Citations sur Le roman du roi Arthur et de ses chevaliers de la Tab.. (23)
IL ADVINT au temps d’Uter Pendragon, lorsqu’il était roi de toute l’Angleterre et régnait comme tel, qu’il y avait en Cornouailles un puissant duc qui avait soutenu contre lui une longue guerre. Ce duc s’appelait le duc de Tintagel. Le roi Uter fit venir ce duc, lui ordonnant d’amener avec lui son épouse, car elle était réputée belle dame et grandement sage. Elle avait nom Ygerne.
Adonc, lorsque le duc et sa femme arrivèrent chez le roi, grâce à l’entremise de grands seigneurs ils furent réconciliés. La dame plut beaucoup au roi, il s’éprit d’elle et les festoya sans mesure. Il aurait voulu partager la couche de la duchesse. Mais c’était une femme de grande vertu, et elle refusa de consentir aux désirs du roi. Elle avertit le duc, son époux, lui disant : « Je soupçonne qu’on nous a mandés pour que je sois déshonorée. C’est pourquoi, mon époux, je conseille que nous partions d’ici au plus vite pour chevaucher toute la nuit jusqu’à notre château. » Comme elle l’avait dit, c’est ainsi qu’il fut fait, et ni le roi ni aucun de ses conseillers ne s’aperçurent de leur départ.
(INCIPIT)
Vint le mois de mai, où tous les cœurs pleins de sève commencent à porter fleurs et fruits. De même, en effet, qu’herbes et arbres produisent fruits et fleurs en mai, de même alors tous les cœurs allègres touchés par l’amour s’ouvrent et s’épanouissent. Les actions sont lestes. Il donne du courage à tous les amoureux, ce gaillard mois de mai. Il les oblige, on ne sait comment, à faire quelque chose de plus en ce mois qu’en tout autre. Lors chaque herbe, chaque arbre revigore hommes et femmes. Les amoureux se ressouviennent de quelque courtoisie autrefois montrée, de quelque service rendu naguère, et de maint geste aimable sorti de l’esprit par négligence.
[Livre dix-neuvième - Lancelot et Guenièvre]
Mais le vieux proverbe a raison : un homme de mérite n’est jamais autant en danger que si le danger vient d’un lâche.
On peut avoir force et vaillance, on risque toujours de se trouver défait. C'est ce que j'ai vu advenir à d'aucuns en plus d'une occasion. Au moment même où ils croyaient s'illustrer, ils perdaient de leur réputation. Le courage ne vaut que joint à la sagesse.
[Livre dixième - Tristan et Yseut - Alexandre l'Orphelin]
Oh ! Seigneur, toi qui connais le secret de toutes choses, pourquoi souffres-tu qu’un traître aussi perfide l’emporte sur un loyal chevalier et le tue, alors que la cause était juste pour laquelle il combattait ?
[Livre dixième - Tristan et Yseut - Alexandre l’orphelin]
Les hommes de mérite comprendront qu’il n’y eut jamais quelqu’un qui pût en toutes circonstances tenir bon, ne jamais avoir le dessous par quelque mauvaise fortune. Parfois il se fait que le moins capable de deux chevaliers contraint le meilleur à la défaite.
[Livre neuvième - La Cotte Mal Taillée - Tristan et Yseut]
L’usage de ce temps, en effet, voulait que si l’on était accusé de trahison ou de meurtre, l’on devait combattre en combat singulier. Sinon il fallait trouver un autre chevalier qui se battît pour vous. Et toute espèce de meurtre alors était appelée par trahison.
[Livre huitième - Tristan et Yseut - Lamorat]
Celui qui souffre d’un outrage que lui seul connaît hésite à publier sa honte.
[Livre huitième - Tristan et Yseut - Lamorat]
Honneur perdu jamais ne se retrouve.
[Livre cinquième - Lucius, empereur de Roma]
Sire, répondit le philosophe, le dragon que vous avez vu représente votre propre personne, ici même sur ce navire. Les couleurs de ses ailes sont les royaumes qui vous avez conquis. La queue, qui est de petits morceaux, est symbole des nobles chevaliers de la Table Ronde. Quant au sanglier que le dragon a tué sortant des nuées, il figure quelque tyran qui tourmente le peuple, ou bien encore vous devrez sans doute combattre vous-même quelque géant, créature hideuse et abominable, dont vous n'avez de votre vie jamais vu le pareil. En conséquence de ce rêve, ne concevez nulle crainte, mais montrez-vous conquérant.
[Livre cinquième - Lucius, empereur de Roma]