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Critique de gilles3822


J'ai eu du mal à terminer ce livre. Je cherchais désespérément une lueur d'espoir dans la vie de ce pauvre Yakov. La noirceur baigne de bout en bout le destin d'un homme dont l'existence n'est qu'une succession de mauvais choix, de malchances et de maladresses à répétition. Ceci ne serait qu'une pathétique descente aux enfers vouée à la compassion si l'essentiel ne se situait pas dans sa condition de juif, en Russie, au début du vingtième siècle. L'antisémitisme d'état qui sévit alors, la faiblesse du tsar, sentant sans doute la fin d'une époque donne en pâture au peuple russe misérable, une communauté juive que l'on stigmatise, utilisant le mysticisme le plus abject, provoquant des pogroms, massacres collectifs effroyables sans justification aucune. Dans ce contexte mortifère, un enfant est littéralement massacré, sordide histoire d'assurance-vie, le bouc émissaire est tout désigné et nous voici plongé dans un océan de mensonges, de preuves fabriquées, de faux témoignages et d'expertises religieuses, socio-historiques démontrant sans aucune honte que le juif est ainsi, pratiquant la sorcellerie, le meurtre initiatique censé lavé l'affront de l'existence de Jésus, juif traître à son peuple, etc, etc...
L'accusé Yakov, arrêté, emprisonné, humilié est un bouc émissaire idéal, en situation d'échec personnel, ayant par ailleurs enfreint la loi, il ne peut être que coupable . Mais celui-ci montre des ressources mentales et intellectuelles insoupçonnées, puise dans sa maigre culture les raisons d'espérer, où l'on voit apparaître Spinoza, remise en question de sa judéité, s'affranchissant de la pesanteur de la religion et de la liturgie hébraïque. Il se trouve un lien spirituel avec le philosophe, refuse d'avouer , gênant ainsi l'accusation, prolongeant l'attente de l'ouverture du procès, permettant une prise de conscience, légère, certes, mais suffisante pour mettre le pouvoir dans l'embarras.
La pirouette finale laisse espérer un sort moins funeste que prévu. La description de l'appareil d'état et de ses serviteurs antisémites fait froid dans le dos, la suite du vingtième siècle répètera ad nauseum l'ignominie d'un ostracisme séculaire.
Ce roman n'est pas facile, le sujet ne l'est pas, il donne quelques clés sur ce qui se passa par la suite.
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