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Critique de hanyrhauz


Parmi les paradoxes les plus étranges du patriarcat, on trouve en haut du classement l'injonction faite aux femmes de ne pas manger (parce qu'on te demande d'être jolie, pas d'être grosse... les deux n'étant visiblement pas compatibles) tout en restant aux fourneaux. de rester aux fourneaux, oui, mais pour faire une cuisine de ménagère (il ne faudrait quand même pas se piquer de créativité). Et d'être la gentille ménagère qui picorera trois graines et finira par piquer une frite dans l'assiette de son voisin, mais pas plus, ohlala c'est si gras.
Si vous avez l'audace, mesdames, d'aller chez le boucher pour demander de l'onglet pour vous seule... sachez que le bûcher n'est pas loin... sorcière, va ! Ne manquerait plus que vous y ajoutiez une sauce au roquefort (ohlalala c'est si gras).
Si c'est la sauce au chocolat qui coule sur votre doigt que vous léchez, sachez que c'est forcement suggestif, vous êtes une gourmande, et c'est un péché (le bûcher est à deux rues juste après le calvaire). Non, vraiment, être une femme c'est sympa. Même un acte aussi essentiel que celui de se nourrir est soumis à la question. Vous serez jugées coupables, forcément coupables.

Dans Mangeuses, Lauren Malka nous dit que le lien entre les femmes et la nourriture est complexe, malsain souvent. Que les troubles alimentaires touchent majoritairement les femmes, que même les plus instruites, les plus éclairées, les plus militantes, un jour, ce sont posées des questions sur leur poids, leur consommation de sucre, l'image que la nourriture donnait d'elles. Elle reprend des donnés historiques, utilise aussi des témoignages de femmes croisées au cours de l'écriture... mais.

Mais il m'aura manqué un ton. Ici, on oscille entre l'essai historique, le récit journalistique, l'ouvrage de sociologie un peu drôle. Et finalement, je ne me retrouve pas au milieu de tout ça. Mangeuse et comme toutes les nanas, tracassée par mon poids, je ne découvre pas grand-chose. le texte valide l'intime conviction qu'hommes et femmes à table ne sont pas égaux. Mais au-delà de ça ? Devons-nous lutter ensemble, camarades à la fourchette affûtée ?

La conclusion esquisse un début de solution, qui passe par une reconquête de la parole des femmes par les femmes. Et donc de leur corps. En même temps, difficile pour l'autrice de proposer de partir poing levé à la conquête du gras puisqu'elle nous partage son anorexie mentale, le fait qu'elle calcule les calories, a banni les desserts de son alimentation. J'ai lu un état des lieux. Il n'est pas réjouissant. Il ne peut pas l'être puisque celle qui tient la plume est dans ce même engrenage et ne voit pas d'issue. Alors, en refermant le livre, je me suis sentie triste et toute seule face au pot de Nutella. Pas sûre avec ce mood, qu'on gagne le combat...
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