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Critique de Bruno_Cm


Je n'ai jamais vu Guernica (le tableau, pas la ville) "en vrai", mais ce qui m'a frappé en premier c'est la largeur, l'étirement de la toile, qui met en tension tous les éléments à l'intérieur. Et dans ce "roman", c'est un ressenti similaire. Il y a plein d'éléments étranges, bizarres, violents, foutraques, disparates, drôles, durs, intelligents, moralisants, démoralisants et tout ça est étiré, étiré en largeur. Pas de longueurs, non de la largeur qui me donne l'impression que tout cela est en bandelettes, des collages bandelettes où rien en soi n'est si profond que ça, ni approfondi, mais ce collage prend de la densité au fil des pages...
Certes, les personnages ne sont pas pour ainsi dire attachants, sont-ils faits pour ?, je ne crois pas. Ils sont parfois des caricatures, mais il faut bien comprendre aussi que dans une guerre, il est probable que s'étirent les personnalités, les sentiments aussi... Je ne sais pas.

Ce qui est épatant, mais vraiment épatant, c'est que ce "roman" a été écrit quasiment en simultané avec le vécu de Malraux. 1937 ! Alors pourquoi ne pas en avoir fait juste un témoignage, comment ou pourquoi romancer une réalité vécue... Besoin de prendre une distance ? Alors qu'il est évident que son histoire, "L'Espoir", au final est un cri désespéré. Parce que la réalité qui suivra sera une cuisante débâcle. Les fascistes ont gagné. Espoir vain.

Malraux n'a-t-il jamais voulu écrire une suite ou un post-espoir un peu plus tard dans sa vie ?... Vraiment étrange, tout ça.

Sinon ce livre n'est pas un livre facile, mais il est impossible que certaines des bandelettes (du cadavre, de la momie de l'espoir) ne vous touche pas un peu.
Il y en a de délicieusement cocasses, dans cette constitution de résistants malhabiles, ridicules, mal fagotés, mal organisés... (C'est assez pathétique, notez.)
Il y a des moments organiques, de chair douloureuses, mais pas tant que ça. (Aucun moment de sexe, pas du tout de soupape par le sexe, ou de violences sexuelles dans cette guerre dans ce livre de Malraux...), des moments intellectuels aussi...

Une chose encore, ce livre, pourtant écrit de façon contemporaine s'il en est, est rédigé au passé (excepté dans les nombreux dialogues), il aurait gagné en force s'il avait été au présent. Plus direct, plus captivant. (Le côté captivant n'est pas une des qualités de ce texte. Hélas.)

Sur de nombreux points, ce livre est un chef-d'oeuvre, et tout à fait édifiant. Je ne lui mets pas cinq étoiles parce que je n'ai pas réussi à être happé et bouleversé alors qu'il y aurait de quoi dans son contenu. Sa forme a dilué mes émotions, mon plaisir de lecture.
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