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Critique de Ambages


« La vallée était comme aujourd'hui, moi-même à cette même place, lorsque je vis l'inimaginable gouffre qui bâille entre les deux mondes : le monde de l'esprit, et celui de la matière, s'ouvrir devant moi, tandis qu'au même instant un pont de flamme jaillissait entre la terre et la rive inconnue, comme pour mesurer l'abîme. »

Un médecin fait une expérience pour tenter de sonder les forces de l'ombre, celles qui dépassent l'entendement humain et sont recouvertes d'un voile. Il recherche le « monde réel », autre que celui que nous voyons, touchons. Et pour cela, il ne recule devant rien.

« Si vous voyez de la vase à la surface d'une rivière, vous pouvez être certain qu'elle vient du fond ; j'allai au fond. »

Mais l'expérience tourne court. Des années plus tard, des hommes se suicident dans Londres sans raison apparente. Dès lors, par propos rapportés de différents observateurs, certains recherchent ce qui a pu conduire ces malheureux à cette issue fatale.

« Je me propose de chercher la femme qu'il avait épousée. ''Elle'' est le mystère. »

Cette nouvelle d'Arthur Machen est assez curieuse en ce qu'elle suggère l'angoisse plus qu'elle ne dit de l'épouvante. le lecteur imagine au travers des descriptions relatées par les chroniqueurs. Ceux qui ont eu la malchance de voir l'indicible et ne peuvent exposer avec précision l'horreur qui les tétanise. le lecteur est tenu en haleine au travers des yeux des conteurs.

Par ailleurs, ces conteurs sont eux-mêmes en quête de réponses et nous suivons l'évolution de leurs recherches au même rythme qu'eux, la peur se faufilant à chaque nouvelle découverte, toujours parcellaire, de page en page le lecteur avance à tâtons.

« La forme de l'homme existait encore, mais tout l'enfer l'habitait ; la luxure furieuse, une haine pareille à du feu, et l'angoisse qui semblait hurler dans la nuit malgré les dents serrées, et les ténèbres du désespoir. »

Ce 19ème siècle aimait les choses mystiques et l'écriture de l'auteur est travaillée de manière à rendre les peurs survoltées : « ...les forces secrètes et redoutables qui sont au coeur de toutes choses, les forces devant qui l'âme humaine se fane et meurt, noircie comme le corps même le serait par des courants électriques. »

C'est assez amusant de voir qu'à l'origine de l'expérience point n'est de table tournante ou de médium, mais un scientifique, un médecin qui a une vision complètement folle. Non seulement il considère que son expérience doit se faire sur un être humain qui deviendra ainsi le médium permettant le contact entre les deux mondes, mais que ce cobaye lui appartient « Je pense que sa vie est à moi, pour en user à ma convenance. » Ajoutons à cela que c'est une femme... et voilà « ''Elle'' est le mystère. » La femme de l'expérience s'appelait Mary.

« Je puis créer le courant et établir la communication entre ce monde des sens et... l'avenir nous fournira la fin de la phrase. »

Suspens...
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