Elo part tous les ans, ou presque, en vacances à Citeplage avec ses parents.
Seulement cette année, tout est différent à cause du Reflux, catastrophe naturelle qui cause un recul inéluctable de la mer, animée d'un courant meurtrier. Toute l'eau de la mer est progressivement aspirée, comme lorsqu'on enlève la bonde d'une baignoire.
Dans ces conditions, la nage est interdite, et les vacanciers délaissent la mer au profit de la montagne. La vie des animaux marins est menacée, tandis que les sociétés humaines craignent les pénuries, les guerres.
Cette année là, Elo se sent bien seule à Citeplage. Sa mère, ancienne championne de natation en mer, s'isole et dort toute la journée. Son père fait comme si tout allait bien. La zone touristique étant délaissée, elle n'a pas de groupe d'amis. Elle rencontre néanmoins Hugo, qui voit la mer pour la première fois - seulement, Elo sait bien que ce n'est plus la mer.
L'autrice parvient à aborder des thèmes difficiles au détour d'une écriture très fluide, et pleine d'images. La narration selon le point de vue d'Elo - jeune fille de treize ans - est très bien menée. On se laisse emporter par cette ambiance de fin du monde. En parallèle de cette crise mondiale, l'autrice parvient avec justesse à faire ressentir la détresse intérieure de notre jeune protagoniste.
Tant l'ambiance que le point de vue renforcent l'aspect touchant du récit.
Aux yeux d'Elo, sa mère est une héroïne, ses poumons gigantesques, sa force de caractère infinie. Elo ne supporte pas de la voir baisser les bras, refusant de nager.
Son père redouble d'efforts, mais Elo se sent étouffée par son comportement et ne supporte pas qu'il fasse comme si tout allait bien, comme si il n'y avait pas de Reflux.
Interprétant le comportement d'un père qui cherche à la protéger de la dépression de sa mère ; Elo se sent rejetée par ses parents.
Elle noue une relation avec Hugo, seul enfant de son âge à Citeplage. La confrontation de leurs deux univers, construits par leurs expériences passés et leurs rêves pour le futur, engendrent incompréhensions et anicroches. En dépit de ces obstacles, l'entraide et l'amour l'emportent.
Ce roman met en exergue les dégâts causés par les non-dits, ou les interprétations fausses des pensées ou de la volonté d'autrui.
En témoignent Elo qui pense que ses parents la rejettent. Ou encore l'épisode tragique de la tortue.
Il aborde le thème de la dépression, dont souffre la mère, et de l'incapacité d'une personne à aider autrui si elle même ne va pas bien.
Son dénouement est positif. La Bonde posée, la mer apaisée, maman vient nager. Hugo me laisse ses coordonnées. Papa est la - comme toujours - à nous rendre les serviettes afin de nous sécher. La mer ne sera plus jamais comme avant, mais l'équilibre est retrouvé, tous les abcès ont été crevés. L'année prochaine, nous retournerons nager à la mer.
En ce sens, il constitue bien une ode à la vie, et à l'amour. La métaphore du Reflux peut se poursuivre : Même quand la situation semble désespérée, il y a toujours une solution. Il faut certes accepter que les choses ne soient plus jamais comme avant (dégâts sur les animaux, recul de la mer et perte des vagues), mais il faut aller de l'avant (ne nage-t-on pas mieux et plus vite dans cette nouvelle mer?).
En conclusion, un roman doux qui fait du bien, avec sa dose de poésie et d'émotions.
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