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Critique de SZRAMOWO


«Chercher à comprendre c'est commencer à désobéir.»
Tel est selon moi la phrase qui sous-tend le dernier roman de Tristan Marco, «Le onzième châtiment».
Je reviendrai plus tard sur le sujet du roman, dont je vous cacherai l'essentiel de peur de trop en dévoiler sur l'intrigue.
Ce qui m'a plu dans ce roman, c'est la façon dont il est construit. Façon puzzle. L'auteur surfe sur le trop peu, pas assez, trop trop, en dévoilant au lecteur le strict nécessaire pour lui permettre de comprendre les faits, le contexte dans lequel évoluent les personnages, et les caractéristiques de leur personnalité, vérités, mensonges, cadavres dans leurs placards, liens qu'ils ont entretenus entre eux dans le passé.
L'architecture de ce roman est identique à celle du précédent «L'étrange cohérence du sablier».
Indéniablement, Tristan Marco a des talents de conteur et sait capter l'attention du lecteur sans l'ennuyer, avec une écriture agréable, précise, juste et crédible dans la description des événements et la présentation des personnages, sans oublier une touche d'humour.
Trois époques et lieux alternent au cours du récit : Afrique, Congo 1958-1959 ; Paris 1980 ; Désert des Mojaves 1980.
Le roman débute par la rencontre de trois personnages dans le désert des Mojaves, Howard Dickinson patron «d'une des plus importantes structures de renseignement des Etats-Unis d'Amérique.» ; Meredith Kendal dite Merry, une scientifique spécialiste d'immunologie ; Jean-Pierre Rochambeau, une homme d'affaires assoiffé de pouvoir et d'argent, qui n'est pas sans rappeler Paul Jouvenceau de l'étrange cohérence du sablier.
Ils évoquent entre eux la situation de Cassius Belly, un mercenaire qu'ils ont employé autrefois et qu'ils pensaient mort.
Le roman s'appuie sur deux ressorts :
1-Des sujets qui font le coeur de l'actualité, dont les racines plongent au coeur des années 1950-1960 au cours desquels la transparence et l'accès à l'information sur des sujets sensibles, économiques, poiltiques, scientifiques, n'était pas la règle.
Parmi ces sujets, les relations entre l'Eglise et les Etats, la recherche d'influence, le partage du pouvoir, les excès de la colonisation de l'Afrique et ses conséquences sur l'état du monde ; la recherche scientifique qui ne s'éxonère pas de la recherche du profit à tout prix, ni de la volonté de pouvoir de ceux qui la financent. Mensonge, dissimulation concussion, peur de la vérité, lâcheté, en sont des conséquences «naturelles»...
2- Dans le contexte décrit quelle peut être la nature des relations humaines entre ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui les servent, souvent attirés par des motifs humanitaires de façade.
Ces différentes données sont «tricotées» ou «tressées» avec habileté pour faire exploser le récit au moment où le lecteur s'y attend le moins.
J'en reviens à la première phrase de cette chronique qui est une des clefs de lecture du roman, l'opposition entre ceux qui cherchent à travestir leur objectifs et ceux qui cherchent à comprendre quels sont les objectifs pour lesquels on leur demande d'agir.
Passant d'une époque à l'autre, le lecteur comprend peu à peu quelles sont les relations entre les personnages, comment et pourquoi elles ont évoluées entre 1958 et 1980.
Le grain de sable dans la mécanique et le supposé danger qu'il représente pour eux permettra-t-il de passer outre ce qui avait conduit à leur séparation et de recréer, même temporaitement, l'adhésion à des objectifs qui les unissait alors ?
L'auteur joue à merveille de l'opposition entre la rationalité des décideurs comme Rochambeau et la dimension affective des liens qui peuvent se créer entre les autres personnages. C'est cette opposition qui emmenera le récit vers un épilogue que le lecteur ne commence à percevoir qu'en toute fin de l'histoire.
Tristan Marco dresse une histoire fictive mais crédible, addictive, sans tomber dans une posture complotiste, de l'un des plus grands problèmes sanitaires qu'ait connu la planète et qui préfigure de biens d'autres.
J'avoue avoir été bluffé par ce roman et j'attends maintenant le troisième récit de Tristan Marco.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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