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Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer Danser récit autobiographique sensible d'Hugo Marchand écrit avec la collaboration de Caroline de Bodinat. Il est danseur étoile à l'opéra de Paris, dans ce texte il raconte son parcours et sa passion immodérée pour la danse.
Hugo est originaire de Nantes où il pratique d'abord la gymnastique. Puis un jour il rentre dans un cours de danse. Il écrit : « j'ai tout de suite eu envie de revenir, de m'accrocher à la barre. de commencer à faire des barres, ce que l'on ne fait pas la première année, le corps n'étant pas encore prêt. Je combine les deux disciplines. Gym avec Guévin et initiation à la danse. » Quelques années au conservatoire régional, une médaille d'or puis le jeune garçon est admis à treize ans (âge tardif) à l'école de l'opéra de Paris. Danser débute par une scène emblématique où la mère de l'auteur voit dans quel état sa passion le met et l'angoisse ; elle le menace de lui interdire la danse. Mais il se contrôle et malgré son perfectionnisme ravageur poursuit, il a trouvé sa voie et sera danseur. Arrivé à l'internat il décrit la séparation familiale : « dents serrées, dans un sourire forcé, je m'encourage en leur disant : « Il ne faut pas être triste. Il ne faut pas avoir peur. Il faut me faire confiance. Faites-moi confiance. C'est mon choix d'être ici. Je sais que ça va être dur, mais c'est ce que je veux moi. Au plus profond de moi. » Dans ces mots se lit un portrait authentique d'Hugo Marchand. Il a un grand frère qu'il veut impressionner ; ses parents ainsi qu'une tante parisienne l'accompagnent dans ses années d'études, de doutes, de découverte de soi et de réussites. Les premiers temps à Nanterre ne sont pas simples il a dû mal à s'intégrer avec ses camarades de classe, son comportement est agaçant, les autres élèves se connaissent déjà. Il raconte une anecdote au cours de laquelle Germain Louvet, qui deviendra son excellent ami sans que la compétition ne se transforme en rivalité, réalise un sondage sur la popularité d'Hugo alors véritable tête à claque. Il l'évoque avec affection, insiste sur leur relation amicale ; il constate : « contrairement à Germain qui a cette légèreté de la vie que je n'ai pas, une force immense qu'il sait puiser dans le lâcher-prise, une façon de toujours optimiser les choses, je reste cramponné au travail. Je ne m'accorde aucune indulgence. » A dix-sept ans il intègre la compagnie prestigieuse comme quadrille en même temps que Germain. Les trois années suivantes sont un long ennui, entre clopes et cours de danse, il rate l'accession au grade de coryphée et est cantonné comme remplaçant de remplaçant. Mais il va réussir le concours de Varna et rapidement sa carrière va éclater. Il ne semble pas considérer sa nomination comme étoile en mars 2017 à Tokyo comme l'acmé, il est très jeune, de nombreux rôles sont encore à découvrir pour lui. D'ailleurs il précise : « je suis tellement perfectionniste que j'ai du mal à me réjouir des choses qui m'arrivent. Sur le moment je suis content mais j'oublie quasi immédiatement, déjà saisi, guidé par un nouvel objectif. » Hugo Marchand est un danseur racé, très grand et magnifique, son physique est atypique. Il décrit les relations parfois difficiles avec ses partenaires féminines, l'alchimie merveilleuse avec Dorothée Gilbert dans Manon. Il raconte ses angoisses et son stress : « au compte à rebours de la scène, il est des jours où je suis plus stressé que d'autres. Des jours où je profite, d'autres moins. J'accepte de me laisser surprendre par cette vague. » Hugo Marchand évoque une période difficile pendant laquelle il se blesse deux fois et est dans l'incapacité de danser. C'est pour lui un calvaire, cet hyperactif se sent muselé. Lorsqu'il rechausse ses chaussons de danse le ravissement l'emporte. Il explique maintenant qu'il est étoile qu'il : « a besoin du corps de ballet. C'est de lui que je reçois l'énergie, par lui aussi qu'advient ce petit miracle que l'on cherche à faire se produire pour le public. Avec le corps de ballet, pour que l'échange soit gagnant, il doit s'entretenir. » Hugo Marchand élabore une réflexion autour de son art et de sa conception de s'exprimer par le biais de son corps : « la danse ne se réduit pas à la maîtrise de son corps, d'une technique, de l'effort physique. Cette forme de dépassement de soi ne doit pas se percevoir sur scène. Ce que le public vient chercher et retient c'est l'histoire, la présence, le charisme, la lumière, les émotions que mon personnage transmet, distille. » Force est d'admettre que l'éblouissant danseur y parvient parfaitement. Ce jeune homme fait partie de la nouvelle génération qui bouscule l'institution et l'aide à progresser.
Danser est un récit pudique et magnifique sur la passion d'un jeune homme de son époque, intéressé à son environnement. Hugo Marchand se livre avec discrétion et raconte son rapport au corps, aux autres danseurs et à son art. Ce livre raconte aussi ses amitiés et est une sorte de contre point à Des gestes qui se dansent de Germain Louvet autre étoile de la même génération qui illumine également les soirées à Garnier.
Voilà, je vous ai donc parlé Danser d'Hugo Marchand paru aux éditions Artaud.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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