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Critique de Patlancien


Un grand merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour ce roman que j'ai découvert grâce à la masse critique du mois de mars.

Nous sommes en 2054 et la vieille Europe est rongée par les guerres civiles. La France n'échappe pas non plus à la règle. Les flux migratoires se sont inversés et le Maroc est devenu un eldorado pour les populations occidentales. Marseille est le nouveau Calais des migrants. C'est dans cette ville que des anglais, des français ou des allemands tentent la traversée vers le nouveau pays de cocagne d'Afrique du Nord.

Les trois coeurs qui battent la nuit sont ceux de Sohan, Stella et Layla. Nous les retrouvons à Marseille la nuit car le jour la température dépasse allègrement les 50 degrés. Transformée en nouvelle capitale de la France, la ville est partagée entre les milices d'extrêmes droites, Les militaires du pouvoir en place et l'émergence d'une armée de révolutionnaires de l'ombre en quête de liberté.

« Les trottoirs ne sont que des files d'attentes, longues comme cette guerre. Devant des fonctionnaires impassibles, on implore, on fond en larmes, on ment. On dépose aux guichets d'imposants dossiers pour solliciter un départ. Depuis le black-out d'Internet au printemps 2051, la paperasse est redevenue reine. Les plus chanceux reçoivent un tampon vert sur leur passeport, sésame pour plier définitivement bagage ».

Sohan a suivi son frère en entrant dans la rébellion. Leyla, monteuse de film au chômage, est serveuse dans un bar branché. Stella est une évadée transgenre d'un camp d'internement de la France Brillante. Cette coalition fasciste empoisonne la vie quotidienne des LGBT qui vivent dans leur zone de contrôle. Ces trois personnages vont se croiser, s'aimer, se battre pour atteindre la ville de Tanger « La cité qui est devenue la capitale rayonnante du monde nouveau, aux portes de l'Europe agonisante... une de ces villes côtières marocaines où il fait bon vivre ».

Ce petit roman de 170 pages est construit de façon à suivre nos trois héros dans une même chronologie de faits et d'actes. L'auteur qui vient du cinéma nous embarque facilement dans son aventure. La caméra au poing, il nous entraine dans des scènes qui sont dignes d'un vrai blockbuster. La plume d'Aurélien Manya est légère et fluide. Elle nous permet de rester captivés du début à la fin de l'histoire.

« Je bloque ma respiration, sors la lime de ma doublure et la plante d'un geste maladroit dans le coup de celui qui n'a pas assez vécu. Je mis prends à deux fois. J'enfonce la lime tout en lui demandant pardon, c'est une guerre et on n'est pas du même camp. Il s'écroule, je l'accompagne comme dans une danse. Je sens son dernier souffle contre la paume de ma main. Je reste pétrifiée, murmure des choses incompréhensibles. Je me fais violence, bouge-toi, Stella, je lui arrache son pass. »

Trois coeurs battant la nuit est un roman dystopique qui pose beaucoup de question sur la perte des libertés qui menace nos démocraties. Malheureusement, son format nous empêche d'approfondir notre réflexion et on reste un peu sur le bord du chemin en étant frustré et déçu de ne pas en savoir plus sur nos trois héros. de même la description de cette société à bout de souffle aurait mérité un développement plus important. Les capteurs de reconnaissance faciale, les frontières entre les différents quartiers, les lois fascistes, les drones, les laissez-passer, les tickets de rationnement, Paris qui perd son rôle de capitale…Tous ces sujets auraient pu donner naissance à un roman-fleuve. C'est toujours un peu dommage de rester sur sa faim.

« J'ouvre mon sac, sors ma caméra, et dans un coin j'aperçois Sohan, Il me fixe amoureusement, je soutiens son regard jusqu'à ce qu'il disparaisse, mes yeux glissent, embués, et, debout, à l'autre extrémité du wagon, se trouve Stella. Elle ne me voit pas, mais semble attendre, m'attendre sur un quai de moins en moins lointain.
J'essuie mes larmes, allume ma caméra. Je cadre en gros plan la petite fille qui continue à crier de joie
Ca y est, tout commence. »
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