AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782843047008
428 pages
Zulma (08/01/2015)
3.36/5   227 notes
Résumé :
"Peu de temps après que les mouches à miel eurent colonisé Chicago, les papillons monarques furent saisis d'un étrange comportement. [...] Au lieu d'aller vers le sud rejoindre leurs quartiers d'hiver, ils se dirigèrent vers le nord." C'est ainsi que s'ouvre le roman, fable imaginative et pourtant étrangement familière, tenant à la fois de Calvino et des Monty Python. Face à la soudaine déroute de toutes sortes d'espèces volantes, le génial LoveStar, vibrionnant et ... >Voir plus
Que lire après LoveStarVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
3,36

sur 227 notes
Attention à l'objet non identifié qu'est ce « LoveStar », et que nous propose l'Islandais Andri Snaer Magnason !

Dans un futur non identifié et qui pourtant semble très proche, le monde tel que nous le connaissons a pris fin avec le dérèglement climatique : Paris a été envahi par les sternes arctiques, Chicago, envahie par les mouches à miel, n'est plus qu'une immense jungle suintante de miel.
Dans cet univers, Istar, l'entreprise islandaise gérée par LoveStar, a pris le dessus en ayant anticipé le changement et travaillé sur la communication et la transmission de données via les ondes. Un nouvel homme moderne est donc né, un homme connecté, presque télépathe, mais asservi par les trouvailles marketing de LoveStar (gare à ceux qui oseraient ne pas y recourir, l'exclusion sociale est garantie) : pour quelques couronnes islandaises, des hommes sont programmés pour vous couvrir de compliments, d'autres le sont pour aboyer des publicités (d'où leur nom d'aboyeurs), d'autres sont des hébergeurs clandestins qui, sous couvert de l'amitié, sont en fait chargés de vous faire acheter des biens dont vous n'avez pas besoin, regarder des navets tout en faisant des compte-rendu détaillés de vos goûts. L'application ReGret vous permet de vous rassurer sur vos choix en vous informant de ce qui serait advenu (en bref, que des horreurs) si d'aventure vous en aviez fait un autre… le service LoveMort quant à lui permet d'envoyer votre dépouille dans les airs pour qu'elle revienne dans la couche d'ozone sous forme de feu d'artifice (et ainsi débarrasser la Terre des cimetières et faire oublier le pourrissement des corps). Il n'y a pas un domaine que LoveStar ne couvre pas, même celui de l'amour, puisque le service inLove calcule, à partir des ondes émises par les êtres humains, qui est leur âme soeur (soit l'application à la lettre du concept « peace and love » : une fois que le monde sera dominé par l'amour, il n'y aura plus de guerre, et la félicité règnera).

Dans cette société connectée, les jeunes Indriði et Sigríður s'aiment d'un amour fou et absolu. Problème : ils s'aiment en dehors de l'application inLove, et un beau jour Sigríður reçoit une lettre l'informant qu'elle a été « calculée » et que son seul et unique n'est pas Indriði… Les amoureux décident de se dérober à l'obligation faite à Sigríður d'aller dans le Nord rencontrer son promis, et là la machine à broyer qu'est Istar se met en place : harcèlement, intimidations, déclassement social… Tout est fait pour qu'Indriði et Sigríður se déchirent, et se séparent.

Parallèlement à cette histoire d'amour contrariée, LoveStar est dans un avion, une graine dans la main, ce qui le rend passablement perplexe, d'autant plus qu'il est annoncé qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Suspense, suspense… Que va-t-il se passer ?

Il y a du George Orwell et de l'Aldous Huxley dans cet ouvrage (et probablement d'autres auteurs de science-fiction/anticipation, mais mes limites en ce domaine sont vite rencontrées !) inclassable et foisonnant. Trop peut-être (voire même sûrement). En effet, l'auteur a mille idées à la minute, qu'il case toutes soigneusement dans son roman. le résultat est un monde futuriste plutôt cohérent, gérée d'une main dictatoriale par LoveStar. le message de l'ultra-communication, du marketing débridé qui mène à la dictature et à la déshumanisation, ainsi passé à l'aide de modèles dézingués (les Mickeys de compagnie agressifs qui dévorent les enfants, le Grand Méchant Loup qui n'a pas réussi à être programmé pour être méchant, etc.) finit par être bien compris.
De plus, certaines idées sont plutôt drôles, d'autres beaucoup moins. Mais une grande froideur règne sur l'ensemble, et surtout… qu'est-ce que c'est long et compliqué ! Déjà, l'auteur met 140 pages à aborder l'histoire qui est présentée comme étant la principale (celle d'Indriði et Sigríður) pour raconter en premier lieu, et dans le détail, celle de son monde, ce qui peut se justifier, mais il introduit des concepts qu'il explique toujours quelques pages après les avoir introduits, ce qui fait qu'on ne comprend rien pendant ces passages-là.

En outre, il choisit d'alterner les histoires de LoveStar et d' Indriði et Sigríður, mais de manière non chronologique, ce qui n'aide pas non plus à se retrouver dans l'histoire. Ce sentiment de confusion, entretenu sur toute la longueur du roman, devient à la longue assez désagréable. On a le sentiment que l'auteur en fait trop, veut trop bien faire, sans toutefois réussir à insuffler suffisamment d'humanité (peut-être était-ce voulu, au final), ce qui rend la lecture malaisée. Une fin bâclée ne vient pas rattraper ces défauts, faisant de LoveStar un roman au sujet trop ambitieux par rapport au traitement qui en est fait.
Commenter  J’apprécie          321
Une dystopie d'Islande, car on n'y écrit pas que des polars.

Un monde débarrassé des technologies au profit de moyens découverts en mettant à profit l'étude des modes de communication des oiseaux et des papillons qui s'envolent ensemble et parcourent de concert leurs longues migrations. Si les oiseaux synchronisent ainsi leurs cerveaux, pourquoi les humains ont-ils besoin d'appareils?

Mais ces avancées scientifiques servent surtout à de nouvelles formes de publicité, à des marketings à outrance et au contrôle des esprits. Rien n'échappe à la rapacité commerciale, pas même l'amour et la mort!

Au départ, le style m'a semblé froid, détaché. J'avais un peu l'impression de lire un documentaire. Puis je me suis peu à peu laissé prendre par cette histoire complexe qui dénonce aussi les dérives de la société de consommation.

Et le roman recèle bien des surprises et des péripéties incroyables, même une intervention du Grand Méchant Loup (ceux qui l'ont lu sauront de quoi je parle, pour les autres, je vous garde la surprise!)
Commenter  J’apprécie          300
Le résumé était alléchant : dans notre monde futur, tous les animaux volants ont perdu leur sens de l'orientation et s'installent dans des endroits inaccoutumés. Des villes sombrent dans la destruction et sont abandonnées.

Un chercheur pense que les ondes multiples les déroutent et veut appliquer leurs capacités à l'homme. Il va se nommer LoveStar à l'instar de son entreprise et va mettre sur un pied un monde où la transmission sera sans fil et le libre-arbitre un lointain souvenir !

Il va créer « LoveMort » une nouvelle façon de gérer la mort ; « ReGret » pour donner aux hommes la certitude qu'ils ont pris la bonne décision mais aussi le « Rembobinage » des enfants difficiles et « inLove » qui va calculer les êtres et trouver la seule et unique personne qui leur correspond !
Indriði et Sigríður, un couple de jeunes gens naïfs qui n'a pas été calculé va être mis à rude épreuve en découvrant que leur moitié est ailleurs.

Les bases sont posées mais c'est très brouillon, LoveStar raconte sa vie sans qu'on détermine précisément à quelle époque se rapporte la narration. Tout est absurde mais ça tient malgré tout la route avec quelques longueurs sur le rôle des Aboyeurs, des Hébergeurs et autres phénomènes ; j'ai commencé à perdre mon intérêt vers la page 300.

Une fois Indriði et Sigríður séparés, tout se précipite, pif, paf, pouf… FIN ! Ah ? Tant pis ! Trop longuet par moment et une fin bâclée, dommage !

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
Commenter  J’apprécie          200
La quatrième de couverture parlait de ce roman islandais comme d'un mélange entre George Orwell et Boris Vian. Après lecture, c'est plutôt quelque part entre Bernard Werber et Paolo Coelho.

À presque chaque paragraphe, on a l'impression que l'auteur a fait une pause de satisfaction pour apprécier son propre génie. Vous voulez une suite sans fin de phrases creuses crypto-intelligentes et des questions rhétoriques banales? Vous n'en manquerez pas ici.

"L'amour ne serait rien dans la mort. Que serait Roméo et Juliette sans elle? Rien de plus qu'un drame plastique."

Toutes les thématiques existentielles sont là, même si Snaer n'avait rien à dire à leur sujet.

Oh et la science fiction? C'est un autre cas insultant de l'artiste qui n'en a probablement jamais lu, mais était convaincu que son génie naturel révolutionnerait le genre.

L'histoire :
Un "génie" Silicon Valley style réussi à créer un système qui remplace internet en utilisant les ondes du cerceaux.
Il crée ensuite une application de rencontre qui assure avec un taux de réussite de 100% de trouver notre âme soeur en analysant ces mêmes ondes.
Puis il réinvente la mort avec un système qui transforme des cadavres en étoiles filantes.

Bref, il crée un monopole capitaliste sur la vie, la mort et l'amour. Cela lui fait réaliser que le libre arbitre n'existe pas et qu'il peut tout contrôler. (Le personnage est clairement un self-insert de l'auteur qui s'en sert pour exprimer son narcissisme. On comprend vite pourquoi Snear s'est présenté à la présidentielle islandaise de 2016.) Il se met à douter du bien fondé de son entreprise lorsqu'il s'apprête à découvrir et à devenir Dieu grâce à ses développements.

Pendant ce temps, un couple d'amoureux qui ose ne pas être branché à ces systèmes découvrent qu'ils ne sont pas des âmes soeur. Peuvent-ils quand même être libres et s'aimer loin de la technologie?

Ouin.

Tout ça a été fait un millier de fois en SF. Et beaucoup mieux qu'ici.

Ah oui, et pour finir, il y a des passages capacitistes assez troublant. La narration nous explique un moment, out of nowhere, que la mort est préférable aux handicaps. Et le mot "autiste" est utilisé plusieurs fois de manière péjorative comme synonyme de "fou" ou "idiot".
Commenter  J’apprécie          161
Dans un monde futuriste où les sternes arctiques ont élues domicile à Paris et les mouches à miel colonisées Chicago, notre monde n'est plus. Un génie aux idées aussi révolutionnaires qu'incongrues, Lovestar, a bâti son entreprise Istar à partir de l'étude des ondes de communication des oiseaux. Un univers d'anticipation où la profusion des ondes ont pris le pas sur l'ensemble des moyens de communication, l'homme est connecté, oublié les fils et l'électronique, tout un système est né et les aboyeurs, des crieurs de publicité et de compliments, avec. Mais, il n'y a malheureusement pas que ça. Dans ce monde régi d'idées folles de l'homme qui se fait appeler "Lovestar", l'entreprise islandaise Istar domine le monde par de multiples "sous-entreprises" ; LoveMort, envoie votre dépouille dans l'espace et le projette dans l'atmosphère brûlant ainsi en étoile filante, des obsèques incroyables ayant pour but de cantonner les obsèques traditionnelles et la putréfaction des corps au rang obsolète, ReGret, vous permet entre autre de vous rassurer quant à une décision qui vous turlupinerait, quelles seraient les conséquences si vous ne l'aviez pas prise ? Les réponses sont évidemment toujours funestes ou du moins horribles, InLove, vous permet entre autre via un calcul scientifique de trouver votre "seul et unique", l'amour et le bonheur vous y attendent ceci afin d'amener la population a une symbiose loin des discordances politiques et raciales, le tout est bien évidemment promu et vanté par Ambiance, le pôle communication et publicitaire de l'entreprise.

Dans ce contexte riche et extraordinaire d'imagination, l'auteur embarque son lectorat à travers deux histoires distinctes. Celle de Lovestar d'abord, l'homme par qui ce monde peut exister, démarre dans un avion, seul, une graine à la main, il ne lui reste que quelques heures à vivre mais la graine doit être sauvée. Que va t-il se passer ? Qu'est réellement cette graine ? A travers ce personnage, l'auteur nous ballade dans le temps, entre passé et présent du personnage, l'omniprésence d'une idée bien ancrée, la concrétisation de ses idées grandioses et tout le système qu'il a créé qui en découle. On a ainsi le regard du créateur de ce monde. Celle d'Indridi et de Sigridur ensuite, un couple vivant un amour passionnel hors conception d'InLove, persuadés d'être l'un et l'autre le "seul et unique" de l'autre, pourtant un jour, une lettre d'InLove arrive pour Sigridur, un certain Per Moller lui est destiné et peut lui être présenté rapidement dans le Nord au siège d'Istar. Sigridur refuse cette rencontre mais s'opposer au système va vite se révéler très difficile et nuisible pour le couple. On a ainsi le point de vue de victimes de cette société quasiment dictatoriale si vous n'entrez pas dans le moule.

Cette lecture est d'une richesse assez incroyable, on sent le foisonnement des idées et de l'imagination de l'auteur, si on met du temps à rentrer dans l'histoire, le temps de s'imprégner de l'univers, dense et étoffé, des différentes structures qui le régissent mais aussi de son origine, des personnages, une fois les bases posées, on s'immerge rapidement dans le délire de l'auteur. On peut très honnêtement parler de délire imaginatif et romantique, parce que ça part un peu dans tous les sens, mais cela reste néanmoins structuré et très détaillé, le lien entre le cartésianisme scientifique, l'incongruité de certaines idées et la naïveté des personnages, peut être difficile à assimiler, et tout cela mélangé donne quelque chose d'à la fois intelligent, magique et parfois même complètement absurde. Il faut le lire pour comprendre le fond de ma pensée, mais l'auteur a vraiment une imagination de dingue. On est clairement dans une espère de satire d'une société et d'une humanité en devenir : sur-consommation, dépendance d'un système, dictature, oppression, déshumanisation et crise écologique sont certainement les fléaux qui nous attendent, conséquence d'une société où la technologie, la sur-consommation, la sur-production, et la sur-exploitation prennent le pas sur les bases de la vie humaine et de son environnement. Il y a donc énormément d'idées et de réflexions cachées dans cet ouvrage qui est soit dit en passant très soigneusement écrit, la plume est poétique et maîtrisée, très riche, parfois soporifique mais le fond est vraiment génial.

En bref, un ouvrage de science-fiction bluffant d'imagination et intelligent d'idées foisonnantes et anticipatives où l'amour trône au coeur. A titre personnel, si c'est le monde qui attend les générations à venir, il est effrayant par cette omniprésence de contrôle, ce manque de spontanéité si propre à notre espèce. Un regard certes extrémiste mais qui mérite qu'on y réfléchisse. Une lecture à conseiller !

Je remercie Louve du forum Mort Sure et son partenaire les éditions J'ai lu pour ce partenariat original.
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (3)
LaPresse
28 mai 2015
Cette brillante dystopie islandaise et son héros rebelle rappelleront à plusieurs l'univers globalien de Rufin.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
02 février 2015
C'est drôle, absurde, fou : les loups se font agneaux, les Mickey, agressifs et méchants, des coureurs font tourner les éoliennes, le maître se fait déborder par l'un de ses sbires. Et le lecteur ne rêve plus que d'aller fouler à son tour ce pays futuriste empli de volcans et de trolls millénaires.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Chro
28 janvier 2015
L’Islandais Andri Snaer Magnason réussit ici une très jolie satire poétique : drôle, grinçant, surprenant, intelligemment outré, LoveStar recèle également quelques moments d’une surprenante douceur, cachés là où on ne les attendrait pas.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
L’amour imbécile et contraire aux lois de la science était en jeu. Toutefois, l’instinct maternel du Grand Méchant Loup était si puissant que l’animal sentait Indriði s’éloigner. Il avait l’impression qu’on tirait un élastique depuis les profondeurs de son cœur. Si cet élastique lâchait, il lui reviendrait comme un boomerang en un claquement affreusement douloureux. L’animal se tordait et écumait tandis que l’élastique s’allongeait, mais bientôt, il n’y tint plus et se mit à hurler à la mort, à souffler, à gratter et à mordre la paroi d’acier tandis que les renards aqqaqaqqaient, que les Mickey s’affolaient et mickeyaient comme s’il en allait de leur vie. Mikkamikk ! Mikkamikk ! Le chef de la sécurité rampa, tremblant comme une feuille, sur la passerelle d’acier et lui décocha une dose d’anesthésiant. Le calme revint, un expert suédois en ingénierie animalière accourut et les deux hommes entreprirent d’attacher la bête en la fixant au sol, ignorant que la drogue avait manqué sa cible. Couchée sur le dos, langue pendante, la louve attendit que l’occasion se présente et arracha le bras du chef de la sécurité qui se mit à hurler. Elle bondit sur la passerelle, traversa la salle des pluviers et sortit dans la rue. N’écoutant que son instinct maternel, elle détala droit vers le nord.
Debout sur la passerelle de verre entre son bureau et l’usine à pluviers, Grímur la regarda partir.
– Adieu le loup ! marmonna-t-il en allumant sa pipe. Il fallait s’y attendre. Les Mickey sont méchants, le loup est gentil et tout converge vers ce trou noir dans le nord, soupira-t-il tristement, le front plaqué contre la vitre.
Le ciel s’assombrissait étrangement sur le mont Esja.
Commenter  J’apprécie          30
L'idée monopolise l'ensemble de l'activité cérébrale, elle met à l'écart les sentiments et les souvenirs, vous conduit à négliger votre famille et vos amis en vous poussant vers un but unique : sa mise en oeuvre. Elle s'empare de sphères langagières du cerveau et prend toute la place. Elle vous prive d'appétit, diminue vos besoins en sommeil, déclenche dans votre cerveau la fabrication d'une hormone plus puissante que les amphétamines et peut vous maintenir en éveil des mois durant. Lorsqu'une idée voit le jour, l'homme dont elle s'empare se vide de sa substance. Même si, nimbé par sa lumière, il essaie de s'y accrocher et s'emploie à l'associer à sa personne, voir la baptise de son propre nom, il n'en tire aucune satisfaction. Celui qui a senti en lui une idée grandir et se préciser, celui qui en a été l'esclave pendant des mois, voir des années, sait que l'idée en soi ne vaut rien. Avoir eu une idée un jour et s'en satisfaire reviens à se satisfaire d'avoir connu la jouissance une seule fois, assouvi sa faim ou étanché sa soif une seule fois. Celui qui a connu le goût d'une idée ne désir rien plus ardemment que d'en voir arriver une nouvelle, qui le réduira une fois de plus en esclavage. Rien n'est aussi triste qu'un homme qui a inventé une seule chanson, une seule histoire, trouvé une seule idée, puis plus rien. Il ne sera jamais rien d'autre qu'une douille de cartouche vide. Dans ce cas, mieux vaut n'avoir jamais goûté à rien. Les idées sont une drogue. Celui qui y est sensible est condamné à négliger ses filets ou son ordinateur, à sacrifier l'ensemble de ses richesses et de ses biens. Lorsqu'une idée lui ordonne : Suis-moi ! Il va jusqu'au bout.
Commenter  J’apprécie          30
Face à la bêtise de la population, les savants hochaient tristement la tête. Il n’avait jamais été prouvé que les ondes eussent le moindre effet sur la santé, déclaraient les médecins. Quant aux scientifiques sérieux, ils refusaient de se laisser entraîner sur un terrain réservé aux hurluberlus.
Dans un hangar désaffecté de l’aéroport de Reykjavík s’était en revanche réuni un groupe international constitué d’ornithologues, de spécialistes en aérodynamique et en chimie organique qui s’était fixé pour objectif de se pencher d’un peu plus près sur les ondes. Jour et nuit, ils travaillaient à disséquer et analyser des sternes, des
colombes, des frelons, des saumons et des papillons monarques. Animés d’une foi inébranlable, ils avaient la certitude qu’il était possible de découvrir le secret régissant le sens de l’orientation. L’entreprise avait été baptisée LoveStar. C’est
également sous ce nom qu’on connaissait son directeur. Aucune précision ne fut communiquée sur le choix de cette dénomination.
Commenter  J’apprécie          50
Chaque occasion inexploitée pesait sur le présent, mais ce n'était pas tout. Le futur recelait des millions d'options possibles qui en engendraient elles-mêmes des million d'autres et pour finir, lorsque les gens avaient fait un choix au profit d'un autre, une chose étrange se produisait. La kyrielle d'options qu'ils avaient écartées se transformait en regrets. Ainsi, constamment comprimés dans le présent, les gens ployaient sous le poids d'un futur et d'un passé conjugués, ce qui n'arrangeait rien. Les options se multipliaient, les regrets augmentaient proportionnellement jusqu'à ce que les individus se voient figés sur place, enferrés dans une toile aussi invisible qu'inextricable. C'est alors que ReGret entrait en scène pour les secourir et les aider à faire table rase du passé. D'après ReGret, chacune de leurs décisions était l'UNIQUE choix ADEQUAT. Le moindre écart les aurait conduit à une mort certaine ou aurait provoqué la fin du monde. Chaque individu c'était trouvé en danger de mort il en avait échappé parce qu'il avait pris la SEULE ET UNIQUE BONNE décision. Voilà pourquoi on avait toutes les raisons de se réjouir, après tout, on était vivant.
Commenter  J’apprécie          40
Jamaguchi projeta sur le mur une kyrielle de conclusions. Quand le cobaye avait faim, la ligne restait immobile. Elle l'était également quand il recevait un stimulis sexuel, elle ne bougeait pas non plus quand il était plongé dans le silence et qu'il avait envie d'un peu de musique, et rien ne se produisait quand il avait peur, quand il se mettait en colère ou qu'il ressentait du dégoût. Lovestar parcourut la liste des conséquences ou plutôt l'absence de conséquences produites sur la ligne par toutes sortes de stimuli.
- Captivant, répéta-t-il.
Jamaguchi le regarda droit dans les yeux.
- Non, cela n'a rien de captivant, corrigea-t-elle. ce qui est passionnant ne vient que maintenant.
Elle s'approcha du cobaye.
- Puis-je vous demander encore une petite chose ? Essayez de faire ce que votre grand-mère vous a enseigné. Essayez de prier.
- dans quel but ?
- Faites une prière, priez pour nous, priez pour votre grand-mère.
L'homme ferma les yeux et se concentra.
la ligne se mit soudain à onduler. Lovestar s'approcha du mur bleu et promena son index au sommet de la courbe en un geste élégant.
- Cette courbe ne se forme que quand il prie ?
- En effet, confirma Jamaguchi.
- Et alors ?
- Nous pensions qu'il s'agissait peut-être de vestiges d'une aire du cerveau dont les êtres humains se servaient il y a un milliard d'années, à l'époque où l'homme était un poisson ou une paramécie, des restes de quelque chose qui aurait disparu au fil de l'évolution.
....
Nous avons d'abord pensé qu'il s'agissait d'un système primitif, puis nous nous sommes penchés sur le phénomène de la prière. les animaux sont incapables de prier. La prière est le propre de l'homme.
- Je vois.
- Et une partie du genre humain continue de recourir à ces ondes. Aux quatre coins du monde, des vieilles femmes apprennent à leurs petits enfants comment émettre ce type d'ondes. Il doit bien exister une raison à ça, non ?
- J'ai une théorie.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Andri Snaer Magnason (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andri Snaer Magnason
Recommandation #18 LoveStar d'Andri Snaer Magnason
Science-fiction (Islande) - 3,53/5
"Peu de temps après que les mouches à miel eurent colonisé Chicago, les papillons monarques furent saisis d'un étrange comportement. [...] Au lieu d'aller vers le sud rejoindre leurs quartiers d'hiver, ils se dirigèrent vers le nord." La première phrase d'un roman déroutant !
autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (501) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4891 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..