AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de okka


Ce comics s'inspire de tristes et terribles faits de la réalité. Lorsqu'une photo d'une soldate de l'armée Américaine durant la guerre d'Irak, (2003-2011), avait été prise alors qu'elle humiliait des prisonniers dénudés empilés les uns sur les autres dans la « prison » d'Abou Ghraib.

Sauf qu'ici la personne principale : Mallory Grennan qui est soldate et a elle aussi fait des actes monstrueux sur des personnes faibles. Mais rien ne lui est reprochée car elle n'apparaissait pas sur les photos comme des centaines, voire des milliers d'autres de ses collègues qui ont fait de sales choses. Elle, Mallory a pu rentrer chez elle, aux États-Unis comme si de rien n'était, que ce qu'elle avait fait en Irak, restait en Irak.

Au début on est mitigé sur quoi penser d'elle, entre sur le peu qu'on sait ce qu'elle a fait et comment son patron au Milky Way la harcèle lourdement et sa conduite avec les ivrognes...
Puis elle découvre en rentrant dans sa boîte aux lettres, une étrange lettre blanche signée d'une empreinte de pouce à l'encre noire. Plutôt que de se dire que c'est une farce, ou quelqu'un s'est trompé de boîte aux lettres, elle se sent visée et la panique lui monte à la tête.

On y découvre entre deux moments présents où elle reçoit des empreintes de pouces différentes, ses souvenirs de ce qu'elle a fait en Irak qui sont lucides, limpides plus vrais que le temps présent en Amérique.
Le décor de cette sale énième guerre fait par l'Amérique... de comment les prisonniers étaient maltraités dans cette prison, certains portaient pour seul vêtement, une culotte de femme, d'autres aucun vêtement et dont tous portaient des traces de coups marqués sur leurs corps sales, car pas d'accès à de point d'eau propre ni de vêtements propres. Des prisonniers vivant dans la peur constante que leur bourreau : Mallory ou d'autres de ses collègues comme Anshaw ou Plough les choisissent aujourd'hui pour une séance de torture-interrogatoire, jusqu'à en frôler la mort ou d'y mourir.
Mallory était chargée de traduire l'arabe lors des interrogatoires qui se passaient généralement dans la violence, entre insultes et humiliations, alternés de coups physiques et psychologiques : noyer le prisonnier avec un torchon sur son visage et l'imbiber d'eau, appuyer son arme sur la joue du prisonnier ou leur mettre des choses dans leur trou du cul... (cela et tant d'autres choses visible sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Scandale_d%27Abou_Ghraib )


On se croirait revenu à l'Inquisition, à la chasse aux sorcières, avec un mélange de nazisme fascisme des camps de concentrations-exterminations (1933-45) , et pourtant l'époque n'est pas si lointaine. le principe reste universel : faire avouer sous la violence et la torture (et en plus payé à faire cela) des choses que l'accusé, la victime, le souffre-douleur ne sait pas. Et que même dire « Je ne sais pas » , pour les bourreaux constitue une preuve qu'il « cache » quelque chose.

Entre cela à la prison et les missions à l'extérieur où là aussi elle était chargée d'interroger l' « ennemi » masculin comme féminin. (Le coup de la banane je le l'ai pas cru) en sachant que dans ce contexte de guerre, les femmes et les petites filles sont les premières violées et il est tellement plus facile de dire qu'on ne l'a pas fait, quand un collègue l'accuse, car le dénie déstabilise tout le monde.



Après le comics il s'ensuit la nouvelle de Joe Hill dont est tirée le comics. Quand on relie les deux, on se dit qu'entre ce que Mallory voit, fait, pense, et ce qu'elle « croit » voire, faire et penser, il y a un immense fossé d'irresponsabilité. Elle a un dédoublement de la personnalité, qui lui permet comme tant d'autres de personnes comme elle, de passer entre les mailles du filet de cette société, c'est-à-dire : d'être capable de faire le mal et de n'être jamais au grand jamais punis.

Dans ce livre au final, qui est un miroir de notre réalité, on suit la folie de gens qui nous entourent (voisins, familles, collègues de travail, inconnus dans la rue...) et qu'on croit qu'ils sont clean, net, sain d'esprit. Alors que ce qu'ils ont fait, ce qu'ils font et feront demain à leur boulot les a rendus pire que des monstres. Mais s'ils ont été pris à ce boulot, c'est qu'ils étaient déjà prédisposés à l'être.


Il y a des époques où l'on se dit, « Ça suffit », « Là c'était limite limite la fin du monde, de notre civilisation », « On arrête les conneries »,« C'est la der des Ders », « La dernière des dernières ». « La guerre pour mettre fin à toutes les guerres », « 2 minutes avant l'Apocalypse »...


Notre histoire de l'humanité qui se répète : la folie mentale de monstres d'êtres humains sur d'autres êtres humains innocents.
Ici, là-bas pour ses prisonniers s'ils s'en sortent un jour de cet enfer, ils seront pour toujours hantés, traumatisés de ce passage-là.
Et pour nous spectateur, comment avoir confiance en ce pays qui nous fait croire qu'il est bon, quand il ne fait que guerroyer, quand il ne respecte pas les conventions des droits de l'homme et de la femme et qu'il ne respecte même pas ses citoyens ?
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}