Citations sur Meydan - La Place : Anthologie d'auteurs turcs contem.. (10)
Dieu est plus grand que la compassion et l’affection. De même qu’il est plus grand que la violence et le châtiment. En Lui il y a tout. En Lui tout ne forme qu’un. N’être qu’un signifie rassembler le tout en un regard, mais sans effacer les différences, sans les reproduire, sans les apparenter. Car toute existence a un sens, est nécessaire. (Ahmet Ümit)
Sur la pierre du sang, sept couteaux, sept plaies. Sept jets rouges. À sept reprises l’homme fût ébranlé, à sept reprises les sept personnes qui enfoncèrent le couteau furent ébranlées. (Ahmet Ümit)
Mais je crois que la notion actuelle de ‘terreur islamique’ a entièrement occulté le facteur de pauvreté au sein du mouvement social. En plus, je suis également d’avis que ce discours créé aux États-Unis à des fins politiques s’est emparé du monde universitaire européen. J’ai l’impression que l’on ignore l’attitude que le mouvement islamique produit ou tente de produire face au système néolibéral. Voire même que le concept d’Islam modéré a été créé comme moyen politique afin de neutraliser cette culture de résistance (Ece Temelkuran)
Comme si ma douleur s’était matérialisée, c’est ainsi que je le ressentais. Ma douleur grondait, moi je me taisais. J’ai attendu que ça passe, les tremblements de terre sont censés s’arrêter, mais celui-ci n’en finissait pas, il continuait. J’ai entendu les murs éclater, des gémissements, des frémissements. Le tremblement de terre écrit son chant. (Karin Karakasli)
Sa mère s’est débattue sur le chemin de la mort, son père a été coupé en deux ! Ni la famille de sa mère ne veut de lui car il ne l’a pas sauvée, ni celle de son père car il ne l’a pas sauvé.
Déjà qu’il est un pauvre villageois venant d’un village de misère. Où d’autre peut-elle bien le mener son histoire Ali ? Est-ce qu’il pourrait quitter l’orphelinat, se sauver de cette route sans issue, trouver une fin heureuse ? (Perihan Magden)
Il distribue également celles qu’il a gagnées à l’extérieur ; en particulier celles qu’il aime le plus, qu’il préfère, les plus impeccables, les billes les plus rares afin qu’après il puisse goûter au plaisir de les regagner. (Perihan Magden)
Si les chansons de début de soirée sont élitistes, sélectives, privilégiées, européennes, celles de fin de soirée sont quant à elles primitives, de l’arabesk, du genre à réveiller les réflexes bestiaux. S’asseoir en occidental, se lever en oriental… (Hakan Bıçakçı)
À une époque, j’avais décidé de tenir un journal afin d’oublier. J’achetais des cahiers lignés et je les recouvrais de papier brun, de mon écriture presque illisible j’écrivais comme si je m’envolais. Écrire ne m’aidait pas à oublier mais créait une transe qui engourdissait le temps. (Latife Tekin)
Elle voulut retourner, dans la maison, astiquer les sols, nettoyer la cuisine, récurer les toilettes, préparer à manger, apporter de l’eau à Monsieur Hâdi, de la liqueur de cerise à Madame Zeynab, aux sanglots nocturnes sur le balcon, à tout ce qu’elle faisait sans cesse depuis un mois, à tout ce qui la poussait à bout, de nouveau. (Ece Temelkuran)
On ne traduit que dans sa langue maternelle, dit-on. Moi je traduis de ma langue maternelle dans une de mes langues d’adoption, ce qui bien entendu influence mes choix de traduction. Comme lorsque je décide de ne pas expliquer certains concepts afin de ne pas rendre le texte « exotique ». Je ne guide pas toujours le lecteur dans la compréhension de la culture avec des notes en bas de page, sauf quand je n’ai plus d’autre choix. Certaines expressions sont intraduisibles, et j’échoue. Cette frustration est insurmontable, également dans la vie de tous les jours.
(Canan Marasligil)