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Critique de Satheynes


Love Star est un monde effarant où l'amour de « Love » décide de tout. « Love » vous indique, -par le biais d'une programmation scientifique implacable car tellement probante-, qui aimer afin de connaître le vrai bonheur, celui écrit selon Love Star... Dans ce système, rien n'est laissé au hasard, c'est dire que le libre-arbitre n'a plus de raison d'être, et l'on peut même se connecter aux zones langagières de votre cerveau pour vous imposer les mots à vomir, les slogans à promulguer, surtout pour ceux qui sont contraints de devenir une machine à meugler de la publicité, sans compter les hébergeurs clandestins, qui sous couvert de bonnes intentions, (exit la noblesse de l'amitié), vous incitent à vous dévoiler, afin de dresser le rapport qui pourra inventorier vos goûts, habitudes, relations, et ce, dans le but ultime de généreusement vous proposer les produits qui sauront vous plaire à goût sûr…
Quant à Love Mort, il s'occupe de votre mort, et donne à cette dernière étape une majesté inédite en faisant exploser dans l'espace feu votre enveloppe corporelle, puisque les chairs ne sont bien évidemment plus vouées à se décomposer sous terre ; la nouvelle humanité étant vouée à se défaire au maximum de ses liens avec ses origines et avec la putréfaction qui lui est inhérente. La Science nouvelle a fait l'Homme Nouveau… Et la nouvelle chair de l'homme réside dans la connexion et le sans fil. La marginalité reste pourtant officiellement permises, il suffit pour ce faire de s'exclure de tout ce qui fait un monde ultra-relié et ultra-connecté, et d'accepter d'en subir les contraintes comme de devoir composer un numéro de téléphone (plus ou moins certain et plus ou moins « trouvable ») afin que votre chasse d'eau puisse être enclenchée… Exemple fort prosaïque, mais à peine problématique et emblématique de ce qui menace les libertaires résistants…
Pourtant, au départ, Love Star était un homme amoureux de sa femme et des oiseaux, il choyait l'une et étudiait les modes de communication des autres ; sauf qu'au final, il a trouvé… Dieu… Où disons qu'il réalise l'Apocalypse !!!
Et dans cet enfer de nouveautés technologiques, pavé de bonnes intentions (comme il se doit), il y deux amants qui tentent de nager à contre-courant de tous les autres ; et de ceux-là mêmes qui justifient à eux-mêmes la probité de leurs décisions en se servant d'un autre outil implacable mis à leur disposition, à savoir : Love Regret. Celui-ci est un service qui vous indique à coup sûr que vous avez fait le bon choix, et que toute autre décision vous aurait inéluctablement conduit à la mort….
Alors, dans ce monde pré et pro-formaté, deux amants, deux résistants, Ingridur et Sigridur se retrouveront Adam et Eve dans un nouveau jardin d'Eden, lequel leur échoit en partage, en récompense de leur ténacité à ne pas vouloir pour eux ce que d'autres avaient décidé… Ils n'auront succombé ni à la voix, ni à la voie de Love Star, ils auront fait le choix du libre choix, et le Paradis sera leur nouveau terreau…
Bouleversant récit à la croisée de « 1984 » et de « L'écume des jours » (pour toute la folle inventivité de l'auteur), drôle parce que cruel et onirique à la fois, et terrible car il pousse à l'excès toutes nos tendances à la « servitude volontaire »... La preuve est faite que l'on ne se méfie jamais assez des rêves que l'on veut nous faire rêver, et que l'on ne cultive jamais assez notre propre jardin… La soumission intellectuelle est pire qu'une fainéantise, c'est un crime commis contre soi-même…
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