts. Le décor était ruiné, et il faudrait nettoyer les marches avant que les invités quittent le bal. Sa jolie robe de soie rose était couverte de graines et de pulpe écrasée. Mariana continuait de rire, à la fois amusée et horrifiée.
(...)
-Vous en avez… partout ! s’exclama-t-elle avec un grand geste de la main.
-Je suppose que ce serait trop demander que l’une de ces voitures soit la vôtre ? Mariana balaya la file du regard.
-Pas du tout. C’est celle-ci, répondit-elle en indiquant l’un des véhicules.
-Enfin, quelque chose qui tombe bien ! Mariana ouvrit son réticule et en sortit une poignée de pièces d’or.
-Si vous pouviez oublier qui, exactement, a détruit le décor de votre maîtresse… suggéra-t-elle en glissant les pièces aux valets avant de rejoindre Juliana qui grimpait déjà dans la voiture.
-Vous croyez qu’ils se tairont ? s’enquit cette dernière.
-J’ai l’espoir qu’ils aient pitié de vous. Juliana se carra sur la banquette en soupirant. Alors que le véhicule s’ébranlait, elle lâcha :
-Il faut tout de même me reconnaître un mérite.
-Lequel ?
-Je ne suis pas du genre à m’évanouir discrètement dans la nuit.
Commenter  J’apprécie          30
-Vous n’imaginez quand même pas qu’ils vont vous croire ! Une fille à peine légitime, et tolérée dans la bonne société que parce que son frère est marquis. Vous ne pensez pas non plus qu’il vous croira, j’espère. Après tout, vous êtes la fille de votre mère. La fille de votre mère. Elle avait beau faire, ces paroles étaient une insulte à laquelle elle ne pourrait jamais échapper.
-Ils ne vous croiront pas, s’entêta-t-elle en levant le menton, parce qu’il semblera impossible que j’aie voulu de vous, porco ! Il fallut quelques secondes à Grabeham pour traduire le mot italien. Le mot porc flotta un instant entre eux, en anglais et en italien, puis Grabeham tendit sa grosse main.
Commenter  J’apprécie          00
-Oui, j’imagine qu’il ne doit pas être facile de faire honneur à une réputation telle que la vôtre, observa-t-il. Elle n’avait jamais rencontré non plus pareil crétin. Elle se recroquevilla, bénissant la pénombre. Elle était habituée aux insultes, aux suppositions qu’entraînait le fait qu’elle soit la fille d’un marchand italien et d’une marquise anglaise qui avait abandonné mari et enfants… s’excluant ainsi de la haute société londonienne. Ce dernier point était le seul qui suscitait chez Juliana un soupçon d’admiration pour sa mère. Elle aurait aimé dire à ces aristocrates ce qu’ils pouvaient faire de leur étiquette ! À commencer par le duc de Leighton, qui était de loin le pire de tous. Ce qu’il n’était pas au début.
-Pourriez-vous faire arrêter cette voiture et me laisser descendre ?
-Je suppose que les choses ne se passent pas comme vous l’aviez prévu ?
-Comme je l’avais… prévu ? répéta-t-elle, éberluée.
-Allons, mademoiselle Fiori, vous croyez que je ne sais pas quel était le but de ce petit jeu ? Vous arranger pour être découverte dans ma voiture - l’endroit idéal pour un rendez-vous clandestin –, devant les marches de la demeure de votre frère, au cours d’une des réceptions les plus en vue de la saison ? Juliana arrondit les yeux.
-Vous croyez que je…
-Non. Je sais que vous vouliez me piéger pour vous faire épouser. Et votre plan, dont je suppose que votre frère ignore tout tant il est ridicule, aurait pu fonctionner avec un autre homme, portant un titre moins prestigieux que le mien. Mais je vous assure qu’avec moi cela ne marchera pas. Je suis duc. Dans une confrontation, ma parole prévaudrait sur la vôtre. En fait, je vous aurais volontiers laissée ruiner votre réputation devant Ralston House si je n’étais pas redevable à votre frère en ce moment. Vous l’auriez bien mérité pour avoir monté cette petite farce. Sa voix était calme, posée. Comme s’il avait déjà eu cette conversation un nombre incalculable de fois auparavant et qu’il n’y voyait qu’un inconvénient mineur – l’équivalent d’une mouche tombée malencontreusement dans sa bisque de homard tiède et sans saveur, ou toute autre soupe consommée par ces snobs anglais. Quel être pontifiant, arrogant… Une bouffée de colère la balaya, l’obligeant à serrer les dents.
Commenter  J’apprécie          00
-J’ai fait envoyer un message à Ralston pour qu’il vienne vous chercher. Vous pouvez attendre dans… Il se tut brusquement, et elle leva les yeux. Le duc s’était rembruni. Si elle ne l’avait pas mieux connu, elle aurait pu croire qu’il était soucieux. Mais elle le connaissait.
-Dans ? fit-elle, se demandant pourquoi il se dirigeait vers elle.
-Seigneur, que vous est-il arrivé ? Quelqu’un vous a attaquée. Ils se trouvaient à présent dans le bureau. Leighton versa deux doigts de whisky dans un verre de cristal, et s’approcha du gros fauteuil de cuir dans lequel elle était assise. Il lui tendit le verre, qu’elle refusa.
-Non, merci.
-Vous avez tort. L’alcool vous calmerait.
-Je n’ai nul besoin d’être calmée, Votre Grâce. Le duc étrécit les yeux. Grand, insupportablement beau, extraordinairement sûr de lui – à croire que jamais personne n’avait jamais osé le défier –, il était l’incarnation du noble anglais. Jamais défié jusqu’à maintenant, rectifia Juliana mentalement.
-Vous niez avoir été agressée ? Elle haussa nonchalamment une épaule et garda le silence. Que répondre ? Quoi qu’elle dise, cela se retournerait contre elle. Il soulignerait, de ce ton impérieux et arrogant qui était le sien, que si elle s’était comportée comme une vraie dame… si elle s’était souciée de sa réputation… si elle s’était conformée à l’étiquette britannique, au lieu de suivre sa fantaisie italienne… tout cela ne serait pas arrivé. Il la traiterait comme le faisaient tous les autres. Comme il le faisait depuis qu’il avait découvert son identité.
-Quelle importance ? Vous déciderez que j’ai organisé toute ma soirée dans l’espoir de prendre un homme dans mes filets pour l’obliger à m’épouser. Ou vous inventerez une autre théorie tout aussi ridicule.
Commenter  J’apprécie          00
-Lady Pénélope Marbury. Ralston poussa un long sifflement.
-Fille de marquis. Réputation impeccable. Une lignée qui remonte à plusieurs générations. L’union la plus parfaite qu’on puisse rêver. Et fortunée, par-dessus le marché. C’est un excellent choix. Simon avait pensé à tout cela, bien sûr, toutefois, l’entendre de la bouche de Ralston le hérissa.
-Je n’apprécie pas que vous parliez des mérites de ma future duchesse comme s’il s’agissait d’un cheval de prix.
-Désolé, j’avais l’impression que vous aviez sélectionné votre future duchesse comme s’il s’agissait d’un cheval de prix, justement. Cette conversation mettait Simon mal à l’aise. C’était vrai. Il n’épousait lady Pénélope que pour ses origines irréprochables.
-Après tout, ce n’est pas comme si les gens s’attendaient que le grand-duc de Leighton fasse un mariage d’amour.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (45) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Amants de la Littérature

    Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

    Hercule Poirot & Miss Marple
    Pyrame & Thisbé
    Roméo & Juliette
    Sherlock Holmes & John Watson

    10 questions
    5307 lecteurs ont répondu
    Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}