Roman lu en 2010. Je découvre que je n'avais pas rentré mon appréciation.
En fond de décor, une ville, seulement suggérée par la silhouette des grandes bâtisses, par les phares et les moteurs des voitures qui courent sur la bretelle d'autoroute.
Tout autour, la boue, les déchets, le bourbier à ciel ouvert, les fantômes éventrés des vieilles usines qui assiègent le camp des nomades.
C'est là que s'arrête,durant l'hiver de la grande pluie, Branko Hrabal, au volant d'un camion chargé de cartons, persuadé de pouvoir trouver un espace où s'installer.
Mais ce n'est pas si simple, même un camp de nomades est un creuset de réalités multiples et peu compatibles. Exactement comme la société qui l'entoure. Et, comme cette dernière, un camp de pouvoir avec ses règles et une hiérarchie aux quelles se soumettre et dans lequel prévalent l'agressivité et l'exclusion_ du moins au début_ de l'autre.
L'orgueil imposerait de rebrousser chemin, mais il y a les yeux des gamins, leur curiosité pour ce que Branko leur a annoncé : un cirque;
C'est à travers le cirque que l'homme pourra raconter l'histoire dramatique de son grand-père.
ce roman se passe au centre d'un monde interculturel où les langues de la nouvelle génération ont un rôle important.
Il raconte le partage de personnes d'ethnies différentes qui doivent se confronter et mesurer ce qui les unit et non ce qui les divises.
Le développement narratif est solide et bien construit; l'écriture à la fois forte et légère. le cirque est comme une métaphore, unique moyen pour dire le drame.
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Branko est arrivé dans un campement tsigane un soir, prétendant apporter avec lui un cirque, contenu dans 10 cartons.
Au moment où le roman commence, il vient de mourrir, assassiné. Pourtant, il continue à voir tout ce qui se passe, à tout entendre de la vie du camp et de l'agitation autour de son corps.
Avant de partir définitivement, il est pris d'un sentiment d'urgence, il lui faut dérouler le fil de son histoire, afin de la sauver de l'oubli qui la menace.
Alors peu à peu, entre les événements qui suivent la découverte de son corps (arrivée de la police, interrogatoires, déplacement à la morgue, préparatifs de l'enterrement etc...), Branko cherche dans sa mémoire et dévoile son histoire, comme il l'a racontée aux enfants du camp au fil des soirées, serrés dans le froid et le noir, avec pour bruits de fonds la vie du camp, teintée de violence, et la misère.
Il raconte l'histoire de ce cirque, qui a eu ses heures de gloire, avant de se retrouver face à l'horreur lors de l'extermination des roms pendant la seconde guerre mondiale. Sans concessions, Branko raconte tout aux enfants, et leur demande de l'aider à sauvegarder ce qui reste du cirque, malgré la méfiance du chef du camp Askan.
Il s'agit d'un roman qui contient beaucoup d'humanité et d'espoir malgré la gravité des événements racontés, la misère et la violence qui sont décrites. Loin des clichés, l'auteur amène le lecteur au milieu de ce camp aux multiples ethnies. Hongrois, roumains, albanais, tchèques vivent et parlent dans des langues différentes. A travers ce cirque, c'est un espoir commun qui renaît, et cette renaissance est magnifiquement transmise dans ce roman.
Des personnages très humains, des récits prenants, beaucoup de dialogues rendent la lecture vivante et agréable.
J'ai aimé la construction décousue du récit, et j'ai été très touchée par ce sujet peu traité dans la littérature. C'est une belle découverte que je vous conseille vivement !
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