On vient même un peu pour cela : suspendre le temps. Ici, on sait cultiver le vrai plaisir qui émerge quand on a la patience et le talent de goûter au meilleur moment. C'est cela, la gastronomie : un travail créatif parfois long, méthodique, qu'il faut savoir attendre et déguster en un instant fugace. C'est un art total où s'assemblent les couleurs, les textures, les saveurs, les parfums, le décor, le langage et même la musique.
C'est quelque chose le désir ! N'est-ce pas lui qui rebondit sans cesse, qui nous rend si vivants ?
Quel est l'imbécile qui croit encore aux chemins linéaires ? Et l'art d'exister ne réside-t-il pas dans notre capacité à saisir presque d'instinct, les choix qui nous rendront un petit peu plus vivants?
Vouloir un premier baiser, c'est oser l'inconnu.
On mange avec les yeux, certes, mais ô combien avec les mots !
Et j'appris que le vrai plaisir qui toujours se construit patiemment ne naît que s'il est partagé dans une intimité qu'il faut savoir préserver.
Je me charge des autorisations, je vais exiger de l'espace, défier la censure en commençant par celle que l'on exerce sur soi-même. Nous allons oser faire de l'Art !
Cuisine et littérature font bon ménage. Il est exquis de lire avec le nez, de goûter le suc des mots, et lorsque l'on déguste des nourritures terrestres, de chercher le langage qui intensifie encore en le nommant le plaisir ressenti.