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Critique de Jiby


Lors d'une visite dans le Doubs, à la saline royale d'Arc-et-Senans, je fis connaissance il y a quelques années d'un mariage entre l'architecture et l'utopie. J'ai alors été sensibilisé aux idées de Godin, de Proudhon, de Fourier…concevoir des lieux de vie pour une meilleure humanité.
J'ai longtemps cherché l'ouvrage « l'architecture considérée sous le rapport de l'art, des moeurs et de la législation » entraperçu dans son édition originale lors de ma visite de la saline. Cet ouvrage n'était plus édité jusqu'à il y a quelques années où j'ai pu me le procurer. Très déçu par la qualité de cette édition (voir ma critique) où les plans n'étaient reproduits qu'à petite taille et avec une encre et un papier qui ne les mettaient pas en valeurs, j'ai ressenti de la frustration de ne pouvoir retrouver le génie de cet architecte qui pensait la forme des bâtiments en lien avec leur fonction, qui pensait leur positionnement dans le but de donner à chaque homme sa place, égale à celle des autres. L'imagination d'une sorte de cité idéale…

Puis, je tombe par hasard sur « La capitale de l'humanité » de Jean-Baptiste Malet. Un ouvrage qui raconte l'histoire de trois artistes, Olivia Andersen (la tête pensante spirituelle du projet, inspirée par son défunt mari), Henrick Andersen (son beau-frère sculpteur, auteur officiel du projet), tous deux perchés et Ernest Hébrard (architecte urbaniste, celui qui se charge de réaliser les plans) les pied bien sur terre. Ils ont travaillé à la conception d'une capitale mondiale appelée « Centre mondial de communication ». J'y vois l'occasion de faire passer ma frustration à la lecture de ce livre qui reprend l'idée d'un mariage entre utopie et architecture.

J-B.Malet a une écriture fluide. L'ouvrage est découpé en 15 chapitres, eux-mêmes découpés en sous-chapitres (environ une dizaine par chapitre). Quelques-uns décrivent l'enquête de l'auteur, et nous plonge avec lui dans son parcours, un peu comme on suivrait un Antoine de Maximy ou un Jérôme Pitorin dans ses pérégrinations. Quelques autres décrivent le contexte socio-économico-politique de l'époque où son enquête l'emmène. Enfin, la plupart décrivent l'avancée du projet et l'histoire des protagonistes, notamment grâce au journal intime fourni d'Olivia Andersen.

Me sentant idéaliste, utopiste, pacifiste, intéressé par l'architecture et l'urbanisme mais aussi naïf et un peu mégalo déconnecté de la réalité, je me suis totalement reconnu dans le duo Andersen et je n'ai pu m'empêcher de me demander qu'est ce qui fait de nous des idéalistes : notre enfance ?
Ils ont fait un rêve et je le fais un peu avec eux.

Avec cet ouvrage, projeté en début de XXe siècle, à la « belle époque », j'ai participé un peu à ce rendez-vous des visionnaires, des rêveurs idéalistes. Une époque révolue où on croyait à la science et au progrès…au pacifisme et au collectivisme (qui a pris depuis une connotation bien trop péjorative à mon goût). J'imagine, comme pour l'incroyable histoire du facteur Cheval, qu'un film pourrait découler de cet épisode méconnu de notre histoire humaine.
J'ai regretté toutefois dans cet ouvrage de ne pas avoir plus de documents. On nous parle d'un foisonnement de plans, de gravures mais l'ouvrage n'en fournit que très peu. Je suis resté sur ma faim, d'où ma note mitigée pour cet ouvrage.


Plus d'un siècle plus tard, il semble que nous en soyons toujours au même point. Alors que le sentiment d'appartenance à l'humanité devrait primer sur les nationalismes et patriotismes à la c* pour faire face aux enjeux qui se posent à l'humanité toute entière, aujourd'hui, des discours aux bonnes volontés de tous les pays « unissez-vous » , on substitue des « divisez-vous ! », comme des relents remués par des trumps, des poutines, des mileis, des relents de la préhistoire où, pénuries obligent, chaque tribu considérait les autres comme ennemis. Pourquoi faut-il que les humains choisissent si souvent leurs leaders parmi les plus arriérés ?
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