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Critique de vertbleu


Didier Hessling, quoique son nom évoque en allemand les épithètes de petit et laid, est un homme de conviction et d'une droiture morale implacable. Marqué par sa rencontre avec l'empereur Guillaume II au cours d'une immonde manifestion prolétarienne que le souverain dissolvera par sa simple présence et sa divine aura, il vouera sa vie entière à la cause nationale et à un soutien sans faille de la volonté impériale.

En aucun cas, il ne cédera à la facilité des modes éphémères comme celles propagées par les libres-penseurs dont les idéaux se résument bien souvent à la défense des intérêts particuliers d'un patriarcat obsolète ou à celles prônées par la fange obscène des sociaux-démocates qui ne rêvent que de la mort de la nation dans une orgie sanguinaire. "Être allemand signifie être factuel" et les faits parlent pour l'Empereur: seul son parti a un avenir compatible avec la modernité de notre temps. Maîtrisant à merveille l'ambiguïté du crime de lèse-majesté, il abattera ses opposants politiques et commerciaux en dévoilant au grand jour et devant la justice leur faiblesse morale et parjure.

Mais Hessling n'est pas seulement franc et droit au niveau politique. Non, dans sa vie privée il n'hésitera jamais devant l'application de ses principes. Ainsi dira-t-il à son épouse Guste qu'à la naissance de son ainé, le médecin accoucheur serait venu à lui. Il lui aurait déclaré que Guste perdait beaucoup de sang et qu'il faudrait peut-être choisir entre la mère et l'enfant. C'est avec beaucoup d'abnégation et de sens du devoir que Hessling répondit à l'opérateur que la naissance d'un héritier avait priorité face à la vie d'une mère de famille. Ne devons-nous pas à notre bien-aimé empereur une armée de jeunes hommes bien-portants? Devrions-nous pour cela sacrifier un membre du sexe faible? le lecteur se demandera peut-être s'il n'y a pas quelque contradiction puisque Hessling lui-même a dû écourter son sevice miltitaire pour une blessure que le médecin qualifia de fort légère. Passons. Chacun a ses péchers de jeunesse, même le Docteur et Président-Général Hessling, médaillé de l'Ordre de Guillaume et de la Couronne (4e classe).

Le Sujet de l'empereur est un livre glacant, une dénonciation implacable d'une certaine mentalité allemande à l'aube de la première guerre mondiale. Heinrich Mann signe un pamphlet prophétique, un grand classique de la littérature! Un bijou de cynisme.
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