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Critique de seshat123


[Masse critique de janvier]
« Les harmoniques » ou le roman noir à la française, une très belle ballade (avec deux l) dans le plus pur style des classiques de ce genre littéraire.

Mister est pianiste, amoureux de ballades Jazz et de la belle Vera. Un amoureux malheureux car la belle vient d'être assassinée, brûlée vive.
Bob, son meilleur ami, est chauffeur de taxi ; enfin presque ... on ne lui connait qu'un client : le musicien, le seul qu'il emmène en balade. Pour ce roman, sur les traces des assassins de Vera.
Si Bob philosophe et intellectualise tout, Mister, lui, suit son instinct. Or la version officielle de la police, une histoire de drogue comme mobile du meurtre, ne tient pas la route une seule seconde selon lui. Son pif lui dit qu'il faut chercher les coupables ailleurs. Voilà pour l'intrigue.
Mais n'oublions pas le dernier protagoniste du roman: le taxi, une 404 jaune, une dame sans âge mais infatigable, que Bob conduit juché sur des coussins, le siège étant trop défoncé. Indissociable de son conducteur, elle abrite la bande son du livre : tous les standards du jazz jonchent l'habitacle, un monceau de cassettes audio.
Voilà pour l'histoire.

La 4° de couverture nous promet une ballade nostalgique, mais c'est beaucoup plus que cela. Elle sait être rythmée, nerveuse parfois ; puis redevient au détour d'une page une belle alanguie, suivant les mélodies de la playlist.
Le tempo est parfaitement maitrisé par l'auteur. La partition est comme suspendue dans le temps lors des fantomatiques apparitions de Vera ; quelques chapitres disséminés par-ci par-là et chapeautés des titres des chansons de la playlist ; quelques pages en italique qui laissent parler la belle, seule voix féminine du roman, si on excepte Billie Holiday bien sûr.
Voilà pour la musique.

Et les paroles ? J'ai beaucoup apprécié la langue ; elle est belle, riche, précise et vaste à la fois, tous les registres sont présents du plus doux et musical au plus tranchant et sombre. S'agissant d'un roman noir avant tout, le ton peut être parfois cynique et dur.
Mais au-delà de la langue elle-même, ce que j'ai trouvé le plus remarquable est l'atmosphère, l'univers se dégageant du roman. Marcus Malte plante son décor, son ambiance d'une main de maître. Son écriture est très visuelle. L'immersion est immédiate. Par exemple, les premiers chapitres, je m'habituais à la grisaille puis boum! la blancheur de la maison « meringue » qui surgit! Effet garanti.
Les dialogues sont truculents -et oui, l'humour est de la partie - il y a  « du Audiard » dans certaines répliques et pour certains chapitres le comique de situation est jouissif. Je citerais : le chapitre de la 404 plantée (planquée ?) dans un champ de betteraves (ou de patates, seule la présence de la gadoue est confirmée par l'auteur), telle une sentinelle high tech pour espions haut de gamme
ou le film que se joue le barman du club où Mister officie, quand ce dernier vient vers lui en courant pour lui demander de l'aide (comme une pub : 2 amoureux les cheveux au vent qui courent sur une plage l'un vers l'autre.. et le gros plan final sur une paire de menottes roses) : hilarant!
Difficile d'expliquer plus précisément en quoi ces deux chapitres sont à mourir de rire sans faire de spoiler. Ne m'en veuillez pas!
Voilà pour la plume.

Et si je devais reprocher quelque chose ? La fin. Trop longue, l'explication politico-financière du pourquoi-comment n'en finit pas et un peu trop de détails horribles sur la guerre en ex-Yougoslavie à mon goût.
Voilà pour le bémol.

Pour conclure, vous l'avez compris, j'ai beaucoup aimé la balade en 404 et les ballades jouées. L'écriture est belle, les personnages surprenants et attachants, le décor est brossé avec talent. Merci Babelio et Gallimard pour cette belle découverte, je recommande ce très bon roman noir à la bande son magique. Que les amateurs soient avisés, à découvrir !!
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