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Critique de ChristianLV


Bonsoir,

J'ai lu il y a quelques années LE PRINCE, de Machiavel. Et j'ai jugé que c'était bien injuste pour lui que l'adjectif "machiavélique" ait aujourd'hui un sens péjoratif.

Machiavel n'est pas un puissant de son temps. Un temps diplomate pour Florence, en particulier auprès de la cour de France, il prend conscience du peu d'influence de la cité qu'il représente auprès des grandes cours. Pour peser sur les décisions, il faut disposer d'une puissance certaine ... C'est une réalité qu'il expérimente.

A cela s'ajoute sous ses yeux, le triste spectacle des grands seigneurs italiens qui s'entre-déchirent, font dépendre leurs succès de telle ou telle alliance avec telle ou telle nation étrangère : l'Espagne (pour le royaume de Naples), ou bien la France. Et puis il y a ce que font les Papes.

Bref, comme de nombreux italiens de l'époque, Machiavel se lasse des invasions permanentes des Français, des Espagnols, des mercenaires, des guerres intestines et de leurs dégâts : c'est toujours le peuple qui paie la facture au final, car tous ces guerriers parasitent les territoires qu'ils ravagent. Et se prend à rêver d'un peu de stabilité politique.

Observateur et pragmatique, admirateur de Laurent de Médicis "le Magnifique", il espère en lui le prince capable d'unifier l'Italie, de mater les guerres intestines et de chasser les perturbateurs que sont les Français ou les Espagnols en faisant jeu égal avec eux. La recette de la réussite, il la donne dans son ouvrage.

Le prince, s'il veut réussir, doit être populaire : il doit être respecté de son peuple, donc craint, mais cependant ne doit pas être haï. Son fief est imprenable si le peuple qu'il gouverne est son partisan. Machiavel préconise le recrutement des autochtones dans l'armée, sans aucun doute très motivés pour la défense de leur terre, plutôt que le recours aux mercenaires, qui ont pour seul soucis de faire durer les "statu quo" plutôt que d'obtenir la victoire et qui s'activent à ruiner le seigneur qu'ils prétendent servir.

Pour ce qui est des territoires conquis, Machiavel rappelle qu'aucune conquête n'est acquise tant que le peuple qui y vit n'est pas acquis à la cause du conquérant : il faut donc y acquérir de la popularité ou coloniser le territoire conquis.

Machiavel appuie ses démonstrations d'exemples choisis. Son texte ne fut pas reçu comme il l'espérait par Laurent de Médicis. Sans imaginer qu'il connaîtrait une telle postérité.

A lire.
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