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EAN : 9791025205952
260 pages
LES PEREGRINES (06/10/2023)
4.13/5   42 notes
Résumé :
Qui a tué la gourmandise féminine ?

On lie souvent les troubles alimentaires féminins à l’intensification du diktat de la minceur dans les années 1970, mais ce phénomène, encouragé par l’industrie capitaliste, est bien plus ancien. Du mythe d’Ève, soumise à perpétuité au désir masculin pour avoir goûté au fruit défendu, à l’émergence des premiers restaurants – réservés aux hommes –, en passant par leur exclusion de la gastronomie, les femmes semblent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ceci est un récit-enquête incarné écrit ou une journaliste. Ce n'est pas un essai. Même si de nombreuses sources sont indiquées, cela reste donc un temoignage  / plaidoyé. Une fois ceci dit, il n'en reste pas moins que ce livre pose des questions intéressantes.

La première partie évoque la façon dont les enfants ont été et sont éduqués face à la gourmandise/ alimentation. Cette éducation est très differente pour les garçons et les filles. Pour les filles, la gourmandise est associée à la sexualité. Dans le passé, les hommes ont eu peur de la puissance supposée des femmes dans la cuisine (empoisonnement, sorcellerie, ...)
Bref la nourriture comme élément de contrôle.

Dans la seconde partie, il est question de l'exclusion des femmes de la gastronomie hier et aujourd'hui  pour les reléguer à la cuisine quotidienne même si la situation évolue petit à petit mais cela reste très, très lent.

Enfin dans la dernière partie, la plus intéressante selon moi, il est question des Troubles du Comportements Alimentaires mais pas que...

On apprend que la différence de taille entre les hommes et les femmes viendrait en partie du fait que les protéines étaient réservées aux garçons. Differents travaux scientifiques ont démontré cette causalité.

Il est ensuite question de grossophobie.

Un chapitre sur le backlash  / retour de bâton suite à l'émancipation féminine du 20eme siècle m'a particulièrement intéressée. Ou comment les femmes en choisissant de ne plus être "matrones" vont vouloir reconquérir leurs corps...

Mais les magazines, l'industrie agro-alimentaire, de l'amincissement, du fitness vont pousser les femmes vers cette obligation d'être mince en créant le problème de la graisse féminine, il faut créer un "corset musculaire" en lieu et place du corset des siècles passés.

Les TAC sont de plus en plus communs et touchent principalement les jeunes filles (1 homme pour 8 femmes). Cela serait la maladie mentale avec le plus fort taux de suicide...

Un livre qui permet de prendre conscience de l'influence du passé et de l'ampleur des progrès à faire.
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Le titre et la photo de la couverture m'ont fait de l'oeil et j'ai trouvé le sujet plus qu'intéressant, la relation du sexe féminin avec la nourriture est très particulière un peu comme avec le sujet de l'âge.

En effet la ou un homme sera considérer comme gourmand ou épicurien il n'en est pas de même pour les femmes à qui l'on recommande sans cesse de faire attention au sujet du poids et ce dès le plus jeune âge. Un peu comme le fait attention (à comment on s'habille, à l'heure à laquelle on sort, etc....).

Je n'avais jamais trop fait attention à cela mais quand j'ai lu ce récit cela m'a sauté aux yeux, il est également question des troubles de l'alimentation qui sont encore une fois plus présent du côté féminin que du côté masculin, que ce soit pour la boulimie ou l'anorexique ou d'autres maladies de ce type.

Un récit bourré de différentes sources que l'on trouve en bas de pages ou à la fin de ce livre.

Une lecture très instructive.
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Parmi les paradoxes les plus étranges du patriarcat, on trouve en haut du classement l'injonction faite aux femmes de ne pas manger (parce qu'on te demande d'être jolie, pas d'être grosse... les deux n'étant visiblement pas compatibles) tout en restant aux fourneaux. de rester aux fourneaux, oui, mais pour faire une cuisine de ménagère (il ne faudrait quand même pas se piquer de créativité). Et d'être la gentille ménagère qui picorera trois graines et finira par piquer une frite dans l'assiette de son voisin, mais pas plus, ohlala c'est si gras.
Si vous avez l'audace, mesdames, d'aller chez le boucher pour demander de l'onglet pour vous seule... sachez que le bûcher n'est pas loin... sorcière, va ! Ne manquerait plus que vous y ajoutiez une sauce au roquefort (ohlalala c'est si gras).
Si c'est la sauce au chocolat qui coule sur votre doigt que vous léchez, sachez que c'est forcement suggestif, vous êtes une gourmande, et c'est un péché (le bûcher est à deux rues juste après le calvaire). Non, vraiment, être une femme c'est sympa. Même un acte aussi essentiel que celui de se nourrir est soumis à la question. Vous serez jugées coupables, forcément coupables.

Dans Mangeuses, Lauren Malka nous dit que le lien entre les femmes et la nourriture est complexe, malsain souvent. Que les troubles alimentaires touchent majoritairement les femmes, que même les plus instruites, les plus éclairées, les plus militantes, un jour, ce sont posées des questions sur leur poids, leur consommation de sucre, l'image que la nourriture donnait d'elles. Elle reprend des donnés historiques, utilise aussi des témoignages de femmes croisées au cours de l'écriture... mais.

Mais il m'aura manqué un ton. Ici, on oscille entre l'essai historique, le récit journalistique, l'ouvrage de sociologie un peu drôle. Et finalement, je ne me retrouve pas au milieu de tout ça. Mangeuse et comme toutes les nanas, tracassée par mon poids, je ne découvre pas grand-chose. le texte valide l'intime conviction qu'hommes et femmes à table ne sont pas égaux. Mais au-delà de ça ? Devons-nous lutter ensemble, camarades à la fourchette affûtée ?

La conclusion esquisse un début de solution, qui passe par une reconquête de la parole des femmes par les femmes. Et donc de leur corps. En même temps, difficile pour l'autrice de proposer de partir poing levé à la conquête du gras puisqu'elle nous partage son anorexie mentale, le fait qu'elle calcule les calories, a banni les desserts de son alimentation. J'ai lu un état des lieux. Il n'est pas réjouissant. Il ne peut pas l'être puisque celle qui tient la plume est dans ce même engrenage et ne voit pas d'issue. Alors, en refermant le livre, je me suis sentie triste et toute seule face au pot de Nutella. Pas sûre avec ce mood, qu'on gagne le combat...
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J'ai souffert d'anorexie mentale.
Pendant plusieurs années.
Et si je pense être guérie aujourd'hui, être sortie de cette spirale infernale,
j'avoue continuer à entretenir un rapport conflictuel avec la nourriture. Autrement plus compliqué du moins, que les hommes qui m'entourent.
Et je ne suis pas la seule.
Si les femmes ne développent pas toutes, un jour ou l'autre, de troubles du comportement alimentaire à proprement parler, je n'en connais aucune qui pose un regard parfaitement apaisé sur ce qu'elle ingurgite.

J'aurais pu surligner l'intégralité des phrases qui composent ce brillant essai, tant chacune a résonné en moi avec tant de force que mes entrailles se serrent encore. J'avais l'impression de voir les planètes s'aligner une à une et les questionnements qui s'amoncelaient sous mon front trouver une réponse sans appel. Précise, ultra-documentée, ravageuse.
Plusieurs fois, j'ai senti ma poitrine se comprimer, mes poumons manquer d'air.
Une longue thérapie avait eu beau me permettre de comprendre beaucoup de ce que mon rapport avec la nourriture avait de problématique, et quelles pouvaient en être les origines, sa mise en regard d'avec ce que les femmes (toutes les femmes, j'insiste, quelque soit leur origine sociale et géographique) portaient comme poids depuis que le monde est monde, s'est révélé aussi salutaire que terrifiant. Cette problématique individuelle ne l'était pas uniquement.
Elle était aussi (et peut-être avant tout) sociale et politique.

Ce livre devrait être lu par toutes et tous.
Il est aussi nécessaire qu'absolument fondamental.
Pour appréhender, comprendre et réparer (si tant est que cela soit possible un jour) les atrocités que le patriarcat a commises au fil du temps, et permettre aux femmes de retrouver le sel de ce qui fait leur humanité, pour assoir un rapport au monde sain et serein.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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"Mangeuses" de la journaliste et podcasteuse Lauren Malka nous propose une analyse perspicace de l'écart persistant entre les genres en matière d'alimentation, explorant comment la gourmandise est souvent associée à la masculinité, laissant les femmes confinées à la cuisine ou à des régimes restrictifs. En remontant aux origines historiques et religieuses de cette dissociation entre nourriture et féminité, l'auteure met en lumière les préjugés profondément enracinés qui ont façonné les attitudes envers la nourriture et les femmes au fil des siècles et encore aujourd'hui.

À travers des entretiens et des anecdotes et des analyses cinématographiques, littéraires, mythologiques et psychiatriques (j'ai été moins sensible aux références d'émissions TV et des réseaux sociaux que je connais très peu), Malka démontre comment la gastronomie reste un domaine largement dominé par les hommes, malgré les succès notables de certaines femmes chefs. Elle soulève également des questions importantes sur la manière dont les normes de genre influencent notre relation à la nourriture et à notre propre corps, offrant une perspective enrichissante sur le féminisme contemporain et ses implications dans la vie quotidienne. En résumé, "Mangeuses" est un récit-enquête original et intéressant qui invite à une réflexion approfondie sur les liens complexes entre genre, nourriture et société.
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
11 décembre 2023
Cette enquête autour de la table et sur le tour de taille des femmes est un régal qui nous met en appétit pour entreprendre le grand repas de la réconciliation.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
21 novembre 2023
"Mangeuses", un essai qui entrelace allégrement enquête et remarques personnelles, exemples littéraires et références universitaires.
Lire la critique sur le site : LeMonde
MadmoizellePresse
09 octobre 2023
Où sont les mangeuses ? C’est à cette question épineuse que s’attaque Lauren Malka dans un ouvrage passionnant, où le rapport intime des femmes avec la nourriture y est passé au crible.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Car en réalité, qui rédige les recettes de grands chefs dans les journaux et dans les livres ? Les femmes, bien sûr, car elles ont souvent la compétence technique cruciale de rendre ces recettes faisables dans votre cuisine. Une compétence que les chefs étoilés, eux, ne revendiquent pas !
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À notre époque, les critiques- stars qui parviennent à se faire un nom en mettant en scène, dans une presse à grand tirage, leur expertise culinaire, leur indépendance et leur talent littéraire sont encore et toujours, de façon quasi exclusive, des hommes.
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Pour une femme, il y a un vocabulaire érotique immédiat associé au fait de manger. C'est un carcan inconscient qui n'évolue pas, malgré les changements de mœurs.
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À la fin des années 1960, alors que la libération des  corps  est sur le devant de la scène, c'est  l'industrie des régimes  et du fitness qui s'empare de ce nouveau marché. Il s'agit, selon le mantra de l'époque, de devenir les "sculptrices de nos silhouettes", d'œuvrer activement à se  façonner un "corset musculaire". D'après Naomi Wolf dans The  Beauty  Myth, c'est à partir de la deuxième vague féministe  de 1968  - et donc en plein backlash - que le marché des régimes  amaigrissants acquiert une ampleur inédite auprès des  femmes. 

Les magazines féminins développent soudain un discours alarmiste fondé sur le champ sémantique du "problème",  Il faut impérativement, du jour au lendemain, aider les femmes à résoudre le "problème" de la graisse féminine.  C'est le début de l'autogestion diététique.   Vous avez voulu devenir autonomes ? Minces et actives ?Alors apprenez  les règles nutritionnelles par coeur, pour vous débrouiller  toutes seules.
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À bas bruit, les femmes commencent à s'exprimer. Elles ont faim. Faim de pain et de rêve. En hébreu, les deux mots sont d'ailleurs très proches. Leurs appétits de vivre, de se nourrir, d'engloutir, de gueuletonner, de jouir, de créer... Augmentent, tandis que l'oppression continue de peser. Dévorer le monde reste leur désir secret. Publiquement, elles emploient mille ruses pour le dissimuler, avoir l'air satisfaites du petit pois qu'elles reçoivent dans le gosier. Elles courbent l'échine face au géant masculin qui veut souvent faire d'elles des natures mortes, des brindilles. Mais intérieurement, leur appétit devient intenable.
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Videos de Lauren Malka (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lauren Malka
Dans Grand seigneur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture pour conjurer la douleur de la mort de son père, entré en soins palliatifs en 2022. Entremêlant les souvenirs de sa vie et le récit de ses derniers jours, elle illumine par la mémoire et l'amour un être à l'existence hautement romanesque. Le désir d'un roman sans fin rassemble quant à lui de nombreux écrits de l'autrice, portraits, nouvelles, chroniques, parus dans la presse ou publiés entre 1992 et 2022. Une oeuvre à part entière, qui pourrait se lire comme un roman racontant la vie, ses arrêts, ses errances. Ces deux parutions récentes prolongent l'oeuvre prolifique et lumineuse d'une romancière majeure de la littérature contemporaine. Elle reviendra sur son parcours d'écriture à l'occasion de ce grand entretien mené par Lauren Malka, dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
Nina Bouraoui est l'autrice de nombreux romans et récits dont La Voyeuse interdite (Gallimard, prix du Livre Inter 1991), Mes mauvaises pensées (Stock, prix Renaudot 2005) ou Otages (JC Lattès, prix Anaïs Nin en 2020). Elle est commandeur des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Rencontre animée par Lauren Malka dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
Retrouvez notre dossier "Effractions le podcast" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-le-podcast/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
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