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Critique de AMR_La_Pirate


J'ai découvert l'univers de Frédéric Marcou il y a quelques mois par la lecture d'un recueil de nouvelles, plutôt noir et mortifère, qu'il destinait à un lectorat jeune (Voyage au pays de l'envie) … Son écriture m'avait intriguée ; je restais en demande, persuadée que je n'avais pas tout saisi.
C'est avec plaisir et curiosité que je renouvelle l'expérience, qui sera poétique cette fois, avec Les Fragrances magiques.
Une fragrance est une sensation olfactive et gustative, plutôt agréable. Associée à la magie, cela promet des surprises, de l'irrationnel… Pourquoi pas ?

D'emblée, je comprends que l'auteur va prendre des libertés et se jouer des codes car le premier poème, intitulé " Modeste Sonnet " n'en est pas un… et les suivants qu'ils aient " sonnet " ou non dans leurs titres, même s'ils s'en rapprochent, ne vont pas satisfaire les puristes avec leurs quatorze vers libres, de longueurs variables, sans strophes marquées. Quand je remarque un poème qui ne suit plus cette trame (" L'âme de l'esclave "), je m'en étonne : est-ce volontaire ?
Frédéric Marcou la joue modeste, " en catimini ", n'hésite pas à mêler les registres, soutenu et familier, classique et moderne, à rimer plus ou moins (" Ça c'est une rime riche
/ Il ne faut pas que ça fasse chiche /
Ça va enrichir mon recueil
"), à bannir la ponctuation, gardant juste quelques virgules ou points d'exclamation pour le rythme et la route, à inverser des formules.
Les sujets abordés sont autobiographiques comme des souvenirs de collège ou familiaux, une psychothérapie, d'actualité autour de questions sur la fraternité, le port de la burqa, la condition des femmes, l'enseignement, les perspectives des jeunes, les milieux professionnels, l'estime de soi, le vedettariat… ou encore philosophiques ou religieux. le poète se met en scène, s'apostrophe ou bien interpelle les politiques ; parfois, il s'adresse directement au lecteur, le prend à partie, lui démontre qu'il n'est pas dupe face aux " atermoiements faciles
/ du public consentant ".
le poète se dévoile, se met à nu, parle de l'écriture, du métier d'écrivain, de l'inspiration. Il évoque ses références littéraires, clairement en citant notamment Shakespeare ou en filigrane avec des mots aux sonorités anciennes qui me rappelle Clément Marot ou encore des allusions à la lyre antique ; il emploie des termes récurrents comme " tercet ", " quatrain " comme pour se donner une légitimité poétique classique. Il se confie sur son désir de vivre de sa plume, sur sa pudeur, sur ses difficultés à savoir se vendre, sur son besoin de reconnaissance : " J'ai envie d'écrire
/ Pour ceux qui peut-être un jour / Verront en moi quelque talent ".

Comme tous les poètes, l'auteur revisite aussi les grands thèmes lyriques, célèbre les saisons, l'amour autour de sa " louloutte ", la maladie, la pauvreté…

Frédéric Marcou reprend la posture du poète révélateur, du meneur, du guide, du " phare " : " Les poètes de toute obédience / Lancent à tous des mots d'espérance ". Il y a aussi, dans son écriture, des touches impertinentes et insouciantes, des piques humoristiques qui font mouche : " Pour l'instant, je chamaille
/ J'ai le sentiment d'être canaille ".

Il reconnaît qu'il n'a pas choisi la facilité pour toucher son lectorat : " Ça ne marche pas mes poèmes / Ce n'est pas une raison / Pour changer de maison ". En effet, qui lit encore de la poésie aujourd'hui ? Et pourtant, il faut composer, publier, ne pas renoncer : " le poète ose la noce ".
L'auteur nous questionne avec un poème au titre interrogatif, " La Poésie inutile ? ". Ses poèmes découlent d'une écriture cathartique ; si personne ne les achète et ne les lit, ils l'ont au moins aidé à aller mieux, à se construire, à donner forme à ses rêves. C'est là que je le rejoins sur la finalité profonde de ce livre : j'ai lu ce recueil avec attention, trouvé matière pour en parler dans une critique de lectrice mais sa poésie ne m'a pas touchée, ne m'a pas émue. J'ai tenté une deuxième lecture, à haute voix, pour faire ressortir une musique, des sonorités ; parfois, cela a fonctionné pour moi, mais la plupart du temps, non…

Selon moi, la poésie doit émouvoir, provoquer, s'adresser à l'imaginaire et à la sensibilité… Les Fragrances magiques n'ont rien suscité de tel pour moi. Je reste sur ma faim car le titre m'inspirait et, malheureusement, je ne le comprends plus, une fois parvenue à la fin du recueil ; la magie n'a pas opéré… Dommage.
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