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Critique de Arakasi


Trois jours se sont écoulés depuis la mort de Hector “le meilleur des troyens” aux mains du divin Achille. Chaque matin, à l'embarras de ses alliés et à la grande douleur des parents de sa victime, le fils de Pélée a traîné le corps d'Hector autour des murailles de Troie. Au soir du troisième jour, une idée germe dans l'esprit bouleversé du roi Priam : puisque Achille semble inaccessible à toute approche traditionnelle, pourquoi ne pas tenter quelques chose de nouveau ? Quelque chose d'insensé, quelque chose d'unique qui touchera peut-être son coeur de pierre et apaisera sa colère impitoyable ? Sans se soucier des avis consternés des siens, Priam imagine alors une ambassade sans précédent. Il se rendra auprès du fils de Pélée dépouillé de tous les attributs de son pouvoir, habillé comme le plus misérable des mendiants, pour proposer contre le corps d'Hector la moitié du trésor de Troie. Il suppliera, non comme un roi face à un monarque ennemi, mais comme un père éploré devant le meurtrier de son fils. “Folie !” pense Hécube, sa reine. “Folie !” pensent-ils tous. Mais Priam entreprend tout de même son expédition. Accompagné du brave Somax, un honnête muletier chargé de l'aider, le vieux roi se glisse de nuit entre les armées grecque et troyenne, convoyant avec lui plus d'or que n'en ont jamais rêvé les monarques achéens…

Ce qui surprend le plus à la lecture de ce très court roman de David Malouf, c'est le profond sentiment de paix qui s'en dégage. Ce que nous offre l'auteur, c'est un bref moment d'accalmie dans la furie meurtrière qui caractérise la guerre de Troie. Oh, le conflit est toujours là et la mort imminente plane sur tous les protagonistes, mais, par une grâce plus humaine que divine, les voici un instant écartés, mis à l'arrière-plan pour laisser place à des sentiments plus doux : compréhension, compassion, chagrin… le périple de Priam peut se diviser en trois parties, à l'issu desquelles le vieux roi trouvera non seulement l'apaisement mais l'apportera également à son sanguinaire ennemi. Dans la première, exaltante et troublée, le monarque trouve l'illumination et tente de la faire partager - en vain - à ses proches. Dans la seconde, il redécouvre sa paternité en discutant avec le muletier Sonax, lui-même père et grand-père, sur le chemin qui mène au campement d'Achille. Enfin, survient la rencontre avec le prince achéen, étonnamment courte si on la compare au reste du récit, mais néanmoins poignante et touchante. Malgré les piques de cruauté qui affleurent ça et là, on ressort de cette lecture curieusement réconforté. Une très belle variation autour du thème de la guerre de Troie et - il est bon de le noter - la seule où Achille m'a presque été sympathique. Ce qui n'est pas peu dire.
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