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Critique de nadejda


David Malouf offre avec « Une rançon » un roman de toute beauté par la poésie et la profonde humanité dont il est empreint. Pourtant j'appréhendais un peu cette réécriture d'un épisode de la guerre de Troie.

Comme David Malouf c'est par des lectures que nous faisait notre institutrice en fin de journée que j'ai été transportée par les légendaires héros de l'Iliade et l'Odyssée. Je me souviens de ces livres de la collection « Contes et légendes » qui nous ouvraient des mondes plein d'enchantement et je craignais que ce roman ne me déçoive, ternisse ces souvenirs d'envol hors du temps, hors de la classe où parfois je m'ennuyais.

Et bien, non je sors très émue de cette lecture qui non seulement n'a pas aboli mes souvenirs mais les a enrichis, approfondis en m'apportant un éclairage nouveau.
Je n'oublierai plus la grâce qui baigne la rencontre entre Priam, roi de Troie qui vient humblement demandé au héros Achille de lui rendre la dépouille de son fils Hector que ce dernier a tué au combat. Achille qui vengeait ainsi la mort de son ami le plus cher, Patrocle, s'est acharné, dans la rage de vengeance qui l'animait, sur ce corps désormais sans vie. Il n'en a retiré aucune satisfaction ni aucun soulagement.
Priam se présente devant Achille, après avoir abandonné tout les attributs du pouvoir royal, il veut rejoindre la condition humaine, redevenir simplement un vieil homme, un père plutôt qu'un roi ou un héros. Et c'est ce père, ce vieillard fragile dans lequel Achille croit voit son père Pélée qui va le toucher.

Quand sa femme Hécube tente de le dissuader de partir pour cette rencontre folle Priam lui répond par ces mots que certains devraient bien méditer par les temps qui courent :
« je crois que ce qu'il faut pour trancher ce noeud dans lequel nous sommes tous pris, c'est quelque chose qui n'a jamais encore été fait ni pensé. Quelque chose de nouveau. (…) oui, c'est une folie. Mais ce qui semble fou n'est que le plus sensé quelquefois. Que cela n'ait jamais été fait avant, que ce soit nouveau, impensable — sauf que moi, j'y ai pensé — est précisément ce qui me fait croire que cela doit être tenté. C'est possible parce que ce n'est pas possible. Et parce que c'est simple. Pourquoi pensons-nous toujours que les choses simples sont indignes de nous ? Parce que nous sommes des rois ? Ce que je fais est ce que n'importe quel homme ferait.» p 58 59

Surtout ne pensez pas que pour lire ce livre il soit nécessaire d'avoir lu l'Iliade. Je n‘en gardais que quelques souvenirs lointains et cela ne m'a pas gênée. Ce livre touche parce qu'il nous remet devant notre condition humaine, il nous refait prendre conscience comme le roi Priam que nous sommes mortels et que pour cette raison la vie est précieuse, ne doit pas être figée par le pouvoir :
« … si l'on s'arrêtait pour écouter, tout bavardait. C'était un monde bavard. Les feuilles qui roulaient dans la brise. L'eau qui bondissait sur les galets et qui revenait sur elle-même pour bondir encore. Les cigales qui composaient une si longue et si assourdissante stridence, puis soudain s'arrêtaient, pour vous laisser à nouveau conscient du silence. Sauf que ce n'était aucunement du silence, mais un froissement, un bruissement, un bourdonnement continu, comme si la présence de chaque chose était tout autant le son qu'elle produisait que la forme qu'elle prenait.. » p 122

Et au final, cette lecture donne quand même envie de se replonger dans l'Iliade et l'Odyssée
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