Le vent me dit
que tu portes souffle
Le vent me souffle
que tu portes vie.
Chêne blanc,
Toi, l'être le plus lucide
qu'il m'a été donné
de connaître
Bloc de solitude
où remonte la source
Se taire
et demeurer
C'était cela, vivre.
Je voyage léger
nu au-dedans
dépouillé au plus intime
avec rien - et moins encore -
oh ! J'avance
cela m'est suffisant
On se cramponne
à tout ce qui scintille
à cette part d'enfance
gravée au revers des ombres
Et à tout ce que la nuit
porte de nous-mêmes.
Ainsi se perpétue
l'enfance du monde
L'allégeance aux choses simples
la pulsation d'autres que soi
font de nous le ferment
de l'aube après l'aube
L'alibi du retour
pour la fatigue des saisons.
Le monde
[... ]
dont nous ne savons rien
[...]
nous le possédons
marron frileux tombé de l'arbre
au creux de notre paume.
Je titubais
dans l'oeil de ma tempête
quand j'eus vent de ton regard.
L'enclos secret de nos vacances
veille son propre oubli
blotti contre l’hiver
vasque de silence
sous un rideau d’averses
Passer le long couloir
où le temps s’épanche
comme pluie battante
dans le tamis
des volets fossiles
Frôler le galbe des tomettes
avant que d’autres pas
demain ne les piétinent
avant que l’objet
ne redevienne chose
Avant que tout ne soit soldé
fouiller un instant encore
les miettes de l'enfance
- cette disparue
qui hurle tout bas.
Quand l’âge mûr
sera sur toi
Tu seras familier
de presque tout
Mais sauras-tu
reconnaître encore
L’aile des anges
qui bordent la route?
Une rame
un Wagon
deux passagers
C'est la première fois? La première.
Vous n'êtes pas d'ici. Pas vraiment
Qui vous l’a dit ? Vous m'avez souri.