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Critique de PatrickCasimir


Il y a beaucoup de personnages dans ce roman fleuve qui a demandé à son auteur une rédaction étalée sur une bonne décennie. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai pris bien deux ou trois ans pour en arriver à bout ! ou au bout ; comme on voudra.

Comme tous les romans de Thomas Mann, la Montagne magique, c'est du lourd, c'est du pesant ! C'est un grand roman, évidemment ! comme le Docteur Faustus, le premier que j'ai lu de cet auteur.
Mais, il faut s'accrocher. Roman fleuve qu'on ne peut pas résumer en deux ou trois traits rapides.
Hans Castorp, jeune ingénieur de la classe bourgeoise allemande, rend visite à son cousin Joachim Ziemsen militaire de la même classe, malade et effectuant une cure au sanatorium de Berkof.
Lui qui était venu pour quelques jours, va se laisser prendre par la magie des lieux et y rester sept ans ! Seule la guerre le fera redescendre dans le "pays plat" pour y prendre les armes et défendre les intérêts de sa patrie.
C'est d'ailleurs là, dans le bourbier d'une attaque de tranchée, avec 3000 de ses compagnons, que l'auteur l'abandonne, sans que l'on sache ce qu'il adviendra de Hans Castorp, bien que ne donnant pas cher de sa peau. C'est le sens de la citation sur laquelle le roman s'achève ou presque.
Entre temps, son cousin Joachim, à l'âme élégante, aura quitté la montagne pour retrouver l'armée, puis il y retournera à cause de l'obstination de la maladie qu'il croyait avoir vaincue et, enfin, il y mourra presque dans les bras de son cousin.
Hans qui croyait à un court séjour au sanatorium, s'est finalement laissé engourdir par le Berkof pour de multiples raisons, en particulier à cause de Clawdia Chauchat, la belle pensionnaire Kirghize qui le subjuguera un soir de fête, mais qui lui jouera un tour douloureux en revenant au Berkof, après une longue absence, accompagnée d'un vieil amant (Peeperkorn), lequel d'ailleurs finira par se suicider non sans s'être lié d'amitié, en toute connaissance de cause, avec Hans Castorp, son prédécesseur.
Le jeune Hans Castorp va aussi se laisser "éduquer" par les bavardages et controverses philosophiques sans fin de Settembrini et de Naphta, l'un humaniste italien se rattachant aux Lumières et à la Raison source de progrès de l'humanité, l'autre, Jésuite d'origine juive, adversaire résolu du premier, réfutant toute idée de progrès et faisant l'apologie d'un certain irrationnel ténébreux, confus. Il finira par se suicider lui aussi, dans un duel mémorable au pistolet avec un Settembrini qui l'aura étonné par sa classe humaniste, en tirant en l'air et en tendant son corps des 3/4 pour le coup de feu de Naphta. Moment bien étrange et totalement inattendu vers la fin du roman.
On pourrait avoir le sentiment que l'insignifiant Hans Castorp, car c'est un "héros" sans relief, se serait plutôt converti à l'enseignement du pédagogue Settembrini, son mentor. Mais, est-ce certain ? Car il a connu à la fois une période hugolienne consistant à participer aux séances de la table tournante sous l'influence de Krokovski, directeur de l'établissement et adepte de la psychanalyse, avec la petite médium Eli, et une grande dépression qui en a fait un pensionnaire amorphe et mélancolique jusqu'à son brusque réveil lorsque la guerre a éclaté et qu'il a décidé de quitter le sanatorium.
Vous trouverez de grands critiques pour expliquer la nature du roman, les personnages réels qui ont inspiré, jusqu'à la caricature parfois, ceux qui figurent dans le roman, sa dimension autobiographique, puisque l'auteur a séjourné au sanatorium de Davos aux côtés de sa femme souffrante, etc.
Comme toujours, la grande littérature, pour ardue qu'elle soit, vous enseigne dans tous les domaines, histoire, théologie, science, musique, etc. Et je dois m'incliner devant cette érudition dont fait preuve l'auteur dans ces différents domaines.
Quand au style, le roman s'est voulu, bien qu'il soit pesant, léger dans le ton, parodique même, plein d'un certain humour jusque dans le drame. Je l'ai trouvé, pourtant, trop long ! Beaucoup de détails, voire parfois, plein d'un évident et inutile verbiage. Peut-être était-ce nécessaire quand il s'agissait de décrire par le menu et avec progressivité, l'état d'âme des personnages et notamment celui de Hans Castorp dont l'intérêt pour Mme Chauchat est décrit par un merveilleux crescendo. Mais enfin, à titre d'exemple, l'intérêt de Hans Castorp pour le corps humain (et par analogie, pour celui de Clawdia Chauchat), a donné lieu à des chapitres bien trop longs. Il en va de même lors des controverses interminables entre Naphta et Settembrini, lesquelles, loin de former l'esprit du jeune Hans, ne faisaient que l'embrouiller et le lecteur avec.
Cependant, j'ai aimé les développements érudits sur la musique, lorsque Hans Castorp s'est pris d'une passion exclusive pour le phonographe.

Bref ! si l'on peut dire, j'ai aimé, malgré tout, ce très lourd Roman !!!

Pat
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