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Critique de PhilippeCastellain


Quel écrivain étrange fut Klaus Mann ! Son père, l'immense Thomas Mann, dit de lui après qu'il se soit suicidé : « il travaillait trop vite et trop facilement ». Et c'est vrai que son écriture a quelque chose de précipité, comme s'il s'était un peu trop laissé emporter par le flot. Elle a aussi quelque chose d'étrange – mais je ne sais pas dans quelle mesure la traduction l'a accentuée. Une sorte de maladresse volontaire, des paragraphes doux se terminant de façon abrupte, des passages courts et hachés, de longs dialogues. On pourrait presque croire à un écrivain débutant, si on ne sentait une telle force là-dedans.

L'histoire, où l'on devine des éléments autobiographiques, se place peu de temps après l'arrivée au pouvoir des nazis. Johanna a fui l'Allemagne auprès de son amie Karin, qui est finlandaise. Elles passent quelques jours à Stockholm où les rejoint le frère cadet de Karin, Jens. Issus d'une famille de grands propriétaires terriens finlandais, leur famille possède un immense domaine à la campagne. Johanna les y accompagne et y rencontre leur mère ainsi que leur frère ainé, Ragnar.

Jens, très germanophile, est un fervent admirateur du nazisme ; Ragnar le hait de tout son cœur. Des non-dit pèsent sur la famille et contribuent à empoisonner l'ambiance. de son côté, Johanna reçoit des nouvelles de son frère et de son fiancé, qui ont fui en France et essayent de monter un mouvement de résistance avec leur cellule communiste. Ils lui demandent de les rejoindre, mais elle ne peut s'y résoudre. Une attirance mutuelle ne tarde pas à la lier à Ragnar. Laissant là les soucis, les disputes et les inquiétudes, tous deux montent un jour dans leur voiture pour un voyage sans but vers le nord… Une fuite.

L'histoire elle-même présente ces maladresses volontaires et ces cassures dans sa fluidité qu'on trouve dans le style. S'y croisent le thème de la rencontre entre membres de la jeunesse riche et insouciante et jeunesse politisée, la pesanteur des affaires de famille, l'immensité de l'inquiétude de Klaus Mann face à l'avenir. Mais c'est avant tout un livre où s'exprime toute la souffrance de l'exile…
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