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Critique de jmercier006


La vie de plusieurs lycéens se retrouve bouleversée lorsque deux de leurs camarades sont tuées sauvagement. L'arrivée de ce tueur en série, armé d'une batte, fait planer un climat oppressant sur cette petite ville de bord de mer et les victimes se multiplient. Pola ne peut désormais plus dealer avec la présence de la police. Daniel, discret et effacé, est envahi par des pulsions de plus en plus morbides. Et si les victimes n'étaient pas si innocentes que ça ?

Pour sa première bande dessinée, le très talentueux Antoine Maillard nous propose un récit initiatique entièrement réalisé au crayon à papier. C'est un véritable hommage au cinéma de genre où l'on retrouve tous les codes du slasher et du teen movie, dans un décor qui rappelle bien sûr la Californie, mais aussi par quelques aspects certaines villes côtières françaises.

C'est l'insouciance de la jeunesse, avec la fin des cours et le bal du lycée mais aussi l'incertitude de l'avenir. Mais le mal est là pourtant, parfois bien plus visible qu'on ne le pense. Les personnages discrets et effacés ne sont pas vraiment des modèles de vertu, et le tueur en série semble choisir des victimes qui ont enfreint la loi.

Le récit nous plonge dans une ambiance feutrée, oscillant parfois entre l'hallucination et le cauchemar pour ainsi brouiller la frontière du réel et de l'imaginaire. Dans cette histoire, Antoine Maillard laisse une place de choix à l'introspectif et aux non-dits. Si l'on pense aux films de genre, on perçoit aussi une grande influence de l'univers de David Lynch et plus particulièrement de Twin Peaks.

Le trait d'Antoine Maillard et le choix du crayon à papier font de L'entaille une proposition artistique aux graphismes forts et au parti pris marqué, assumé. Les planches nous plongent dans un univers à la fois feutré et menaçant, et illustrent à merveille ce moment de bascule entre l'insouciance de l'adolescence et l'incertitude de l'âge adulte. Certaines planches pleine page, visions poétiques d'un décor urbain, sont dignes d'être encadrées.

Une bande dessinée que l'on a envie de relire encore et encore, pour en apprécier toutes les subtilités narratives et graphiques, pour s'immerger dans l'univers et laisser notre imagination combler les espaces que l'auteur nous laisse.
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