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Critique de Fleitour


En parcourant la préface de ce livre singulier, par ses dimensions, son poids, ses multiples illustrations, il me semble difficile de le classer parmi les livres d'histoire, ou comme un nouveau dictionnaire des religions voire une très belle encyclopédie.

En effet l'auteur Vitaly Malkin, déroulant un grand nombre de citations, son essai démesuré est un peu comme une montagne sacrée un mont Sinaï, qu'il nous demanderai de gravir, pour nous convertir à ce dogme, les religions cachent des "Illusions Dangereuses" le titre de cet ouvrage. C'est un livre de combat, qui impose, dit-il dans la préface, une analyse par la raison, face à l'obscurantisme et aux chimères des religieux.

Le propos est bien résumé par Frédéric Beigbeder, c'est un pamphlet, moins caustique que celui de Voltaire, moins pimenté que celui du Marquis de Sade.


Les 436 pages se divisent en huit chapitres, pour ma part je perçois trois grands chapitres, ou trois thèmes majeurs. Des thèmes qui sont loin d'être inintéressants, et qui font l'objet de multiples publications; ce sont La Décadence de la Raison, la Souffrance et la Mort, enfin, la Sexualité et la place Du Plaisir.

La première grande réflexion investit les acquis de la science, pour analyser les textes sacrés des religions, et principalement le monothéisme. le travail intellectuel de Vitaly Malkin n'est pas nouveau, puisque Ernest Renan, y relevant trop d'incohérences, renonça à devenir prêtre. Son positivisme est une démarche critique, il y a des erreurs, il a besoin de faire le tri, de prendre du recul, il veut étudier les textes au regard des dernières découvertes et comprendre.

De la rigueur Vitaly Malkin, certes n'en manque pas. Néanmoins il aurait été utile de faire un double croisement, entre les citations et les auteurs. Certains historiens peut-être tous, citent l'auteur , et la page ou l'on peut le retrouver. Par exemple Nietzsche est cité à de nombreuses reprises, combien de fois? Un auteur comme Boualem Samsal cité dans ce livre, n'est pas dans la bibliographie. L'un des religieux aux chimères démesurées Grégoire de Nysse, est souvent mis en avant .
Je peux avouer que le choix des auteurs, introduit forcément, un biais, qu'il est difficile de mesurer, Ernest Renan, et le philosophe chrétien Paul Tillich ne peuvent donc pas préciser que l'esprit critique existe.


Le chapitre deux ouvre la réflexion sur Dieu et le mal, Dieu et Satan, un Dieu qui ne préserve pas les hommes, Satan qui invite les hommes à la débauche, du moins à travers les paroles de certains prédicateurs.

Rappelez-vous le livre fameux de Romain Gary, les Mangeurs d'Étoiles, où le moine prédicateur dénonce ceux qui obéissant à Satan se livrent à la consommation de drogues, en Amérique du Sud entre autres le coca. Quelle ne fut pas le funeste destin de ce moine, invitant les âmes à prier Dieu et est à rejeter Satan, car le choix de ses baptisés fut de choisir Satan, et de faire disparaître le prédicateur.

Mais soyons plus sérieux, la question est capitale à l'égard de la Shoah. Les juifs seraient-ils punis pour leur foi insuffisante et la désobéissance du peuple juif, la Shoah serait alors une juste punition, ou bien, selon certains théologiens dieux étaient absents de la Shoah.
Elie Wiesel, prisonnier à Auschwitz, écrivait que rien ne pourra jamais expliquer la Shoah. Treblinka a effacé toutes les justifications. Et toutes les réponses.

Vitaly Malkin, avance un pas de plus, un pas vers la mort, un pas vers le paradis. L'esprit de sainteté, transparaît dans cette très belle toile peinte par Caravage Saint Jérome, et Kirkegaard propose que l'homme ne peut vivre en paix avec lui-même sans l'idée de Dieu.

À l'inverse Jean-Paul Sartre, faisant écho au mythe de Sisyphe de Camus, affirme que la vie est un plongeon dans le vide, combattre ce néant et nous élever au-dessus de nous mêmes confère un sens à notre existence.

Si Vitaly Malkin, puise chez nos philosophes son humanisme, à y regarder de très près, Sartre n'est pas si éloigné de Kierkegaard, les mots sont les mots, le pas doit bien aller vers le haut.

Ce thème de la souffrance, n'est pas cependant épuisé. Faut-il craindre la mort? Les martyrs eux connaîtront un bonheur éternel, Affirmation qui peut se décliner en: plus la personne souffre sur terre plus grande et plus douce sera sa récompense Aux Cieux. Que de prêches, que de discours tenus sur ces idées perverses, d'une souffrance qui devient une joie, et pourquoi pas le bonheur.


Ces paroles pour les religions que nous connaissons, entretiennent une dose effarante de malheurs voulue par dieu lui même.
On peut le décliner en : le renoncement à la vie chez les bouddhistes, les souffrances ne sont pas vaines chez les chrétiens, accepter la souffrance comme la volonté d'Allah chez les musulmans.

Avec de telles idées de prédestination comment faire bouger les choses, ou sinon faut-il mourir en martyr.
L'ascèse, s'installerait comme la glorification de la pauvreté, la glorification du jeûne, la condamnation de tout ornement, la vie est comme un combat, un combat contre nos bas instincts animaux.

La dernière partie est consacrée à la sexualité.
Je pourrais commencer à présenter cette partie en reprenant cette phrase très connue
“si ta main droite est une occasion de chute coupe la.”
Cette partie me paraît être la moins polémique de ce livre. Je ne m'avancerai pas en affirmant que le fait d'avoir un enfant hors mariage religieux, n'est plus passible d'excommunication.
Il est passé le temps où le jour du mariage, le prêtre se permettait de rappeler l'exigence de l'Évangile, de ne pas consommer avant d'être sanctifié, devant des futurs parents effarés.

Je préfère m'orienter vers ceux qui perçoivent la détresse des prêtres seuls, désespérés, isolés qui poursuivent une vie dans une solitude souvent destructive.
L'épiscopat tolère le mariage des prêtres en Afrique mais leur impose une seule épouse.
Comment à l'heure où dans la société civile l'égalité entre les hommes et les femmes s'impose lentement mais durablement, que l'église n'a pas encore bougé ou si peu dans ce domaine.
Qui n'a pas entendu dans sa jeunesse que la femme était impure, certains jours...

Il me reste à dresser quelques messages, sur cet ouvrage.
Sans lui donner une connotation religieuse, le terme trouvé par Pierre Rabhi la sobriété heureuse est puissante, elle fait place à notre place dans l'univers, pour préserver l'avenir, elle désigne le but, elle suggère la vie.

Le livre n'est pas rentré dans le débat sur la place des femmes, c'est un manque.
Les écrits religieux ont été écrit par des hommes, non par dieu, les mystiques d'aujourd'hui sont dans cette volonté de servir l'homme.
Et cette phrase de Pierre de Grauw tout ce qui est profane est divin, tout ce qui est divin est humain, est pertinente.
Cet essai est d'une grande richesse. Je ne pense pas que cette thèse nous priver de bonheur soit au final parfaitement étayée.

Le cas de l'Irlande et son passé récent montre une démarche religieuse qui a totalement entravé un peuple. Cette réalité nous boulverse aujourd'hui.

Je remercie masse critique pour cet essai, qui en lui même est un socle sérieux pour l'avenir. merci à l'éditeur Hermann.



























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