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Critique de de


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30 janvier 2012
Deux remarques préalable au livre paru chez ce nouvel éditeur québécois (http://www.editionsm.info/ ).

En France, sur la dernière page d'un livre figure une indication « imprimé par » suivi du nom de l'imprimerie, ici il est mentionné « par les travailleuses et les travailleurs de l'imprimerie », soit la reconnaissance du travail humain et non son invisibilisation.

La couverture reproduit un tableau de Jules Adler : La grève au Creusot de 1899. Il s'agit d'un choix judicieux car le marxisme est inséparable des luttes des salarié-e-s. « Il s'est déployé dans le cadre du mouvement ouvrier et de la lutte des classes » comme l'indique Richard Poulin dans son introduction qui insiste sur « Les visions du monde des classes sociales ainsi que celles liées aux rapports sociaux de sexe, aux relations ethnico-nationales et racialisées conditionnent non seulement la dernière étape de la recherche scientifique, l'interprétation des faits, la formulation des théories, mais le choix même de l'objet d'étude, la définition de ce qui est essentiel et de ce qui est accessoires, les questions que l'on pose à la réalité ; en un mot, la problématique de la recherche. »

Lorsque j'ai lu ce texte en 1986, j'avais trouvé qu'il contournait une partie des questionnements nécessaires à la revitalisation de la pensée critique.

Je remercie Richard de m'avoir inciter à une nouvelle lecture, à reprendre cette application de l'interprétation matérialiste de l'histoire au marxisme lui-même.

Le livre d'Ernest Mandel est un résumé plus qu'honorable de la place du marxisme dans la pensée, c'est aussi une synthèse ouverte, contre les lectures universitaires ou contre les déformations dogmatiques des partis communistes et des institutions bureaucratiques des pays du socialisme, hier, réellement existants.

Pour autant le débat sur le caractère scientifique du marxisme reste ouvert. J'aurais plus particulièrement souligné les apports en termes de critique de l'économie politique, dont les débats autour du fétichisme de la marchandise et du travail abstrait.

Plan de l'ouvrage :

Le contexte historique général

Les caractéristiques fondamentales du marxisme

La transformation des sciences sociales par le marxisme

Le dépassement du socialisme utopique

La transformation prolétarienne de l'action et de l'organisation révolutionnaires

La fusion du mouvement ouvrier réel et du socialisme scientifique

L'itinéraire personnel de Marx et d'Engels

Réception et diffusion du marxisme dans le monde

Sur la base de cet écrit, il est possible, nécessaire, d'interroger certains concepts, certaines lacunes, certaines incomplétudes, certaines erreurs. Et d'enrichir évidement avec, entre autres, les théorisations des courants féministes radicaux ou les travaux sur l'écologie et les expériences d'auto-organisation, de mobilisation diversifiées des couches populaires d'ici et d'ailleurs.

Je ne signale donc que quelques points particulièrement problématiques :

La détermination en dernière instance de l'ensemble des rapports sociaux par les rapports de production, qui sous estime les « épaisseurs » concrètes des rapports sociaux. Par ailleurs l'en dernière instance a permis de justifier toutes sortes de théorisations.

La notion de communisme primitif, qui outre une mythification de ce que pouvaient être les relations entre les êtres humains, projette une ombre saugrenue sur le futur émancipateur.

Les concepts de superstructure et d'infrastucture ne me semblent pas pertinents pour analyser les conditions matérielles des rapports sociaux.

Une certaine naturalisation de l'histoire et ces rejetons nécessités historiques ou progrès historique.Comme l'aimait à le rappeler Daniel Bensaïd « L'histoire ne fait rien ».

sans oublier le concept de dictature du prolétariat et de manière générale, une simplification des conditions et des possibilités de l'organisation très très future de l'auto-émancipation organisée des individu-e-s.

Prendre au sérieux les apports de Marx nécessite en permanence d'interroger et de réinterroger les nouvelles réalités et les nouvelles expériences. C'est ce que faisait Ernest Mandel, avec plus ou moins d'audace.
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