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Critique de 5Arabella


Andrea Marcolongo explique dans ce livre son rapport à l'Énéide, et plus précisément le changement de perception de cette oeuvre, provoquée par le confinement consécutive à la pandémie. Elle exprime son manque d'intérêt réel pour le livre de Virgile, le présentant comme une attitude répandue, voire systématique. Italienne, elle l'a étudiée à l'école, longuement, au point de n'y voire qu'une lecture obligatoire, sans y avoir trouver du plaisir. Et elle pense que c'est le cas de la plupart des gens : le livre dont on n'ose se séparer, prend la poussière sur une étagère peu accessible. Mais la situation de crise, d'enfermement, le sentiment d'arriver à la fin d'un monde, l'ont poussé à ouvrir de nouveau l'ouvrage, et de lire d'une autre manière, avec un autre angle de vue.

Andrea Marcolongo en vient à penser que l'Énéide n'est pas une oeuvre que l'on puisse apprécier lorsque tout va bien, que c'est une oeuvre vers laquelle on se tourne, que l'on comprend, en temps de crise, de guerre, de doute et de souffrance. C'est les moments de rupture qui permettent de s'y retrouver. Énée n'est pas un héros guerrier et triomphant, il ne fait guère d'étincelles à Troie. Il est un héros qui souffre, et qui exprime sa souffrance, un héros qui pleure. Il est aussi un héros quelque peu dépassé par la mission qui lui est confiée, mais il ne la fuit pas, et il va essayer de la remplir au mieux, avec courage et abnégation. Et cette mission est de reconstruire. Après les atrocités de la guerre, le génocide dont son peuple a été la victime, les errances sur la mer, les nouveaux morts, il s'agit de rebâtir, de donner un nouveau départ. C'est en cela qu' Énée correspond aux époques difficiles, il redonne espoir. C'est tout au moins le point de vue d' Andrea Marcolongo, c'est ce qu'elle semble y avoir trouvé dans le moment difficile qu'a été le confinement.

A partir de ce point de départ, elle passe en revue l' Énéide, ainsi que toutes les critiques ou prises de positions au sujet du poème. Comme par exemple l'accusation souvent portée contre Virgile, d'avoir écrit un poème sur commande, à la gloire d'Auguste. Elle défend bec et ongles son poète, et son héros. C'est une véritable déclaration d'amour à l'oeuvre et à l'auteur.

C'est brillant et inspiré, et se lit avec un véritable plaisir. Cela donne la sensation tout de même d'un parti pris, comme lorsqu'elle évoque par exemple la commande impériale de l'Énéide :

« Il est vrai qu'en 29 avant J.-C. Virgile avait accepté d'écrire l'Énéide. Il est tout aussi vrai qu'il l'avait presque aussitôt refusé en son for intérieur – tout en se gardant bien d'en faire part à l'Auguste. »

On voit mal sur quoi se base l'auteure pour connaître le sentiment intérieur de Virgile. C'est plus une intuition ou une envie qu'un fait solide. Mais beaucoup d'analyses sont passionnantes, l'auteure connaissant bien son sujet. Il ne faut juste pas prendre ce livre pour une analyse rigoureuse et solidement étayée de l'oeuvre, il s'agit plus d'une lecture personnelle, souhaitant transmettre sa vision, sa passion de l'ouvrage, et voulant donner envie au lecteur d'y retourner, en faisant une lecture sous un angle inédit.
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