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Critique de Lilo0606160616


J'étais très sceptique aux premières pages de ce polar. Je trouvais le style brut, les dialogues sans grande profondeur, des personnages présents mais sans grande importance, la relation entre le héros et les femmes nomades grossière... et puis les chapitres se sont enchaînés, et j'ai saisi le sens de ces dialogues, des dialogues nomades qui marquent la différence avec notre langage occidentale.

"La Mort Nomade" c'est l'histoire d'un ancien flic, Yerruldeger, venu en Mongolie pour se couper de son ancien mode de vie, de son ancien boulot de flic. Cependant, comme l'indique le proverbe "Chassez le naturel, il revient au galop" et notre héros va malgré lui en faire les frais. Ses instincts de flics reprennent le dessus, et il se retrouve mêlé à une enquête sur une série d'enlèvements et de meurtres. de nombreux personnages apparaissent nous faisant voyager en Australie, aux États-Unis ou encore en France. Corruption, trahison, rancoeur, vengeance et passion. Tels sont les maîtres mots de ce polar. Les industries minières font pression sur le peuple, mêlant mafia et chantage, manipulant les politiciens. Cette domination forcée déclenche la colère du peuple, qui se révolte et va venir bouleverser les codes établis par ceux qui pensent pouvoir gouverner les traditions.

Le peuple nomade de Mongolie y est décrit d'une façon très pure, profonde, détaillée. J'ai appris de nombreuses choses sur leur tradition, leur façon de vivre, leurs rituels et autres croyances. La Mongolie est une terre naturellement riche, peuplés de nomades profondément (voire dangereusement) respectueux de la tradition et de l'honneur, que le capitalisme et l'ensemble de ses acteurs viennent détruire. Ian Manook décrit se pillage avec brio, avec une forme de simplicité bienvenue. Il ne laisse pas le lecteur ignorant, au contraire chaque terme un peu spécifique y est parfaitement décrit, ce qui m'a agréablement surprise au fil des pages (découvrir ce que sont les mères des steppes, la place des invités dans une yourte, le rituel d'invitation, la place du cheval ou encore l'explication du chant des dunes du Gobi). On voit nettement bien par ailleurs le contraste entre les pays occidentaux et l'orient, tant dans les dialogues que dans la façon de vivre (alimentation, habitations etc). Les dialogues entre Mongols sont intrigants, faisant usage du tutoiement même envers les étrangers, d'une forme de désinvolture dans leur vocabulaire, peut-être une forme de franchise et de liberté. Je me suis posée la question de savoir si l'auteur amplifié la réalité ou si les discussions étaient réellement ainsi, mais le clivage qu'il tente de retranscrire m'a convaincue.

Enfin, quel plaisir de découvrir cette légèreté respectueuse dans l'amour et dans la mort nomade, ce clin d'oeil environnementale, ces informations sur la gouvernance des grands au détriment des "petits". Un polar qui va au-delà de l'enquête criminelle, au-delà du scandale politique, un polar qui nous dit "hé regardez ce qu'il se passe là-bas, ne croyez pas toutes les images que vous voyez, toutes les vidéos que vous visionnez. Des manipulateurs peuvent s'y cacher".

Je recommande pour ce beau (et triste) tableau de la Mongolie, pour l'intrigue qui nous emmène dans les méandres de la corruption et du capitalisme et pour la culture générale qu'il nous apporte.
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