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Critique de lilibookncook


Portrait d'une jeune femme en désamour en plein questionnement identitaire, voilà comment je pourrais résumer ce roman frais et étonnant de Sarah Maeght en une phrase. Mais comme je suis bavarde et clairement pas douée pour faire une critique concise je vais, évidemment, vous en dire plus... Et il y a de quoi parler et débattre à propos de ce roman désinvolte où le ton employé est aérien, faussement léger mais terriblement troublant. Sarah Maeght utilise les armes de la proximité linguistique et émotionnelle pour faire passer plusieurs messages générationnels à travers son roman. Et c'est plutôt réussi !

Le récit commence comme une comédie romantique: Ella, 24 ans, originaire de Dunkerque, professeur de français dans un collège catholique de la capitale se sépare de Victor son premier amour après que celui-ci décide de rentrer au bercail. Une année de vie commune sur Paris a eu raison de leur amour suite au chômage prématuré de Victor. Plus les mêmes envies, des petits rien qui agacent, une volonté de nouveautés...bref, la rupture est inévitable. Alors que le chagrin s'exprime au quotidien, Ella tente de rebondir auprès de Klaus son poisson rouge suicidaire, sa meilleure amie Lou jamais en reste en ce qui concerne de faire la fête et Théo, un nouvel ami adepte de mecs en tout genres. Sa vie personnelle chaotique est complétée d'une vie professionnelle mouvementée avec l'apparition de mystérieux santons dans son casier.

En suivant les tribulations de Ella, l'auteure suit la piste de l'interrogation permanente. Son personnage, perdue face à elle même, est à la recherche de ses propres désirs, des interdits en se confrontant avec enthousiasme à ses habitudes et ses propres barrières. Avec sa liberté de ton, le roman balaye les tabous, laisse libre court à la vie et fait de nous des témoins de l'imprévisibilité. Car effectivement, l'héroïne à le don de se mettre dans des situations loufoques mais pas improbables et c'est peut-être ici que réside la réussite du roman. Adieu la comédie romantique, bonjour au roman initiatique.

"- Bon file maintenant j'attends un Russe. - Celui de la Java? - Oui...je suis retombé sur lui sur Tinder. On avait prévu un petit jeux de rôle dans dix minutes... (...) Ouais ça commence par: "Excusez-moi, monsieur, j'avais demandé une femme de ménage, pas un homme!" Il ajoute railleur: - Fais pas cette tête c'est marrant. -T'es surprenant, Théo Asambert. - Je baise, chérie. C'est bon pour le teint, tu devrais essayer, t'es toute grise."

Ella va énormément s'interroger sur son identité de jeune femme dans la deuxième partie du roman. Autant la première partie est légère et prête à sourire, autant la seconde partie provoque une avalanche de questions: Qui suis-je? Qu'est-ce que je veux? Qu'est-ce que je ne veux pas? de manière décomplexée, la protagoniste explore différentes opportunités qui s'offre à elle comme l'amour féminin, Cléo, rencontrée un soir de fête à Budapest. Va-t-elle ravaler et assumer ce désir nouveau? L'honnêteté sentimentale est parfois pleine de surprises!

Frais et corrosif, Sarah Maeght utilise une forme légère pour un fond qui ne l'est pas tant que ça. Pas de jugements, entre humour et gravité, elle décrit les sentiments avec franchise, sans fioritures, avec modernité. Un roman intéressant, trop court, aux thèmes pas assez exploités, où j'aurais aimé aller plus en profondeur comme avec les personnages secondaires trop en retraits. L'interaction des personnages est malheureusement trop pauvre, ce qui est regrettable pour en faire un roman vraiment complet. Entre charmes et malaises, il s'agit bien du regard d'une génération qui se cherche dans une société d'apparence ouverte. Un premier roman irrégulier, original et déroutant pour une auteure en devenir. Avec jus de fruits frais et blondie pistaches framboises, vous êtes prêt pour un après midi réussi au soleil.


Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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