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Critique de fuji


Lucie et son papa reviennent de leur visite de l'exposition Klimt, ils sont heureux de ce moment partagé, presque volé au quotidien .
Une parenthèse qui s'achève brutalement par l'explosion d'un attentat aveugle, qui tue Jean et plonge Lucie dans le coma.
Cette parenthèse se transforme en digression pour Lucie qui flotte entre deux mondes. L'un, l'attire dans un cocon douillet et presque joyeux, l'autre essaie de la ramener à la surface de sa vie, celle d'avant.
L'auteur nous amène avec finesse dans cet univers nébuleux.
« J'ai l'impression que ma tête est comme la boîte d'un puzzle qui aurait éclaté dans l'espace, et où chaque morceau chercherait en vain son voisin…
Cette immobilité forcée est incompréhensible.
Je me concentre et tente de commander mes doigts de remuer, mais aucun n'obéit. »
En dehors de ce dernier, de beaux portraits se dessinent de l'entourage : l'univers médical, familial et amical.
Des portraits tendres, d'autres caustiques. On a de l'empathie pour le mari et la soeur. La mère nous fait rire jaune avec son égoïsme, on connait tous des gens qui quelles que soient les circonstances sont repliées sur leur nombril, entre agacement voire sentiments plus violents et pitié nous fluctuons.
Les tableaux de Klimt sont déployés sous nos yeux en mots choisis, célébrant les femmes et la vie. Les couleurs flamboient sous nos yeux, les lignes se dessinent, les sensations sont exacerbées.
Le quotidien de chacun est bouleversé, un planning s'établit avec naturel pour former une chaîne bienveillante autour de Lucie.
Chacun déploie des trésors pour faire face et aucun d'entre eux (ou presque) en sortira différent…
Le temps est suspendu, mais la vie continue. de cette incertitude chacun va tirer un fil d'une pelote de laine et repousser ses limites pour que le fil ne se rompe pas.
Dans le doute, dans cet univers inconnu les gestes banals du quotidien sont autant de ressorts qui viennent dompter les angoisses.
La narration toute en délicatesse et grâce fait bien ressentir les divers aspects de cette situation.
Si le sujet est d'apparence lourde, l'auteur y a mis beaucoup de vie, d'éclairs joyeux car rien n'est noir ou blanc.
Elle a su nuancer en permanence les situations sans tomber dans le pathos.
Elle a écrit un roman de vie, bien mis en lumière où le lecteur peut se voir endosser plusieurs rôles.
Les personnages de Martine Magnin sont autant de reflets de chacun de ses lecteurs.
J'aurais préféré une pagination avec des chapitres distincts pour ce roman polyphoniques, sans ces titres « Lucie » « Les autres » qui visuellement m'ont gênée. Mais c'est un sentiment personnel. Pour la description des tableaux de Klimt j'aurais choisi un encadré sur une page, comme les cartels dans une exposition.
Merci aux éditions Pierre Philippe et à l'auteur pour ce SP.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 août 2019.
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